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2 Septembre 2025
Dénoncé par le Cercle acadien de la langue française, un commerce de Bouctouche revient rapidement au bilinguisme
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Quand le président fondateur du Cercle acadien de la langue française n’est pas content, il le fait savoir. Samedi dernier, Mathieu Gérald Caissie a constaté que le français n’était plus au menu d’un commerce de Grand-Bouctouche. Il a dénoncé la situation sur son réseau social, où plusieurs ont appelé à boycotter l’établissement qui a rapidement corrigé le tir.
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Damien Dauphin
IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien
Directeur général de Nouvelle-Arcadie, Mathieu Gérald Caissie rend visite à ses parents en fin de semaine, à Cocagne. Sur son trajet, il lui arrive fréquemment de s’arrêter au Tim Hortons de Bouctouche pour commander un café. Samedi dernier, il y a constaté un changement qui a fait bouillir son sang de militant francophone.

Dénoncé par le Cercle acadien de la langue française, un commerce de Bouctouche revient rapidement au bilinguisme. (Courtoisie Mathieu Gérald Caissie)
De bilingue qu’il était encore une semaine plus tôt, le menu n’était plus affiché qu’en anglais.
M. Caissie a aussitôt dénoncé ce coup de canif dans le contrat social néo-brunswickois en publiant sur la page Facebook du Cercle acadien un commentaire dans lequel il décernait à l’établissement un «grand prix citron pour son non-respect du fait français dans la ville natale de la regrettée Antonine Maillet».
Contacté par le Moniteur acadien, l’ancien représentant du Nouveau-Brunswick auprès de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a tempêté qu’il était «scandaleux que dans la ville du Pays de la Sagouine et d'Akadi Lumina, qui ont reçu plus de 35 millions de dollars des gouvernements provincial et fédéral pour une revitalisation de ces attractions touristiques et culturelles de l'œuvre littéraire d'Antonine Maillet, les résidents et visiteurs doivent être obligés de se faire servir en anglais seulement au Tim Honteux!»
La publication, qui a été partagée plus de 240 fois et a généré plus de 70 commentaires, contenait des appels au boycottage et à une réponse musclée de la municipalité.
«Voici la démonstration d’un mépris innommable à l’égard des Acadiens de toute la région de la part de propriétaires de commerces qui n’ont aucune sensibilité envers le fait français et encore moins pour la préservation du patrimoine. Devant cette ignominie, la Ville de Bouctouche a le devoir d’intervenir afin de rappeler ce propriétaire à l’ordre, sans quoi elle devra légiférer afin d’assurer la primauté du français dans l’affichage commercial et dans le service à la clientèle. D’autres municipalités l’ont fait et ça marche», a écrit Claude DeGrâce.

Le Moniteur Acadien a constaté par lui-même lundi matin que le menu avait retrouvé illico presto un certain bilinguisme, mais qui fait encore la part belle à la langue de Shakespeare. (Photo : Evérard Maillet)
En raison de la fête du travail lundi, il ne nous a pas été possible d’obtenir un commentaire de la municipalité avant le bouclage du journal.
Face aux menaces de boycottage, l’enseigne fait marche arrière
Pour sa part, Colette Bisson Lacroix est d’avis que les milliers de touristes qui viennent à Bouctouche chaque année doivent pouvoir être servis dans la langue de leur choix. Or, certains sont anglophones. Estimant qu’il est primordial que les services et l’affichage soient disponibles en français, elle croit toutefois que boycotter n’est pas la solution idéale ni la plus constructive.
«Ce qui serait beaucoup plus productif, c’est que la clientèle francophone exige un service en français en tout temps, et demande aux membres du personnel de traduire le menu à chaque fois. Éventuellement, les propriétaires comprendraient et espérons-le s’assureraient d’offrir spontanément l’information dans les deux langues.»
Suite à cette vague de critiques et à un reportage que nos confrères de Radio-Canada ont rapidement effectué sur les lieux de la polémique, le vent a rapidement tourné.
Selon ce qu’a constaté le Moniteur acadien lundi matin, le menu du Tim Hortons de Bouctouche était redevenu bilingue, tout au moins partiellement. À travers le Cercle acadien de la langue française, M. Caissie semble ainsi confirmer son statut d’influenceur de la francophonie néo-brunswickoise.
L’immigration non francophone au banc des accusés
À l’intérieur, une caissière francophone n’avait même pas remarqué que la langue du menu avait changé. Elle a indiqué qu’il y a encore quelques années, les employés devaient être capables de parler français pour travailler dans les Tim Hortons de Dieppe. Ce n’est toutefois plus le cas aujourd’hui. Au banc des accusés: une immigration non-francophone galopante.
«Même chose au Tim à St-Louis de Kent et à Dieppe, qui sont tous gérés par des immigrés qui ne mettent aucun effort à offrir un service en français», a constaté Ghislain Cormier.
