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22 Octobre 2025
Le DSFS fait marche arrière et retire la viande halal des cantines scolaires
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En concertation avec le Réseau des cafétérias communautaires (RCC), le District scolaire francophone Sud (DSFS) a décidé de retirer la viande halal du menu des 26 cantines gérées par le RCC. Tandis que les parents qui avaient lancé l’alerte se déclarent satisfaits, d’autres se désolent de voir l’inclusivité disparaître de la carte des repas.
Damien Dauphin
Le Moniteur Acadien – Initiative de journalisme local
Servie dans les cantines de 26 écoles du DSFS, la viande offerte aux élèves était 100% halal (conforme à la religion musulmane) depuis la rentrée. Effectuée dans la discrétion, cette modification avait soulevé les préoccupations de certains parents d’élèves qui ont alerté les médias.
Sommé d’en expliquer la raison, le District avait mis de l’avant une démarche d’inclusivité associée à des économies d’échelle. L’argument n’a pas convaincu les parents qui ont fait campagne pour qu’une viande sans connotation religieuse revienne au menu.
Devant l’ampleur de la controverse, le DSFS avait annoncé qu’il allait faire machine arrière. C’est désormais chose faite et officialisée par un courriel adressé aux parents d’élèves mercredi 15 octobre et dont Le Moniteur Acadien a obtenu copie. Le document est cosigné par la directrice générale du DSFS, Monique Boudreau, et par le gérant du RCC, Rick Nicholson.
«Dernièrement, certains d’entre vous nous ont fait part de leurs préoccupations concernant l’offre exclusive de viande halal dans les cafétérias de notre district qui sont gérées par le Réseau des cafétérias communautaires (RCC). Nous avons consulté le RCC, qui a accepté d’élargir son menu, en continuant de tenir compte des divers besoins et demandes d’accommodement de notre communauté scolaire», peut-on y lire.
La courriel précise que le RCC n’impose plus à ses fournisseurs la certification halal dans ses achats de viande, mais qu’il peut arriver que certains produits proviennent de sources halal. Concrètement, l’alimentation halal ne disparaît pas mais devient indétectable, d’autant que, comme l’avançait Mme Boudreau, «cela ne change rien au goût».
Une option végétarienne, qui variera d’une journée à l’autre et ne sera pas explicitée dans le menu, sera offerte aux élèves. Pour des raisons de logistique, elle devra être commandée à l’avance.
La décision a suscité de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux et, le moins que l’on puisse, c’est que les avis étaient partagés.
Échanges musclés sur les réseaux
Robert Blanchard, de Moncton, a critiqué la décision prise en amont. Selon lui, elle a causé du tort au lien social et ébranlé la confiance du public envers l’institution.
«On a seulement nourri une méfiance envers les émigrants, les nouveaux arrivants: bien des dégâts et un prix fort payer en matière de paix sociale. Notre souhait le plus sincère est que chaque famille se sente accueillie et respectée dans nos écoles. Eh bien, c'est l'inverse qu'à créé le manque de jugement.»
Originaire de Rabat (Maroc), Malika Moubaraki comprend que l’on ne souhaite pas être obligé de manger de la viande halal, mais pas que le choix soit supprimé. «Si l'objectif était que tout le monde se sente accueilli et respecté, je pense que ça aurait pu être mieux fait.»
S’exprimant sous le pseudonyme de Lina Umut, une internaute est aussi d’avis que l’option halal non obligatoire aurait pu être conservé, ou à défaut, du poulet, et exprime sa déception. «Une chose est sûre, le but n'est sûrement pas l'inclusion, mais au contraire l'exclusion des enfants musulmans.»
Prouvant l’analyse de Robert Blanchard ci-dessus, cette tirade lui a valu des commentaires racistes l’invitant en substance à retourner dans son pays d’origine. Le Moniteur Acadien préfère n’en pas reproduire la teneur.
Luc Vienneau espère que l’événement fera réaliser qu’à l’avenir, les bonnes décisions doivent être prises en amont plutôt qu’en réaction à des pressions ou à des polémiques. Au passage, il a dénoncé le prosélytisme islamique.
«Chaque fois qu’une personne consomme un produit halal, elle contribue à financer un système de certification religieux, souvent par le biais de frais ou de redevances qui bénéficient à des organismes liés au culte», a-t-il exprimé.
Il avance que les équarisseurs halal bénéficient d’une dérogation religieuse qu’il qualifie de «concurrence déloyale envers les abattoirs soumis aux normes canadiennes strictes de bien-être animal.»
Et le bien-être animal est justement le cheval de bataille de Yoan Bourgoin, biologiste et chroniqueur environnementaliste, à qui revient le mot de la fin.
«Toute cette controverse passe à côté du véritable enjeu: la viande elle-même.
