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16 Octobre 2025
Nouvelle-Arcadie veut revitaliser le monument Notre-Dame-de-l’Assomption à Rogersville
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Mausolée qui abrite le tombeau de Mgr Marcel-François Richard, le monument Notre-Dame-de-l’Assomption à Rogersville a besoin d’une cure de jouvence. Aux dires des autorités municipales, il pourrait même retrouver sa splendeur originelle! Un comité a été formé pour en étudier la faisabilité.
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Damien Dauphin - Initiative de journalisme local
Un projet de revitalisation du Monument Notre-Dame-de-l’Assomption est sur une rampe de lancement à Rogersville. Vendredi 26 septembre, une première réunion s’est tenue dans la salle communautaire de l’édifice municipal de Nouvelle-Arcadie. Elle réunissait quelques autorités qualifiées chargées d’éclairer l’initiative de leurs lumières.

L’édifice abrite le tombeau monumental de Mgr Marcel-François Richard, que le maire Jimmy Bourque fait découvrir à Norma Dubé, vice-présidente de la SNA. (Photo : Damien Dauphin)
Autour du maire Jimmy Bourque et de son directeur général, Mathieu Gérald Caissie, se tenaient notamment l’historien Maurice Basque, conseiller scientifique de l’Institut d’études acadiennes de l’Université de Moncton; Bernard Thériault, maire de Caraquet et président de la Commission des lieux et monuments historiques du Canada; Norma Dubé, vice-présidente de la Société Nationale de l’Acadie (SNA); et Anne Hamilton, directrice de l’Archéologie et du Patrimoine au ministère du Tourisme, Patrimoine et Culture de la province.
De Memramcook où la première convention nationale acadienne fut tenue en 1881, à Caraquet considérée comme la capitale de l’Acadie, en passant par Saint-Louis et Rogersville, les témoignages de la Renaissance acadienne ne manquent pas.
Bernard Thériault a informé ses pairs que le gouvernement fédéral a déjà choisi le Monument-Lefebvre à Memramcook pour célébrer la Renaissance acadienne. S’agissant de Marcel-François-Richard, c’est son berceau, Saint-Louis-de-Kent, qui bénéficie de sa désignation nationale. Cependant, sa figure tutélaire plane aussi sur le village où il a fini ses jours. Nouvelle-Arcadie entend capitaliser sur ce point. Peut-elle le faire autour d’un tombeau immense comme ceux que l’on peut voir au Panthéon à Paris?
«Ce que veulent la municipalité et les membres du conseil, c’est un projet porteur et rassembleur pour le peuple acadien, pas seulement du Nouveau-Brunswick, mais également des communautés acadiennes de l’Île-du-Prince-Édouard et de la Nouvelle-Écosse, car elles partagent les mêmes symboles nationaux», a indiqué d’entrée de jeu M. Caissie.
Circuit patrimonial acadien
Le fonctionnaire municipal a précisé que le projet, dont les contours restent à définir, n’entrera pas en concurrence avec d’autres. À titre d’exemple, il a cité la municipalité de Beaurivage où, à Saint-Louis-de-Kent, flotte le plus grand drapeau en l’honneur de Mgr Marcel-François-Richard qui en est l’auteur.
«Avec ce projet, nous voudrions créer une synergie avec d’autres communautés sous forme de circuit patrimonial autour des symboles acadiens», a avancé M. Caissie.
Que faire avec le monument qui appartient à l’archidiocèse de Moncton? En sa qualité de maire de Caraquet, Bernard Thériault voudrait sauver chez lui le sanctuaire Sainte-Anne-du-Bocage, et celui-ci appartient au diocèse de l’endroit. L’édile de la Péninsule acadienne n’a pas mâché ses mots.
«C’est un foutu problème! Je ne sais pas si c’est le cas ici, mais chez nous, on ne peut pas changer une porte sans que l’évêque, qui n’a aucune idée de ce qui se passe, ne vienne s’en mêler.»
Il a également fait observer que la possession par une communauté religieuse ferme la porte à certaines subventions gouvernementales. Pour autant, peut-on assimiler ce monument à une église paroissiale? La question est posée.
Le bon moment pour innover
Le président de la Commission des lieux et monuments historiques du Canada dit avoir constaté un essoufflement dans l'ensemble du pays sur tous les sites historiques, souvent autour de ce qui a été construit dans les années 70 au plein milieu de l'effervescence nationaliste ou patriotique. Au Village historique acadien à Bertrand, sur son territoire, comme ailleurs, il a remarqué le défi de se renouveler face au conservatisme de certains et à leur réticence à innover.
«Je pense que vous êtes exactement dans le bon questionnement au bon moment. Il s’agit de redonner une pertinence à celui qui est, sans équivoque, le personnage le plus illustre de notre identité acadienne.»
