Chroniques
9 Septembre 2025
Sauvegarder la Maison Pascal-Poirier : une obligation !
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Jean-Marie Nadeau
jmlacadie1@gmail.com
Comme Nord-Américains, nous avons la fâcheuse habitude de détruire les bâtiments dès qu’ils atteignent l’âge de 50-75 ans. Ce faisant, ça devient un mépris de tout ce qui est patrimonial. La Maison Pascal-Poirier de Shédiac, à l'âge honorable de plus de deux siècles, est menacée de crouler sous le poids de la négligence.
Au moins, le conseil municipal a enfin nommé un comité afin d’assurer un avenir potable à cet édifice. Il n’y a plus de temps à procrastiner dans ce dossier, l’heure est à l’urgence. Mais la détermination de la ville à procéder dans ce dossier m’apparaît trop élastique. Que ça bouge, nom de Dieu!
La vieille Europe est reconnue pour avoir sagement développé depuis des siècles un instinct de conservation et d’entretien de ses vieux bâtiments : cathédrales, châteaux, maisons de personnes célèbres, et j’en passe.
Cette approche apporte aujourd’hui de nombreux dividendes, puisque leur principale attraction touristique est justement la présence de ces glorieux édifices historiques cumulés avec le temps. L’Asie en général et l’Amérique du sud semblent elles aussi emprunter la même voie. Quant à l’Océanie, ça ne doit pas être mieux qu’au Canada.
La Maison Pascal-Poirier a un passé notoire. Elle a principalement été habitée par Pascal Poirier lui-même, premier sénateur acadien et grand leader de la survivance acadienne à la fin du dix-neuvième siècle. Il fut le sénateur à avoir le plus longtemps siéger dans l’histoire du Sénat, soit 48 ans. C’est un record de longévité qui ne pourra jamais être battu, vu les nouvelles règles du Sénat qui obligent les sénateurs à se retirer à l’âge de 75 ans.
Il ne faut pas oublier que la Maison Pascal-Poirier a aussi abrité le Moniteur acadien, le bureau-chef de la Société nationale de l’Acadie (entre autres pendant que j’y étais le secrétaire-général), une galerie d’art… Ces faits d’armes ajoutent à l’aura de cette maison.
Il reste encore beaucoup de bâtiments dans le sud-est qui méritent notre attention. Tout de suite, je pense au Collège Saint-Joseph et au Monument-Lefebvre de Memramcook. Il reste plein d’églises comme celle de Baie-Ste-Anne et celle d’Acadieville, en exemples.
Le monument qui mérite le plus de soins par les temps qui courent, est le monument l’Assomption de Nouvelle-Arcadie (Rogersville). Heureusement, sous la gouverne du conseil municipal de l’endroit, un comité élargi est en train de se créer afin d’en assurer la pérennité. Mais il ne faudrait pas négliger l’avenir du monastère, qui vient d’être abandonné par les moines.
Nous ne pouvons parler de préservation de bâtiments, sans mentionner quelques histoires à succès. Je pense principalement au Centre culturel Aberdeen et à la sauvegarde de la Cathédrale l’Assomption de Moncton. Du même souffle, je déplore le temps consommé à fixer le sort de l’ancienne école Moncton High, bâtiment des plus fastueux et prometteur.
Même si c’est un peu loin de nous, nous ne pouvons que plaider pour qu’un soutien national acadien se manifeste pour conserver l’Église Sainte-Marie de la Baie-Ste-Marie en Nouvelle-Écosse, et aussi l’Église Saint-Bernard. La structure en bois de l’église de la Baie-Ste-Marie est la plus haute en Amérique du Nord, et c’est un bijou architectural.
Les gouvernements, tant provinciaux que fédéral, doivent réviser leurs critères pour avoir droit à du financement de restauration. Pour le moment, les édifices religieux n’y ont pas accès. Suivons l’exemple du gouvernement du Québec qui, encore une fois, est à l’avant-garde en la matière.
Cette chronique se veut avant tout un plaidoyer pour la restauration rapide de la Maison Pascal-Poirier à court terme. C’est devenu une obligation de mémoire, et un geste d’estime de soi collectif, et non pas un caprice du temps.