Quand on pense au traitement infligé chaque année à des milliards d’animaux, à l’empreinte écologique monstrueux de l’élevage et aux effets d’une consommation excessive sur la santé, c’est de cela qu’il faut parler.»
Damien Dauphin
Le Moniteur Acadien – Initiative de journalisme local
Servie dans les cantines de 26 écoles du DSFS, la viande offerte aux élèves était 100% halal (conforme à la religion musulmane) depuis la rentrée. Effectuée dans la discrétion, cette modification avait soulevé les préoccupations de certains parents d’élèves qui ont alerté les médias.
Sommé d’en expliquer la raison, le District avait mis de l’avant une démarche d’inclusivité associée à des économies d’échelle. L’argument n’a pas convaincu les parents qui ont fait campagne pour qu’une viande sans connotation religieuse revienne au menu.
Devant l’ampleur de la controverse, le DSFS avait annoncé qu’il allait faire machine arrière. C’est désormais chose faite et officialisée par un courriel adressé aux parents d’élèves mercredi 15 octobre et dont Le Moniteur Acadien a obtenu copie. Le document est cosigné par la directrice générale du DSFS, Monique Boudreau, et par le gérant du RCC, Rick Nicholson.
«Dernièrement, certains d’entre vous nous ont fait part de leurs préoccupations concernant l’offre exclusive de viande halal dans les cafétérias de notre district qui sont gérées par le Réseau des cafétérias communautaires (RCC). Nous avons consulté le RCC, qui a accepté d’élargir son menu, en continuant de tenir compte des divers besoins et demandes d’accommodement de notre communauté scolaire», peut-on y lire.
La courriel précise que le RCC n’impose plus à ses fournisseurs la certification halal dans ses achats de viande, mais qu’il peut arriver que certains produits proviennent de sources halal. Concrètement, l’alimentation halal ne disparaît pas mais devient indétectable, d’autant que, comme l’avançait Mme Boudreau, «cela ne change rien au goût».
Une option végétarienne, qui variera d’une journée à l’autre et ne sera pas explicitée dans le menu, sera offerte aux élèves. Pour des raisons de logistique, elle devra être commandée à l’avance.
La décision a suscité de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux et, le moins que l’on puisse, c’est que les avis étaient partagés.
Échanges musclés sur les réseaux
Robert Blanchard, de Moncton, a critiqué la décision prise en amont. Selon lui, elle a causé du tort au lien social et ébranlé la confiance du public envers l’institution.
«On a seulement nourri une méfiance envers les émigrants, les nouveaux arrivants: bien des dégâts et un prix fort payer en matière de paix sociale. Notre souhait le plus sincère est que chaque famille se sente accueillie et respectée dans nos écoles. Eh bien, c'est l'inverse qu'à créé le manque de jugement.»
Originaire de Rabat (Maroc), Malika Moubaraki comprend que l’on ne souhaite pas être obligé de manger de la viande halal, mais pas que le choix soit supprimé. «Si l'objectif était que tout le monde se sente accueilli et respecté, je pense que ça aurait pu être mieux fait.»
S’exprimant sous le pseudonyme de Lina Umut, une internaute est aussi d’avis que l’option halal non obligatoire aurait pu être conservé, ou à défaut, du poulet, et exprime sa déception. «Une chose est sûre, le but n'est sûrement pas l'inclusion, mais au contraire l'exclusion des enfants musulmans.»
Prouvant l’analyse de Robert Blanchard ci-dessus, cette tirade lui a valu des commentaires racistes l’invitant en substance à retourner dans son pays d’origine. Le Moniteur Acadien préfère n’en pas reproduire la teneur.
Luc Vienneau espère que l’événement fera réaliser qu’à l’avenir, les bonnes décisions doivent être prises en amont plutôt qu’en réaction à des pressions ou à des polémiques. Au passage, il a dénoncé le prosélytisme islamique.
«Chaque fois qu’une personne consomme un produit halal, elle contribue à financer un système de certification religieux, souvent par le biais de frais ou de redevances qui bénéficient à des organismes liés au culte», a-t-il exprimé.
Il avance que les équarisseurs halal bénéficient d’une dérogation religieuse qu’il qualifie de «concurrence déloyale envers les abattoirs soumis aux normes canadiennes strictes de bien-être animal.»
Et le bien-être animal est justement le cheval de bataille de Yoan Bourgoin, biologiste et chroniqueur environnementaliste, à qui revient le mot de la fin.
«Toute cette controverse passe à côté du véritable enjeu: la viande elle-même.
Quand on pense au traitement infligé chaque année à des milliards d’animaux, à l’empreinte écologique monstrueux de l’élevage et aux effets d’une consommation excessive sur la santé, c’est de cela qu’il faut parler.»
