
Chroniques
26 Février 2025
AU SUJET DES EXTERNATS INDIENS
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Susan Levi-Peters
Je me souviens lorsque nous avons obtenu le règlement relatif aux externats indiens. Je ne savais pas ce que c'était, ni que les mauvais traitements infligés dans ces écoles étaient des mauvais traitements parce qu'ils faisaient partie de notre vie scolaire.
Je vivais hors de la réserve lorsque les demandes d'inscription ont été publiées. J'ai tout de suite compris que quelque chose n'allait pas lorsque j'ai vu d'anciens élèves obtenir le niveau 1, ce qui m'a amené à m'interroger sur ce qui se passait et j'ai donc posé ma candidature.
On m'a dit de prendre le niveau 1 et que j'obtiendrais l'argent. J'ai demandé à pouvoir emporter mon dossier chez moi après qu'on m'ait demandé, devant les gens, si j'avais été victime d'abus sexuels et, si oui, par qui, et de l'écrire. J'étais choquée, j'avais envie de pleurer. Je suis repartie avec mon dossier de candidature. Mon expérience m'a dit de le confier à un avocat, ce que j'ai fait des mois plus tard.
J'ai demandé à d'autres anciens camarades de classe pourquoi ils avaient obtenu le niveau 1 alors que je savais qu'ils avaient droit au niveau le plus élevé. Après avoir entendu et vécu ce qui s'était passé lors de la demande, j'ai demandé à un avocat s'il pouvait aider les anciens élèves qui avaient déjà reçu le niveau 1, avec leurs déclarations sous serment sur ce qui s'était passé lors de la demande de règlement et sur leur expérience des abus dans les externats indiens.
Je ne pensais pas que ce serait le cas de la majorité des anciens élèves, et beaucoup d'autres n'avaient pas les 500 dollars nécessaires pour la déclaration sous serment. L'avocat a dû faire appel à un autre avocat pour l'aider. La procédure a été longue et épuisante sur le plan émotionnel. Puis la Covid-19 est arrivée et les choses se sont ralenties. Nous avons finalement soumis les déclarations sous serment au cabinet d'avocats chargé de procéder à l'attribution de notre indemnisation avant la date limite.
Je me souviens, après que les avocats ont interrogé les 100 premiers anciens élèves, d'avoir vu un tableau sur les différents types d'abus et le nombre de victimes. Il n'y avait pas de noms, seulement des types d'abus et des chiffres. Je me souviens d'avoir regardé ce tableau et d'avoir pensé à un film que j'avais vu récemment, «La liste de Schindler». C'était incroyable et bouleversant. Je comprenais mieux ma communauté et moi-même.
Je suis reconnaissante que les déclarations sous serment aient été faites. Une déclaration sous serment est un document juridique et les anciens élèves ont payé pour qu'elle soit faite. Samedi, le ministre des Relations avec les Autochtones et des Affaires du Nord du Canada a promis que son avocat examinerait le dossier et les déclarations sous serment. Votre avocat contactera leur avocat. J'ai également demandé une lettre de soutien au ministre provincial des Affaires autochtones.
D'après ce que m'a dit un député fédéral, il semble que si nous n'avions pas eu les quelques centaines d'affidavits, nos chances auraient été nulles. Ils voulaient dire que tous les cas sont identiques, alors que c'est faux. Peut-être que nos récits sont similaires, ce qui est une bonne chose : nous sommes tous allés à la même école, nous avons tous vu et vécu les mêmes abus, certains ont connu pire. J'aurais été inquiète si nos récits étaient différents, et nous avons tous été interrogés individuellement par des avocats qui nous ont aidés à rédiger nos déclarations sous serment.
Une chose que j'ai apprise, c'est que la société qui attribue notre règlement n'a pas voulu suivre l'avis du gouvernement sur la manière dont l'attribution devrait se faire. D'après les faits que j'ai vus, il semble que le cabinet ne savait pas ce qu'il faisait lorsqu'il travaillait avec notre peuple sur une affaire aussi délicate, ou qu'il essayait intentionnellement de s'emparer de notre règlement légitime en tant qu'anciens élèves des externats indiens.
Tout ce que j'ai demandé, c'est que le gouvernement du Canada examine le dossier et lise les déclarations sous serment que nous avons soumises, ou qu'il vienne rencontrer tous les anciens élèves, avant qu'une décision ne soit prise.
Ce qu'ils font est tout à fait répréhensible, et je tiens à dire que je crois les anciens élèves. Leur histoire doit être racontée, ils doivent être indemnisés à juste titre pour les abus qu'ils ont subis, et je pense que c'est l'objet de cette affaire!
