Chroniques
3 Juin 2025
L’Acadie et la monarchie britannique
Jean-Marie Nadeau
jmlacadie1@gmail.com
La récente venue au Canada du Roi Charles III et de Camilla a confirmé avec éclat que le Canada vit bel et bien dans un système monarchique, britannique pour bien le nommer. Ça s’appelle en fait une monarchie constitutionnelle. Ce fut presque un tour de magie que de passer par un messager de la Grande-Bretagne pour faire savoir au monde, et surtout au président Trump, que le Canada est un pays souverain et libre. Dès le départ des monarques britanniques, monsieur Trump a réitéré avec force qu’il souhaitait toujours que le Canada soit réduit au statut de 51e état des États-Unis. Quelle ironie!
La déportation de 1755 des Acadiens et Acadiennes a terni pour toujours les relations entre l’Acadie et la monarchie britannique. À la fin des années 1900, une revendication menée par le patriote cadien Warren Perrin, par le député acadien bloquiste Stéphane Gendron, par feu le sénateur Jean-Maurice Simard (qui réclamait aussi des compensations financières importantes) et par la Société nationale de l’Acadie (SNA) demandait à la Couronne britannique des excuses officielles pour les torts subis par le peuple acadien lors de ce triste événement.
Or, seulement la branche monarchiste canadienne s’est compromise pour reconnaître les torts faits au peuple acadien. Ce fut le silence radio de Londres. On a aussi déclaré le 28 juillet comme journée de commémoration de ce fâcheux événement, journée qui n’est pas encore ancrée dans nos mœurs. C’est donc un baume minimaliste.
Plusieurs Acadiens en ont marre que l’on se rapporte encore aujourd’hui au drame de la déportation pour justifier l’état fragile de notre peuple encore aujourd’hui. Même si la Couronne britannique n’a pas encore pleinement reconnu ses torts, ça ne nous empêche pas de lui pardonner ses gestes horribles. Nous aimons bien le slogan des vétérans du 11 novembre disant “plus jamais la guerre”. Comme Acadiennes et Acadiens, nous devons clamer “plus jamais de déportation et de génocide”. Nous devons pardonner sans jamais oublier. En ce sens-là, nous devrions être sensibles et solidaires des victimes de génocides d’aujourd’hui dans le monde, comme pour le peuple palestinien de Gaza, et l’exprimer fortement.
Je n’appuierai jamais les personnes qui auraient tendance à haïr la Couronne britannique dans leur façon d’exprimer leur opposition et leurs ressentiments face à celle-ci. Il n’y a pas de place pour ce sentiment, comme en toute chose par ailleurs. Comme je dis souvent, “la vie est trop courte pour haïr, et pas assez longue pour aimer”. Mais avec le temps, les mentalités doivent changer.
Je crois que le Canada est devenu assez mature et indépendant pour assumer sa pleine souveraineté, en devenant une république à part entière. La monarchie britannique coûte au Canada entre 65 et 72 millions $ par année, pour payer les frais de la gouverneure générale et des lieutenants-gouverneurs des provinces. Une visite de monarques britanniques peut coûter jusqu’à 2 millions $ (sauf pour la dernière visite de 24 heures). Ça fait beaucoup d’argent, qui pourrait être mieux investi.
J’aime la Grande-Bretagne. J’y suis allé deux fois. C’est probablement un des plus beaux pays au monde, et un des meilleurs. Les Britanniques sont très accueillants, très joviaux, et des plus respectueux. Mais ce n’est pas notre pays, même si la couronne nous unit étroitement.
Le Canada et la Grande-Bretagne ont tout de même un dossier litigieux en commun. La Grande-Bretagne a l’Écosse qui veut se séparer pour devenir un pays souverain, comme le Québec veut le faire au Canada. Et que dire de l’Alberta! À chacun ses défis!
La Grande-Bretagne a un lourd passé impérialiste et colonialiste. Nous ne sommes plus des colonisés. C’est par ce biais que nous en sommes devenus dépendants et liés organiquement. Mais il est temps que le Canada se débarrasse de cette tutelle britannique, par des voies démocratiques et juridiques. Ça n’empêchera pas le Canada de rester membre du Commonwealth, comme il est membre de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF).