Un tsunami d’immigrants qui, outre leur langue maternelle, ne maîtrisent tant bien que mal que l’anglais, pourrait-il porter un coup fatal à la francophonie néo-brunswickoise ? Certains semblent le croire. Quoi qu’il en soit, nombreux sont ceux qui ont observé un recul de la langue de Molière dans le paysage linguistique de la région.
«On remarque depuis quelques années que l’offre active de services en français est moins présente et qu'il est de plus en plus difficile de se faire servir en français», note Mathieu Gérald Caissie.
«En situation minoritaire, il est important que les Acadiens puissent compter sur une offre active de services en français dans les commerces, dépanneurs, stations-services et restaurants à service rapide, surtout dans les communautés acadiennes comme à Bouctouche, Cap-Pelé, Saint-Antoine, Shediac, Saint-Louis-de-Kent et Dieppe», ajoute le militant qui a fait de la défense de la langue française en Acadie «le combat de sa vie».
Halte aux accommodements déraisonnables
Mathieu Gérald Caissie s’est donné pour mission de sonner le réveil et d’éveiller les consciences face à un danger dont il refuse l’inéluctabilité. Selon lui, il est manifeste que le peuple acadien doit se ressaisir et mettre un terme aux «accommodements déraisonnables», sous peine de finir par être entièrement assimilé à une majorité anglophone en pleine croissance.
Colette Bisson Lacroix lui fait écho et lance un appel à la responsabilité, tant individuelle que collective. «Chaque fois qu’on accepte de se faire servir en anglais, on banalise l’idée que le français est optionnel, alors qu’il est légalement et officiellement reconnu. De plus, si nous cessons d’exiger le service en français, nous perdons du terrain dans l’espace public et commercial.»
Lundi matin, même si le Tim Hortons de Bouctouche a retrouvé un semblant de francophonie dans son menu essentiellement anglophone, Danielle Vinette ira consommer ailleurs… avec le sourire.
«Voilà une bonne raison pour aller au P’tit coin acadien à la place. Bien meilleur pour la santé, la bedaine et l’humeur. Juste l’odeur me met la joie au cœur!»
La prochaine conférence du Cercle acadien de la langue française portera sur l’aménagement linguistique du territoire. Elle aura lieu vendredi 24 octobre de 17h à 19h au local 136 A-B du pavillon Léopold-Taillon de l’Université de Moncton.
Avec des renseignements d’Évérard Maillet.
À la une : le menu unilingue anglophone qui a provoqué l’ire du Cercle acadien de la langue française. (Photo : Mathieu Gérald Caissie)
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Damien Dauphin
IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien
Directeur général de Nouvelle-Arcadie, Mathieu Gérald Caissie rend visite à ses parents en fin de semaine, à Cocagne. Sur son trajet, il lui arrive fréquemment de s’arrêter au Tim Hortons de Bouctouche pour commander un café. Samedi dernier, il y a constaté un changement qui a fait bouillir son sang de militant francophone.

Dénoncé par le Cercle acadien de la langue française, un commerce de Bouctouche revient rapidement au bilinguisme. (Courtoisie Mathieu Gérald Caissie)
De bilingue qu’il était encore une semaine plus tôt, le menu n’était plus affiché qu’en anglais.
M. Caissie a aussitôt dénoncé ce coup de canif dans le contrat social néo-brunswickois en publiant sur la page Facebook du Cercle acadien un commentaire dans lequel il décernait à l’établissement un «grand prix citron pour son non-respect du fait français dans la ville natale de la regrettée Antonine Maillet».
Contacté par le Moniteur acadien, l’ancien représentant du Nouveau-Brunswick auprès de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a tempêté qu’il était «scandaleux que dans la ville du Pays de la Sagouine et d'Akadi Lumina, qui ont reçu plus de 35 millions de dollars des gouvernements provincial et fédéral pour une revitalisation de ces attractions touristiques et culturelles de l'œuvre littéraire d'Antonine Maillet, les résidents et visiteurs doivent être obligés de se faire servir en anglais seulement au Tim Honteux!»
La publication, qui a été partagée plus de 240 fois et a généré plus de 70 commentaires, contenait des appels au boycottage et à une réponse musclée de la municipalité.
«Voici la démonstration d’un mépris innommable à l’égard des Acadiens de toute la région de la part de propriétaires de commerces qui n’ont aucune sensibilité envers le fait français et encore moins pour la préservation du patrimoine. Devant cette ignominie, la Ville de Bouctouche a le devoir d’intervenir afin de rappeler ce propriétaire à l’ordre, sans quoi elle devra légiférer afin d’assurer la primauté du français dans l’affichage commercial et dans le service à la clientèle. D’autres municipalités l’ont fait et ça marche», a écrit Claude DeGrâce.