Mais à long terme, cette chronique est aussi un plaidoyer général pour que l’Acadie et les gouvernements développent un réflexe permanent de conservation de tout ce qui est historique. Le devenir acadien ne sera possible que si l’on sait conjuguer le présent et l’avenir avec les grands faits et les beaux bâtiments du passé.
jmlacadie1@gmail.com
Comme Nord-Américains, nous avons la fâcheuse habitude de détruire les bâtiments dès qu’ils atteignent l’âge de 50-75 ans. Ce faisant, ça devient un mépris de tout ce qui est patrimonial. La Maison Pascal-Poirier de Shédiac, à l'âge honorable de plus de deux siècles, est menacée de crouler sous le poids de la négligence.
Au moins, le conseil municipal a enfin nommé un comité afin d’assurer un avenir potable à cet édifice. Il n’y a plus de temps à procrastiner dans ce dossier, l’heure est à l’urgence. Mais la détermination de la ville à procéder dans ce dossier m’apparaît trop élastique. Que ça bouge, nom de Dieu!
La vieille Europe est reconnue pour avoir sagement développé depuis des siècles un instinct de conservation et d’entretien de ses vieux bâtiments : cathédrales, châteaux, maisons de personnes célèbres, et j’en passe.
Cette approche apporte aujourd’hui de nombreux dividendes, puisque leur principale attraction touristique est justement la présence de ces glorieux édifices historiques cumulés avec le temps. L’Asie en général et l’Amérique du sud semblent elles aussi emprunter la même voie. Quant à l’Océanie, ça ne doit pas être mieux qu’au Canada.
La Maison Pascal-Poirier a un passé notoire. Elle a principalement été habitée par Pascal Poirier lui-même, premier sénateur acadien et grand leader de la survivance acadienne à la fin du dix-neuvième siècle. Il fut le sénateur à avoir le plus longtemps siéger dans l’histoire du Sénat, soit 48 ans. C’est un record de longévité qui ne pourra jamais être battu, vu les nouvelles règles du Sénat qui obligent les sénateurs à se retirer à l’âge de 75 ans.
Il ne faut pas oublier que la Maison Pascal-Poirier a aussi abrité le Moniteur acadien, le bureau-chef de la Société nationale de l’Acadie (entre autres pendant que j’y étais le secrétaire-général), une galerie d’art… Ces faits d’armes ajoutent à l’aura de cette maison.
Il reste encore beaucoup de bâtiments dans le sud-est qui méritent notre attention. Tout de suite, je pense au Collège Saint-Joseph et au Monument-Lefebvre de Memramcook. Il reste plein d’églises comme celle de Baie-Ste-Anne et celle d’Acadieville, en exemples.
Le monument qui mérite le plus de soins par les temps qui courent, est le monument l’Assomption de Nouvelle-Arcadie (Rogersville). Heureusement, sous la gouverne du conseil municipal de l’endroit, un comité élargi est en train de se créer afin d’en assurer la pérennité. Mais il ne faudrait pas négliger l’avenir du monastère, qui vient d’être abandonné par les moines.
Nous ne pouvons parler de préservation de bâtiments, sans mentionner quelques histoires à succès. Je pense principalement au Centre culturel Aberdeen et à la sauvegarde de la Cathédrale l’Assomption de Moncton. Du même souffle, je déplore le temps consommé à fixer le sort de l’ancienne école Moncton High, bâtiment des plus fastueux et prometteur.
Même si c’est un peu loin de nous, nous ne pouvons que plaider pour qu’un soutien national acadien se manifeste pour conserver l’Église Sainte-Marie de la Baie-Ste-Marie en Nouvelle-Écosse, et aussi l’Église Saint-Bernard. La structure en bois de l’église de la Baie-Ste-Marie est la plus haute en Amérique du Nord, et c’est un bijou architectural.
Les gouvernements, tant provinciaux que fédéral, doivent réviser leurs critères pour avoir droit à du financement de restauration. Pour le moment, les édifices religieux n’y ont pas accès. Suivons l’exemple du gouvernement du Québec qui, encore une fois, est à l’avant-garde en la matière.
Cette chronique se veut avant tout un plaidoyer pour la restauration rapide de la Maison Pascal-Poirier à court terme. C’est devenu une obligation de mémoire, et un geste d’estime de soi collectif, et non pas un caprice du temps.
Mais à long terme, cette chronique est aussi un plaidoyer général pour que l’Acadie et les gouvernements développent un réflexe permanent de conservation de tout ce qui est historique. Le devenir acadien ne sera possible que si l’on sait conjuguer le présent et l’avenir avec les grands faits et les beaux bâtiments du passé.