Au mausolée de l’Acadien le plus illustre, va-t-on redonner son lustre? Nouvelle-Arcadie voit les choses en grand et n’exclut pas la possibilité de reconstruire l’édifice tel qu’il se dressait en 1912 avant d’être détruit par un incendie en 1969. Le monument actuel date de 1972.
«On ressent qu'il y a peut -être une importance d'étudier une reconstruction du monument d'origine pour réellement donner à Mgr Marcel-François Richard le bijou qu'il avait donné au peuple acadien», soutient Mathieu Gérald Caissie qui évoque Port Royal et la forteresse de Louisbourg, «plus grande reconstruction historique en Amérique du Nord».
La SNA prête à aider
La prochaine étape va consister en la mise sur place d'un comité formel pour étudier les options de revitalisation du monument. Celui-ci travaillerait avec le comité du monument, la municipalité et le gouvernement de Nouveau-Brunswick avec la direction du patrimoine.
«On aimerait impliquer le fédéral, donc Parcs Canada, et évidemment les organismes acadiens: la Société de l'Acadie du Nouveau-Brunswick et surtout la Société nationale de l'Acadie, car c'est elle la garante des symboles acadiens», a indiqué le maire.
L’appel lancé en direction de la SNA a bien été noté par sa vice-présidente, Norma Dubé. L’organisme tiendra son assemblée générale annuelle le mois prochain.
«On a une nouvelle présidence qui va commencer, a-t-elle dit. Il y a des réflexions, une nouvelle gouvernance. Le timing est probablement bon pour déterrer certaines bonnes choses qui ont été faites et voir de quelle façon on peut activer, parce que c'est sûr que la SNA a un rôle. Il s'agit de voir quel est ce rôle et de quelle façon on peut le jouer, mais on va être avec vous.»
Mgr Marcel-François Richard (1847-1915)
Né le 9 avril 1847 à Saint-Louis-de-Kent, Marcel-François Richard lutta toute sa vie pour l’avancement du français en Acadie et pour les droits du peuple acadien. On doit à ce patriote artisan de la Renaissance acadienne l’adoption du tricolore étoilé comme drapeau acadien, et l’Ave Maris Stella comme hymne national.
Généralement considéré comme le fondateur des paroisses d’Acadieville et de Rogersville, il y a participé à plusieurs projets de construction d’églises et d’écoles, souvent au moyen d’investissements financiers personnels. Il est mort à Rogersville le 18 juin 1915 après y avoir passé la plus grande partie de sa vie d’adulte.
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Damien Dauphin - Initiative de journalisme local
Un projet de revitalisation du Monument Notre-Dame-de-l’Assomption est sur une rampe de lancement à Rogersville. Vendredi 26 septembre, une première réunion s’est tenue dans la salle communautaire de l’édifice municipal de Nouvelle-Arcadie. Elle réunissait quelques autorités qualifiées chargées d’éclairer l’initiative de leurs lumières.

L’édifice abrite le tombeau monumental de Mgr Marcel-François Richard, que le maire Jimmy Bourque fait découvrir à Norma Dubé, vice-présidente de la SNA. (Photo : Damien Dauphin)
Autour du maire Jimmy Bourque et de son directeur général, Mathieu Gérald Caissie, se tenaient notamment l’historien Maurice Basque, conseiller scientifique de l’Institut d’études acadiennes de l’Université de Moncton; Bernard Thériault, maire de Caraquet et président de la Commission des lieux et monuments historiques du Canada; Norma Dubé, vice-présidente de la Société Nationale de l’Acadie (SNA); et Anne Hamilton, directrice de l’Archéologie et du Patrimoine au ministère du Tourisme, Patrimoine et Culture de la province.
De Memramcook où la première convention nationale acadienne fut tenue en 1881, à Caraquet considérée comme la capitale de l’Acadie, en passant par Saint-Louis et Rogersville, les témoignages de la Renaissance acadienne ne manquent pas.
Bernard Thériault a informé ses pairs que le gouvernement fédéral a déjà choisi le Monument-Lefebvre à Memramcook pour célébrer la Renaissance acadienne. S’agissant de Marcel-François-Richard, c’est son berceau, Saint-Louis-de-Kent, qui bénéficie de sa désignation nationale. Cependant, sa figure tutélaire plane aussi sur le village où il a fini ses jours. Nouvelle-Arcadie entend capitaliser sur ce point. Peut-elle le faire autour d’un tombeau immense comme ceux que l’on peut voir au Panthéon à Paris?