(Traduit de l’anglais par Damien Dauphin)
Je me souviens lorsque nous avons obtenu le règlement relatif aux externats indiens. Je ne savais pas ce que c'était, ni que les mauvais traitements infligés dans ces écoles étaient des mauvais traitements parce qu'ils faisaient partie de notre vie scolaire.
Je vivais hors de la réserve lorsque les demandes d'inscription ont été publiées. J'ai tout de suite compris que quelque chose n'allait pas lorsque j'ai vu d'anciens élèves obtenir le niveau 1, ce qui m'a amené à m'interroger sur ce qui se passait et j'ai donc posé ma candidature.
On m'a dit de prendre le niveau 1 et que j'obtiendrais l'argent. J'ai demandé à pouvoir emporter mon dossier chez moi après qu'on m'ait demandé, devant les gens, si j'avais été victime d'abus sexuels et, si oui, par qui, et de l'écrire. J'étais choquée, j'avais envie de pleurer. Je suis repartie avec mon dossier de candidature. Mon expérience m'a dit de le confier à un avocat, ce que j'ai fait des mois plus tard.
J'ai demandé à d'autres anciens camarades de classe pourquoi ils avaient obtenu le niveau 1 alors que je savais qu'ils avaient droit au niveau le plus élevé. Après avoir entendu et vécu ce qui s'était passé lors de la demande, j'ai demandé à un avocat s'il pouvait aider les anciens élèves qui avaient déjà reçu le niveau 1, avec leurs déclarations sous serment sur ce qui s'était passé lors de la demande de règlement et sur leur expérience des abus dans les externats indiens.
Je ne pensais pas que ce serait le cas de la majorité des anciens élèves, et beaucoup d'autres n'avaient pas les 500 dollars nécessaires pour la déclaration sous serment. L'avocat a dû faire appel à un autre avocat pour l'aider. La procédure a été longue et épuisante sur le plan émotionnel. Puis la Covid-19 est arrivée et les choses se sont ralenties. Nous avons finalement soumis les déclarations sous serment au cabinet d'avocats chargé de procéder à l'attribution de notre indemnisation avant la date limite.
Je me souviens, après que les avocats ont interrogé les 100 premiers anciens élèves, d'avoir vu un tableau sur les différents types d'abus et le nombre de victimes. Il n'y avait pas de noms, seulement des types d'abus et des chiffres. Je me souviens d'avoir regardé ce tableau et d'avoir pensé à un film que j'avais vu récemment, «La liste de Schindler». C'était incroyable et bouleversant. Je comprenais mieux ma communauté et moi-même.
Je suis reconnaissante que les déclarations sous serment aient été faites. Une déclaration sous serment est un document juridique et les anciens élèves ont payé pour qu'elle soit faite. Samedi, le ministre des Relations avec les Autochtones et des Affaires du Nord du Canada a promis que son avocat examinerait le dossier et les déclarations sous serment. Votre avocat contactera leur avocat. J'ai également demandé une lettre de soutien au ministre provincial des Affaires autochtones.
D'après ce que m'a dit un député fédéral, il semble que si nous n'avions pas eu les quelques centaines d'affidavits, nos chances auraient été nulles. Ils voulaient dire que tous les cas sont identiques, alors que c'est faux. Peut-être que nos récits sont similaires, ce qui est une bonne chose : nous sommes tous allés à la même école, nous avons tous vu et vécu les mêmes abus, certains ont connu pire. J'aurais été inquiète si nos récits étaient différents, et nous avons tous été interrogés individuellement par des avocats qui nous ont aidés à rédiger nos déclarations sous serment.
Une chose que j'ai apprise, c'est que la société qui attribue notre règlement n'a pas voulu suivre l'avis du gouvernement sur la manière dont l'attribution devrait se faire. D'après les faits que j'ai vus, il semble que le cabinet ne savait pas ce qu'il faisait lorsqu'il travaillait avec notre peuple sur une affaire aussi délicate, ou qu'il essayait intentionnellement de s'emparer de notre règlement légitime en tant qu'anciens élèves des externats indiens.
Tout ce que j'ai demandé, c'est que le gouvernement du Canada examine le dossier et lise les déclarations sous serment que nous avons soumises, ou qu'il vienne rencontrer tous les anciens élèves, avant qu'une décision ne soit prise.
Ce qu'ils font est tout à fait répréhensible, et je tiens à dire que je crois les anciens élèves. Leur histoire doit être racontée, ils doivent être indemnisés à juste titre pour les abus qu'ils ont subis, et je pense que c'est l'objet de cette affaire!
(Traduit de l’anglais par Damien Dauphin)