
Chroniques
6 Mai 2025
De la Francophonie internationale aux francophonies du monde
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Jean-Marie Nadeau
jmlacadie1@gmail.com
L’Université de Moncton est belle et resplendissante quand elle organise de grands moments de discussions et de réflexions, comme des conférences, des colloques. On vient d’y avoir eu un excellent colloque intitulé “Les francophonies dans tous leurs états”. Ce fut emballant!
Tout en étant une communauté minoritaire par le nombre, nous sommes tout de même une communauté égalitaire par législation, et nous devons vaillamment nous comporter comme telle dans la réalité.
Il est bon de réaliser que nous ne sommes pas les seuls de notre espace dans ce monde de plus de 8 milliards d’humains sur la terre. Plus de 343 millions de francophones parlent français dans un monde qui se définit surtout par l’anglais. Relevons quelques données qui viennent renforcer notre privilège d’être francophones: le français est la langue officielle de 32 États; c’est la deuxième langue la plus enseignée au monde; nous représentons plus du tiers des États membres de l’Organisation des Nations Unies (ONU), et le français reste la cinquième langue la plus utilisée dans le monde. Nous avons donc le droit de bomber le torse et de faire partie de cette frange linguistique de la population mondiale.
Ce colloque m’a permis de me réconcilier avec le terme “francophonie”. Trop souvent ici en Acadie, on a abusé du terme “francophone” afin de minimiser et diluer le terme et qualificatif “acadien”. Nous avons toujours de la difficulté d’accepter que l’Association francophone des municipalités ou encore que la Fédération des jeunes francophones n'aient pas une appellation acadienne dans leur nom. Il ne s’agit plus ici d’une Francophonie, mais “des francophonies”. Ainsi l'appellation francophone m’apparaît moins neutre et plus engageante. C’est ce qui me facilite l’acceptation de l’appellation “francophone”.
Historiquement, cette gêne à apposer le terme acadien dans la façon de définir son organisation était due en grande partie à la résistance brayonne à se regrouper sous l’appellation acadienne. Depuis la tenue du CMA 2014 des Terres et forêts, cette résistance brayonne à se définir comme acadien s’est de beaucoup amenuisée. Il était rafraîchissant d’entendre dernièrement à Radio-Canada un jeune musicien du Madawaska dire fortement que «nous sommes des Brayons Acadiens». Ça fait cinquante ans que nous répétons qu’être brayon est une merveilleuse façon de se définir comme acadien.
Ceci étant dit, nous devons tout de même faire le constat que l’état de la langue française reste toujours fragile dans le monde, et aussi sur le plan domestique. L’assimilation continue malheureusement à faire sa sale besogne. Une fois de plus, Maître Michel Doucet, sous un fond de pessimisme, a fait une brillante démonstration de la faiblesse relative des lois fédérale et provinciale sur les langues officielles, nonobstant certaines avancées dans la mouture de la nouvelle loi fédérale sur les langues officielles au Canada. Le français perd même du terrain au Québec. Ce n’est pas peu dire!
À des situations extrêmes, il faut des solutions extrêmes. Il serait peut-être opportun que le gouvernement provincial fasse une législation omnibus afin de définir les municipalités sur une base linguistique. Ça éviterait les Beausoleil et Beaurivage de ce monde. Une fois les territoires linguistiques des municipalités clairement définies comme francophones et acadiennes, en ce qui nous concerne, ça nous permettrait de mieux gérer le flux des nouveaux arrivants, comme de donner des cours obligatoires et gratuits de français à ces personnes.
L’ère trumpiste devient peut-être aussi une occasion pour les francophonies mondiales de progresser, en misant sur une nouvelle dynamique à l’intérieur de ces francophonies. L’avenir du français repose de plus en plus sur l'Afrique francophone. Pour réduire notre dépendance économique exagérée face aux États-Unis, l’Afrique francophone peut devenir en partie un nouvel espace d’exportations et d’investissements afin, justement, de diversifier notre économie.
Tout en reconnaissant que l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) doive parfaire son unité au préalable, je crois que l’OIF devrait avoir des bureaux à Washington, Pékin et Moscou.