«Ce que veulent la municipalité et les membres du conseil, c’est un projet porteur et rassembleur pour le peuple acadien, pas seulement du Nouveau-Brunswick, mais également des communautés acadiennes de l’Île-du-Prince-Édouard et de la Nouvelle-Écosse, car elles partagent les mêmes symboles nationaux», a indiqué d’entrée de jeu M. Caissie.
Circuit patrimonial acadien
Le fonctionnaire municipal a précisé que le projet, dont les contours restent à définir, n’entrera pas en concurrence avec d’autres. À titre d’exemple, il a cité la municipalité de Beaurivage où, à Saint-Louis-de-Kent, flotte le plus grand drapeau en l’honneur de Mgr Marcel-François-Richard qui en est l’auteur.
«Avec ce projet, nous voudrions créer une synergie avec d’autres communautés sous forme de circuit patrimonial autour des symboles acadiens», a avancé M. Caissie.
Que faire avec le monument qui appartient à l’archidiocèse de Moncton? En sa qualité de maire de Caraquet, Bernard Thériault voudrait sauver chez lui le sanctuaire Sainte-Anne-du-Bocage, et celui-ci appartient au diocèse de l’endroit. L’édile de la Péninsule acadienne n’a pas mâché ses mots.
«C’est un foutu problème! Je ne sais pas si c’est le cas ici, mais chez nous, on ne peut pas changer une porte sans que l’évêque, qui n’a aucune idée de ce qui se passe, ne vienne s’en mêler.»
Il a également fait observer que la possession par une communauté religieuse ferme la porte à certaines subventions gouvernementales. Pour autant, peut-on assimiler ce monument à une église paroissiale? La question est posée.
Le bon moment pour innover
Le président de la Commission des lieux et monuments historiques du Canada dit avoir constaté un essoufflement dans l'ensemble du pays sur tous les sites historiques, souvent autour de ce qui a été construit dans les années 70 au plein milieu de l'effervescence nationaliste ou patriotique. Au Village historique acadien à Bertrand, sur son territoire, comme ailleurs, il a remarqué le défi de se renouveler face au conservatisme de certains et à leur réticence à innover.
«Je pense que vous êtes exactement dans le bon questionnement au bon moment. Il s’agit de redonner une pertinence à celui qui est, sans équivoque, le personnage le plus illustre de notre identité acadienne.»
Au mausolée de l’Acadien le plus illustre, va-t-on redonner son lustre? Nouvelle-Arcadie voit les choses en grand et n’exclut pas la possibilité de reconstruire l’édifice tel qu’il se dressait en 1912 avant d’être détruit par un incendie en 1969. Le monument actuel date de 1972.
«On ressent qu'il y a peut -être une importance d'étudier une reconstruction du monument d'origine pour réellement donner à Mgr Marcel-François Richard le bijou qu'il avait donné au peuple acadien», soutient Mathieu Gérald Caissie qui évoque Port Royal et la forteresse de Louisbourg, «plus grande reconstruction historique en Amérique du Nord».
La SNA prête à aider
La prochaine étape va consister en la mise sur place d'un comité formel pour étudier les options de revitalisation du monument. Celui-ci travaillerait avec le comité du monument, la municipalité et le gouvernement de Nouveau-Brunswick avec la direction du patrimoine.
«On aimerait impliquer le fédéral, donc Parcs Canada, et évidemment les organismes acadiens: la Société de l'Acadie du Nouveau-Brunswick et surtout la Société nationale de l'Acadie, car c'est elle la garante des symboles acadiens», a indiqué le maire.
L’appel lancé en direction de la SNA a bien été noté par sa vice-présidente, Norma Dubé. L’organisme tiendra son assemblée générale annuelle le mois prochain.
«On a une nouvelle présidence qui va commencer, a-t-elle dit. Il y a des réflexions, une nouvelle gouvernance. Le timing est probablement bon pour déterrer certaines bonnes choses qui ont été faites et voir de quelle façon on peut activer, parce que c'est sûr que la SNA a un rôle. Il s'agit de voir quel est ce rôle et de quelle façon on peut le jouer, mais on va être avec vous.»
Mgr Marcel-François Richard (1847-1915)
Né le 9 avril 1847 à Saint-Louis-de-Kent, Marcel-François Richard lutta toute sa vie pour l’avancement du français en Acadie et pour les droits du peuple acadien. On doit à ce patriote artisan de la Renaissance acadienne l’adoption du tricolore étoilé comme drapeau acadien, et l’Ave Maris Stella comme hymne national.
Généralement considéré comme le fondateur des paroisses d’Acadieville et de Rogersville, il y a participé à plusieurs projets de construction d’églises et d’écoles, souvent au moyen d’investissements financiers personnels. Il est mort à Rogersville le 18 juin 1915 après y avoir passé la plus grande partie de sa vie d’adulte.
