
Chroniques
11 Février 2025
Le syndrome de Stockholm d’un peuple colonisé
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Jean-Marie Nadeau
jmlacadie1@gmail.com
J’ai beaucoup d’admiration pour les Acadiens et les Acadiennes du sud-est qui ont vécu et qui vivent encore dans un entourage massivement anglophone (il en est de même à Saint-Jean, à Fredericton et à Miramichi), Cette situation entraîne une pression continuelle dans sa capacité de s’assumer pleinement et quotidiennement comme francophone. C’est presque héroïque! Il est plus facile d’être Acadien(ne) dans la Péninsule acadienne ou dans le nord-ouest.
C’est comme si la population acadienne du sud-est était continuellement prise en otage et sous haute surveillance. Nous pouvons presque dire que cette situation entraîne cette population à sombrer dans ce qu’on appelle le syndrome de Stockholm. Cela veut dire qu’à force d’être submergé dans un milieu majoritaire anglophone, certaines personnes en arrivent à considérer que c’est l’anglais qui est menacé, et elles deviennent ainsi plus anglophiles que francophiles. On finit par “s'amouracher” de la majorité anglophone au risque de perdre son estime de soi acadien.
Historiquement, on appelait ça du “bonententisme”. Comme le bilinguisme, le bonententisme penche toujours du côté de l’anglais. C’est toujours nous qui devons “switcher” à l’anglais en toute situation. Il est temps de nous affranchir de cette mentalité de peuple de colonisés. Pourtant, en 1968, on avait enterré la peur! Perdre sa langue, n’est pas la seule façon de se considérer assimilés : le pire, c’est quand on en vient à perdre et à renier son âme et son identité de peuple acadien.
L’anglais n’est pas menacé en Amérique du Nord. Ils sont près de 400 millions à parler anglais. Selon le Centre de la francophonie des Amériques, du Brésil à l’Acadie, les deux Amériques ne comptent que 33 millions de locuteurs francophones. Il y a un net déséquilibre dans les menaces d’extinction: le français est fragile, tandis que l’anglais vogue sans problème, progresse, s’attrape. C’est le français qui est menacé. Pas l’anglais.
La situation fragile de la langue française commande que l’on prenne des mesures énergiques pour en assurer la pérennité. C’est pourquoi nous avons des lois sur les langues officielles, tant au niveau fédéral que provincial.
Plusieurs municipalités acadiennes du Nouveau-Brunswick ont senti l’obligation de voter des règlements définissant leurs communautés avant tout comme étant acadiennes. Dans la plupart des cas, ces textes prévoient que les anglophones pourront toujours recevoir les services dans leur langue. À ma connaissance, seules les villes anglophones de Fredericton et de Moncton ont de telles clauses pour ce qui est des services en français.
Puisqu’elles sont en mode survie, les communautés acadiennes doivent obligatoirement prendre des dispositions réglementaires pour exprimer explicitement qu’elles sont avant tout des communautés acadiennes et francophones. En aucune façon, le fait de s’afficher pleinement comme municipalités acadiennes ne remet en cause l’existence sur son territoire des autres communautés anglophones et autochtones. L’affirmation du soi collectif n’entraîne pas la négation ou l’exclusion de l’autre, voire des autres.
Nos communautés acadiennes sont de plus en plus envahies par des populations anglophones et immigrantes unilingues en anglais. Cela déstabilise profondément l’ossature francophone de nos communautés. Des mesures proactives devront donc être implantées afin de mettre un frein à l’effritement accéléré de nos communautés à majorité francophone. Je crois que des cours de français obligatoires et gratuits devraient être offerts à ces nouveaux citoyens unilingues anglophones dans les communautés francophones. Sans cela, il est difficile de s’imaginer comment nos communautés francophones pourront survivre et s’épanouir en français.
Ce qui s’est passé à Beaurivage, soit le rejet d’une politique linguistique à saveur acadienne, est compréhensible à court terme. Mais à long terme, ça devient une erreur de parcours. Et Saint-Louis-de-Kent, haut lieu de l’histoire acadienne et terre d’action du plus grand patriote de l’histoire acadienne en la personne de Monseigneur Marcel-François Richard, ne peut pas être condamné à ne pas avoir clairement une identité acadienne. Le père du drapeau acadien a dû se retourner dans sa tombe! Beaurivage devra un jour revenir sur sa récente décision.