Le Moniteur Acadien a constaté par lui-même lundi matin que le menu avait retrouvé illico presto un certain bilinguisme, mais qui fait encore la part belle à la langue de Shakespeare. (Photo : Evérard Maillet)
En raison de la fête du travail lundi, il ne nous a pas été possible d’obtenir un commentaire de la municipalité avant le bouclage du journal.
Face aux menaces de boycottage, l’enseigne fait marche arrière
Pour sa part, Colette Bisson Lacroix est d’avis que les milliers de touristes qui viennent à Bouctouche chaque année doivent pouvoir être servis dans la langue de leur choix. Or, certains sont anglophones. Estimant qu’il est primordial que les services et l’affichage soient disponibles en français, elle croit toutefois que boycotter n’est pas la solution idéale ni la plus constructive.
«Ce qui serait beaucoup plus productif, c’est que la clientèle francophone exige un service en français en tout temps, et demande aux membres du personnel de traduire le menu à chaque fois. Éventuellement, les propriétaires comprendraient et espérons-le s’assureraient d’offrir spontanément l’information dans les deux langues.»
Suite à cette vague de critiques et à un reportage que nos confrères de Radio-Canada ont rapidement effectué sur les lieux de la polémique, le vent a rapidement tourné.
Selon ce qu’a constaté le Moniteur acadien lundi matin, le menu du Tim Hortons de Bouctouche était redevenu bilingue, tout au moins partiellement. À travers le Cercle acadien de la langue française, M. Caissie semble ainsi confirmer son statut d’influenceur de la francophonie néo-brunswickoise.
L’immigration non francophone au banc des accusés
À l’intérieur, une caissière francophone n’avait même pas remarqué que la langue du menu avait changé. Elle a indiqué qu’il y a encore quelques années, les employés devaient être capables de parler français pour travailler dans les Tim Hortons de Dieppe. Ce n’est toutefois plus le cas aujourd’hui. Au banc des accusés: une immigration non-francophone galopante.
«Même chose au Tim à St-Louis de Kent et à Dieppe, qui sont tous gérés par des immigrés qui ne mettent aucun effort à offrir un service en français», a constaté Ghislain Cormier.
Un tsunami d’immigrants qui, outre leur langue maternelle, ne maîtrisent tant bien que mal que l’anglais, pourrait-il porter un coup fatal à la francophonie néo-brunswickoise ? Certains semblent le croire. Quoi qu’il en soit, nombreux sont ceux qui ont observé un recul de la langue de Molière dans le paysage linguistique de la région.
«On remarque depuis quelques années que l’offre active de services en français est moins présente et qu'il est de plus en plus difficile de se faire servir en français», note Mathieu Gérald Caissie.
«En situation minoritaire, il est important que les Acadiens puissent compter sur une offre active de services en français dans les commerces, dépanneurs, stations-services et restaurants à service rapide, surtout dans les communautés acadiennes comme à Bouctouche, Cap-Pelé, Saint-Antoine, Shediac, Saint-Louis-de-Kent et Dieppe», ajoute le militant qui a fait de la défense de la langue française en Acadie «le combat de sa vie».
Halte aux accommodements déraisonnables
Mathieu Gérald Caissie s’est donné pour mission de sonner le réveil et d’éveiller les consciences face à un danger dont il refuse l’inéluctabilité. Selon lui, il est manifeste que le peuple acadien doit se ressaisir et mettre un terme aux «accommodements déraisonnables», sous peine de finir par être entièrement assimilé à une majorité anglophone en pleine croissance.
Colette Bisson Lacroix lui fait écho et lance un appel à la responsabilité, tant individuelle que collective. «Chaque fois qu’on accepte de se faire servir en anglais, on banalise l’idée que le français est optionnel, alors qu’il est légalement et officiellement reconnu. De plus, si nous cessons d’exiger le service en français, nous perdons du terrain dans l’espace public et commercial.»
Lundi matin, même si le Tim Hortons de Bouctouche a retrouvé un semblant de francophonie dans son menu essentiellement anglophone, Danielle Vinette ira consommer ailleurs… avec le sourire.
«Voilà une bonne raison pour aller au P’tit coin acadien à la place. Bien meilleur pour la santé, la bedaine et l’humeur. Juste l’odeur me met la joie au cœur!»
La prochaine conférence du Cercle acadien de la langue française portera sur l’aménagement linguistique du territoire. Elle aura lieu vendredi 24 octobre de 17h à 19h au local 136 A-B du pavillon Léopold-Taillon de l’Université de Moncton.
Avec des renseignements d’Évérard Maillet.
À la une : le menu unilingue anglophone qui a provoqué l’ire du Cercle acadien de la langue française. (Photo : Mathieu Gérald Caissie)
