
Chroniques
14 Janvier 2025
UNE PATENTE ACADIENNE ANGLOPHILE ?
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Jean-Marie Nadeau
jmlacadie1@gmail.com
Au début du siècle dernier en 1926, la francophonie canadienne et acadienne créa un ordre secret pour défendre et promouvoir les intérêts des francophones et des Acadiens du Canada. Pour la masse populaire, ce mouvement était connu comme la Patente. Mais, c’était une patente francophile, vu ses objectifs et ses actions. Elle a eu beaucoup de succès!
Depuis plusieurs années, j’essaye de comprendre ce que veut le nouvel establishment et leadership acadien, surtout au sud-est. Sans être formellement organisé comme la Patente, il y a un courant idéologique obscur dont nous ne connaissons pas les visées et les intentions. Il n’y a aucun document théorique ni d’analyse qui nous permettrait de mieux comprendre cette force clandestine.
Ce que nous pouvons déceler, c’est que plusieurs tenants de cette tendance secrète, qui n’est pas définie ni explicite, proviennent du milieu économique. En effet, plusieurs de ces personnes se sont enrichies sur le dos des revendications linguistiques. Le problème est que beaucoup parmi celles-ci semblent croire que tout est maintenant réglé sur le plan linguistique au Nouveau-Brunswick, nonobstant les faits que l’Acadie continue de s’assimiler à grande vitesse et qu’elle n’ait pas encore atteint la pleine égalité réelle.
Il est vrai que pour s’enrichir individuellement, ces individus ont dû s’appuyer aussi sur la communauté anglophone, en plus de la communauté acadienne, pour cumuler leurs richesses personnelles. Ce faisant, ces nouveaux riches ont développé des réflexes très anglophiles, ce qui nous fait nous demander si cette nouvelle Patente acadienne se glorifie justement à être anglophile. Le changement de nom des caisses populaires acadiennes pou UNI (« You and I ») s’inscrit dans cette tendance.
Ces gens semblent devenus allergiques à tout ce qui est acadien. Ils ne veulent plus que l’on brasse la cage sur le plan linguistique. Pour eux, l’harmonie linguistique se fait au détriment des sentiments patriotiques. Nous remarquons cela de façon particulière dans le dossier du changement de nom pour l’Université de Moncton. Ils sont braqués contre une telle perspective.
On dirait que ces gens n’ont pas compris qu’avec le temps la communauté anglophone a aussi positivement évolué depuis plusieurs années sur le plan linguistique. Le rejet brutal et massif de l’idéologie Higgs lors des dernières élections provinciales en est la dernière manifestation la plus évidente.
J’ai évolué dans le milieu syndical dans les années 90. Le monde syndical était un terreau fertile en termes de “rednecks”. Ça s’est beaucoup amenuisé depuis ce temps-là. Nous sommes convaincus que le milieu d’affaires anglophone a connu la même évolution positive.
Les États-généraux de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick qui doivent être tenus à l’automne prochain ne serviront à rien si ça ne permet pas de percer l’énigme des aspirations de la patente acadienne anglophile. Les chercheurs universitaires doivent absolument nous aider à saisir ce phénomène.
Les derniers débats sur l’affichage commercial en français dans le sud-est ont permis de mettre en lumière la résistance acadienne à s’assumer pleinement comme communautés francophones et acadiennes, concept que défend si bien Mathieu Gérald Caissie. Là aussi, une minorité acadienne s’est positionnée comme plus anglophile que francophile. C’est désespérant!
Il y a pourtant de plus en plus d’alternatives à nous définir comme communautés acadiennes à part entière. Le nouveau caucus acadien fédéral a dernièrement introduit le concept de “nation minoritaire”, comme façon de nous exprimer de façon la plus autonome comme peuple. Ce concept est très prometteur pour l’avenir.