Elles sont belles les francophonies du monde, y inclus la nôtre, l’Acadienne. Nous devons être fiers de faire partie de ces grandes familles francophones du monde. Cela impose, par ailleurs, que nous devons rester vigilants et actifs quant à notre épanouissement. Soyons fiers d’être Acadiens et Acadiennes, et démontrons-le quotidiennement!
jmlacadie1@gmail.com
L’Université de Moncton est belle et resplendissante quand elle organise de grands moments de discussions et de réflexions, comme des conférences, des colloques. On vient d’y avoir eu un excellent colloque intitulé “Les francophonies dans tous leurs états”. Ce fut emballant!
Tout en étant une communauté minoritaire par le nombre, nous sommes tout de même une communauté égalitaire par législation, et nous devons vaillamment nous comporter comme telle dans la réalité.
Il est bon de réaliser que nous ne sommes pas les seuls de notre espace dans ce monde de plus de 8 milliards d’humains sur la terre. Plus de 343 millions de francophones parlent français dans un monde qui se définit surtout par l’anglais. Relevons quelques données qui viennent renforcer notre privilège d’être francophones: le français est la langue officielle de 32 États; c’est la deuxième langue la plus enseignée au monde; nous représentons plus du tiers des États membres de l’Organisation des Nations Unies (ONU), et le français reste la cinquième langue la plus utilisée dans le monde. Nous avons donc le droit de bomber le torse et de faire partie de cette frange linguistique de la population mondiale.
Ce colloque m’a permis de me réconcilier avec le terme “francophonie”. Trop souvent ici en Acadie, on a abusé du terme “francophone” afin de minimiser et diluer le terme et qualificatif “acadien”. Nous avons toujours de la difficulté d’accepter que l’Association francophone des municipalités ou encore que la Fédération des jeunes francophones n'aient pas une appellation acadienne dans leur nom. Il ne s’agit plus ici d’une Francophonie, mais “des francophonies”. Ainsi l'appellation francophone m’apparaît moins neutre et plus engageante. C’est ce qui me facilite l’acceptation de l’appellation “francophone”.
Historiquement, cette gêne à apposer le terme acadien dans la façon de définir son organisation était due en grande partie à la résistance brayonne à se regrouper sous l’appellation acadienne. Depuis la tenue du CMA 2014 des Terres et forêts, cette résistance brayonne à se définir comme acadien s’est de beaucoup amenuisée. Il était rafraîchissant d’entendre dernièrement à Radio-Canada un jeune musicien du Madawaska dire fortement que «nous sommes des Brayons Acadiens». Ça fait cinquante ans que nous répétons qu’être brayon est une merveilleuse façon de se définir comme acadien.
Ceci étant dit, nous devons tout de même faire le constat que l’état de la langue française reste toujours fragile dans le monde, et aussi sur le plan domestique. L’assimilation continue malheureusement à faire sa sale besogne. Une fois de plus, Maître Michel Doucet, sous un fond de pessimisme, a fait une brillante démonstration de la faiblesse relative des lois fédérale et provinciale sur les langues officielles, nonobstant certaines avancées dans la mouture de la nouvelle loi fédérale sur les langues officielles au Canada. Le français perd même du terrain au Québec. Ce n’est pas peu dire!
À des situations extrêmes, il faut des solutions extrêmes. Il serait peut-être opportun que le gouvernement provincial fasse une législation omnibus afin de définir les municipalités sur une base linguistique. Ça éviterait les Beausoleil et Beaurivage de ce monde. Une fois les territoires linguistiques des municipalités clairement définies comme francophones et acadiennes, en ce qui nous concerne, ça nous permettrait de mieux gérer le flux des nouveaux arrivants, comme de donner des cours obligatoires et gratuits de français à ces personnes.
L’ère trumpiste devient peut-être aussi une occasion pour les francophonies mondiales de progresser, en misant sur une nouvelle dynamique à l’intérieur de ces francophonies. L’avenir du français repose de plus en plus sur l'Afrique francophone. Pour réduire notre dépendance économique exagérée face aux États-Unis, l’Afrique francophone peut devenir en partie un nouvel espace d’exportations et d’investissements afin, justement, de diversifier notre économie.
Tout en reconnaissant que l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) doive parfaire son unité au préalable, je crois que l’OIF devrait avoir des bureaux à Washington, Pékin et Moscou.
Elles sont belles les francophonies du monde, y inclus la nôtre, l’Acadienne. Nous devons être fiers de faire partie de ces grandes familles francophones du monde. Cela impose, par ailleurs, que nous devons rester vigilants et actifs quant à notre épanouissement. Soyons fiers d’être Acadiens et Acadiennes, et démontrons-le quotidiennement!