Même si les Acadiens et Acadiennes ont toutes les raisons du monde pour être hargneux et revanchards face à la Couronne britannique, il est temps que nous passions à autre chose. Même si nous devons continuer à demander à Londres des excuses officielles pour la déportation, nous devons surtout nous rallier au reste du Canada pour en faire une véritable république indépendante, finalement affranchie de la Couronne britannique.
jmlacadie1@gmail.com
La récente venue au Canada du Roi Charles III et de Camilla a confirmé avec éclat que le Canada vit bel et bien dans un système monarchique, britannique pour bien le nommer. Ça s’appelle en fait une monarchie constitutionnelle. Ce fut presque un tour de magie que de passer par un messager de la Grande-Bretagne pour faire savoir au monde, et surtout au président Trump, que le Canada est un pays souverain et libre. Dès le départ des monarques britanniques, monsieur Trump a réitéré avec force qu’il souhaitait toujours que le Canada soit réduit au statut de 51e état des États-Unis. Quelle ironie!
La déportation de 1755 des Acadiens et Acadiennes a terni pour toujours les relations entre l’Acadie et la monarchie britannique. À la fin des années 1900, une revendication menée par le patriote cadien Warren Perrin, par le député acadien bloquiste Stéphane Gendron, par feu le sénateur Jean-Maurice Simard (qui réclamait aussi des compensations financières importantes) et par la Société nationale de l’Acadie (SNA) demandait à la Couronne britannique des excuses officielles pour les torts subis par le peuple acadien lors de ce triste événement.
Or, seulement la branche monarchiste canadienne s’est compromise pour reconnaître les torts faits au peuple acadien. Ce fut le silence radio de Londres. On a aussi déclaré le 28 juillet comme journée de commémoration de ce fâcheux événement, journée qui n’est pas encore ancrée dans nos mœurs. C’est donc un baume minimaliste.
Plusieurs Acadiens en ont marre que l’on se rapporte encore aujourd’hui au drame de la déportation pour justifier l’état fragile de notre peuple encore aujourd’hui. Même si la Couronne britannique n’a pas encore pleinement reconnu ses torts, ça ne nous empêche pas de lui pardonner ses gestes horribles. Nous aimons bien le slogan des vétérans du 11 novembre disant “plus jamais la guerre”. Comme Acadiennes et Acadiens, nous devons clamer “plus jamais de déportation et de génocide”. Nous devons pardonner sans jamais oublier. En ce sens-là, nous devrions être sensibles et solidaires des victimes de génocides d’aujourd’hui dans le monde, comme pour le peuple palestinien de Gaza, et l’exprimer fortement.
Je n’appuierai jamais les personnes qui auraient tendance à haïr la Couronne britannique dans leur façon d’exprimer leur opposition et leurs ressentiments face à celle-ci. Il n’y a pas de place pour ce sentiment, comme en toute chose par ailleurs. Comme je dis souvent, “la vie est trop courte pour haïr, et pas assez longue pour aimer”. Mais avec le temps, les mentalités doivent changer.
Je crois que le Canada est devenu assez mature et indépendant pour assumer sa pleine souveraineté, en devenant une république à part entière. La monarchie britannique coûte au Canada entre 65 et 72 millions $ par année, pour payer les frais de la gouverneure générale et des lieutenants-gouverneurs des provinces. Une visite de monarques britanniques peut coûter jusqu’à 2 millions $ (sauf pour la dernière visite de 24 heures). Ça fait beaucoup d’argent, qui pourrait être mieux investi.
J’aime la Grande-Bretagne. J’y suis allé deux fois. C’est probablement un des plus beaux pays au monde, et un des meilleurs. Les Britanniques sont très accueillants, très joviaux, et des plus respectueux. Mais ce n’est pas notre pays, même si la couronne nous unit étroitement.
Le Canada et la Grande-Bretagne ont tout de même un dossier litigieux en commun. La Grande-Bretagne a l’Écosse qui veut se séparer pour devenir un pays souverain, comme le Québec veut le faire au Canada. Et que dire de l’Alberta! À chacun ses défis!
La Grande-Bretagne a un lourd passé impérialiste et colonialiste. Nous ne sommes plus des colonisés. C’est par ce biais que nous en sommes devenus dépendants et liés organiquement. Mais il est temps que le Canada se débarrasse de cette tutelle britannique, par des voies démocratiques et juridiques. Ça n’empêchera pas le Canada de rester membre du Commonwealth, comme il est membre de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF).
Même si les Acadiens et Acadiennes ont toutes les raisons du monde pour être hargneux et revanchards face à la Couronne britannique, il est temps que nous passions à autre chose. Même si nous devons continuer à demander à Londres des excuses officielles pour la déportation, nous devons surtout nous rallier au reste du Canada pour en faire une véritable république indépendante, finalement affranchie de la Couronne britannique.