La nouvelle élite acadienne anglophile, devenue “patenteuse”, doit nous dire clairement quelle sorte d’Acadie elle veut. Personne n’a encore verbalisé ce que ce groupe occulte envisage comme projet de société pour l’Acadie. Il est malsain politiquement de ne pas le savoir. Elle devra avoir le courage de ses convictions. En attendant des réponses claires, nous devons continuer à être des patriotes acadiens actifs, en nous inscrivant dans la bonne tradition militante en Acadie.
jmlacadie1@gmail.com
Au début du siècle dernier en 1926, la francophonie canadienne et acadienne créa un ordre secret pour défendre et promouvoir les intérêts des francophones et des Acadiens du Canada. Pour la masse populaire, ce mouvement était connu comme la Patente. Mais, c’était une patente francophile, vu ses objectifs et ses actions. Elle a eu beaucoup de succès!
Depuis plusieurs années, j’essaye de comprendre ce que veut le nouvel establishment et leadership acadien, surtout au sud-est. Sans être formellement organisé comme la Patente, il y a un courant idéologique obscur dont nous ne connaissons pas les visées et les intentions. Il n’y a aucun document théorique ni d’analyse qui nous permettrait de mieux comprendre cette force clandestine.
Ce que nous pouvons déceler, c’est que plusieurs tenants de cette tendance secrète, qui n’est pas définie ni explicite, proviennent du milieu économique. En effet, plusieurs de ces personnes se sont enrichies sur le dos des revendications linguistiques. Le problème est que beaucoup parmi celles-ci semblent croire que tout est maintenant réglé sur le plan linguistique au Nouveau-Brunswick, nonobstant les faits que l’Acadie continue de s’assimiler à grande vitesse et qu’elle n’ait pas encore atteint la pleine égalité réelle.
Il est vrai que pour s’enrichir individuellement, ces individus ont dû s’appuyer aussi sur la communauté anglophone, en plus de la communauté acadienne, pour cumuler leurs richesses personnelles. Ce faisant, ces nouveaux riches ont développé des réflexes très anglophiles, ce qui nous fait nous demander si cette nouvelle Patente acadienne se glorifie justement à être anglophile. Le changement de nom des caisses populaires acadiennes pou UNI (« You and I ») s’inscrit dans cette tendance.
Ces gens semblent devenus allergiques à tout ce qui est acadien. Ils ne veulent plus que l’on brasse la cage sur le plan linguistique. Pour eux, l’harmonie linguistique se fait au détriment des sentiments patriotiques. Nous remarquons cela de façon particulière dans le dossier du changement de nom pour l’Université de Moncton. Ils sont braqués contre une telle perspective.
On dirait que ces gens n’ont pas compris qu’avec le temps la communauté anglophone a aussi positivement évolué depuis plusieurs années sur le plan linguistique. Le rejet brutal et massif de l’idéologie Higgs lors des dernières élections provinciales en est la dernière manifestation la plus évidente.
J’ai évolué dans le milieu syndical dans les années 90. Le monde syndical était un terreau fertile en termes de “rednecks”. Ça s’est beaucoup amenuisé depuis ce temps-là. Nous sommes convaincus que le milieu d’affaires anglophone a connu la même évolution positive.
Les États-généraux de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick qui doivent être tenus à l’automne prochain ne serviront à rien si ça ne permet pas de percer l’énigme des aspirations de la patente acadienne anglophile. Les chercheurs universitaires doivent absolument nous aider à saisir ce phénomène.
Les derniers débats sur l’affichage commercial en français dans le sud-est ont permis de mettre en lumière la résistance acadienne à s’assumer pleinement comme communautés francophones et acadiennes, concept que défend si bien Mathieu Gérald Caissie. Là aussi, une minorité acadienne s’est positionnée comme plus anglophile que francophile. C’est désespérant!
Il y a pourtant de plus en plus d’alternatives à nous définir comme communautés acadiennes à part entière. Le nouveau caucus acadien fédéral a dernièrement introduit le concept de “nation minoritaire”, comme façon de nous exprimer de façon la plus autonome comme peuple. Ce concept est très prometteur pour l’avenir.
La nouvelle élite acadienne anglophile, devenue “patenteuse”, doit nous dire clairement quelle sorte d’Acadie elle veut. Personne n’a encore verbalisé ce que ce groupe occulte envisage comme projet de société pour l’Acadie. Il est malsain politiquement de ne pas le savoir. Elle devra avoir le courage de ses convictions. En attendant des réponses claires, nous devons continuer à être des patriotes acadiens actifs, en nous inscrivant dans la bonne tradition militante en Acadie.