À l’avenir, les législations linguistiques municipales en matière de français devront se faire avec beaucoup plus de doigté. Il convient de les précéder d’une éducation populaire adaptée. Nous ne pouvons plus permettre que nos communautés acadiennes continuent de se dégrader sur le plan linguistique, au profit de l’assimilation grandissante sous les coups du bulldozer anglophone. Plus que jamais, nous devons nous armer de patience (pas trop longtemps car le temps presse) et nous tenir fièrement debout comme Acadiens et Acadiennes.
jmlacadie1@gmail.com
J’ai beaucoup d’admiration pour les Acadiens et les Acadiennes du sud-est qui ont vécu et qui vivent encore dans un entourage massivement anglophone (il en est de même à Saint-Jean, à Fredericton et à Miramichi), Cette situation entraîne une pression continuelle dans sa capacité de s’assumer pleinement et quotidiennement comme francophone. C’est presque héroïque! Il est plus facile d’être Acadien(ne) dans la Péninsule acadienne ou dans le nord-ouest.
C’est comme si la population acadienne du sud-est était continuellement prise en otage et sous haute surveillance. Nous pouvons presque dire que cette situation entraîne cette population à sombrer dans ce qu’on appelle le syndrome de Stockholm. Cela veut dire qu’à force d’être submergé dans un milieu majoritaire anglophone, certaines personnes en arrivent à considérer que c’est l’anglais qui est menacé, et elles deviennent ainsi plus anglophiles que francophiles. On finit par “s'amouracher” de la majorité anglophone au risque de perdre son estime de soi acadien.
Historiquement, on appelait ça du “bonententisme”. Comme le bilinguisme, le bonententisme penche toujours du côté de l’anglais. C’est toujours nous qui devons “switcher” à l’anglais en toute situation. Il est temps de nous affranchir de cette mentalité de peuple de colonisés. Pourtant, en 1968, on avait enterré la peur! Perdre sa langue, n’est pas la seule façon de se considérer assimilés : le pire, c’est quand on en vient à perdre et à renier son âme et son identité de peuple acadien.
L’anglais n’est pas menacé en Amérique du Nord. Ils sont près de 400 millions à parler anglais. Selon le Centre de la francophonie des Amériques, du Brésil à l’Acadie, les deux Amériques ne comptent que 33 millions de locuteurs francophones. Il y a un net déséquilibre dans les menaces d’extinction: le français est fragile, tandis que l’anglais vogue sans problème, progresse, s’attrape. C’est le français qui est menacé. Pas l’anglais.
La situation fragile de la langue française commande que l’on prenne des mesures énergiques pour en assurer la pérennité. C’est pourquoi nous avons des lois sur les langues officielles, tant au niveau fédéral que provincial.
Plusieurs municipalités acadiennes du Nouveau-Brunswick ont senti l’obligation de voter des règlements définissant leurs communautés avant tout comme étant acadiennes. Dans la plupart des cas, ces textes prévoient que les anglophones pourront toujours recevoir les services dans leur langue. À ma connaissance, seules les villes anglophones de Fredericton et de Moncton ont de telles clauses pour ce qui est des services en français.
Puisqu’elles sont en mode survie, les communautés acadiennes doivent obligatoirement prendre des dispositions réglementaires pour exprimer explicitement qu’elles sont avant tout des communautés acadiennes et francophones. En aucune façon, le fait de s’afficher pleinement comme municipalités acadiennes ne remet en cause l’existence sur son territoire des autres communautés anglophones et autochtones. L’affirmation du soi collectif n’entraîne pas la négation ou l’exclusion de l’autre, voire des autres.
Nos communautés acadiennes sont de plus en plus envahies par des populations anglophones et immigrantes unilingues en anglais. Cela déstabilise profondément l’ossature francophone de nos communautés. Des mesures proactives devront donc être implantées afin de mettre un frein à l’effritement accéléré de nos communautés à majorité francophone. Je crois que des cours de français obligatoires et gratuits devraient être offerts à ces nouveaux citoyens unilingues anglophones dans les communautés francophones. Sans cela, il est difficile de s’imaginer comment nos communautés francophones pourront survivre et s’épanouir en français.
Ce qui s’est passé à Beaurivage, soit le rejet d’une politique linguistique à saveur acadienne, est compréhensible à court terme. Mais à long terme, ça devient une erreur de parcours. Et Saint-Louis-de-Kent, haut lieu de l’histoire acadienne et terre d’action du plus grand patriote de l’histoire acadienne en la personne de Monseigneur Marcel-François Richard, ne peut pas être condamné à ne pas avoir clairement une identité acadienne. Le père du drapeau acadien a dû se retourner dans sa tombe! Beaurivage devra un jour revenir sur sa récente décision.
À l’avenir, les législations linguistiques municipales en matière de français devront se faire avec beaucoup plus de doigté. Il convient de les précéder d’une éducation populaire adaptée. Nous ne pouvons plus permettre que nos communautés acadiennes continuent de se dégrader sur le plan linguistique, au profit de l’assimilation grandissante sous les coups du bulldozer anglophone. Plus que jamais, nous devons nous armer de patience (pas trop longtemps car le temps presse) et nous tenir fièrement debout comme Acadiens et Acadiennes.