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21 Novembre 2024
LE CONSULAT GÉNÉRAL DE FRANCE À MONCTON A 60 ANS
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C’est un anniversaire qui aurait pu ne jamais être fêté. Il y a cinq ans, des coupures budgétaires ont failli mettre un terme à la présence consulaire française en Acadie. Sa vocation ayant été redéfinie, le consulat général de France à Moncton a soufflé ses soixante bougies.
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Damien Dauphin
IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien
En quittant ses fonctions de consul général de France en décembre 2023, Johan Schitterer a laissé une forte impression derrière lui. Il était de ce fait inévitable qu’il soit l’invité inattendu de la réception organisée vendredi dernier au Centre des arts et de la culture de Dieppe pour les 60 ans de l’établissement du poste consulaire à Moncton.

Parmi les invités présents, on peut reconnaître Robert Gauvin, Dawn Arnold, Ginette Petitpas Taylor, Maud-Andrée Lefebvre, Martin Théberge, Jules Chiasson et Luc Doucet. Au centre, Denis Quénelle, attaché de coopération et d’action culturelle. (Photo : Damien Dauphin)
C’est virtuellement et via une capsule vidéo de deux minutes que le diplomate s’est exprimé. Il a évoqué la mémoire de trois grands francophones qu’il a côtoyés durant son mandat. Le professeur Thierry Chopin, consul honoraire à Saint-Jean, décédé subitement l’été dernier alors qu’il venait de prendre sa retraite ; Benoît Duguay et Robert Pichette.
C’est ce dernier qui, s’il avait vécu, aurait raconté l’histoire du déménagement à Moncton du consulat français qui jusqu’en 1964 était à Halifax. C’est à l’ancien président de la Société Nationale de l’Acadie (SNA) et professeur de science politique à l’Université de Moncton, Roger Ouellette, qu’est revenu cet honneur.

À sa grande surprise, la nouvelle ministre de l’Éducation du Développement de la petite enfance, Claire Johnson, a été invitée par le consul général Bertrand Cahuet à prononcer une petite allocution. Mme Johnson a bénéficié autrefois d’une bourse France-Acadie qui lui a permis d’effectuer un semestre dans une université française. (Photo : Damien Dauphin)
«Même le maire de Moncton de l’époque, Leonard Jones, connu pour ses sentiments anti-bilinguisme, reçut le premier consul de France Moncton à la mairie pour la signature du livre d’or de la municipalité», a-t-il appris au public présent, indiquant que les deux journaux anglophones de l’époque, The Moncton Daily et The Moncton Transcript, avaient eux aussi favorablement salué l’implantation d’un consulat français de plein exercice.
La mairesse Dawn Arnold a rappelé que, cette année, sa ville a célébré le 25e anniversaire du Sommet de la Francophonie et de la fondation de l’Alliance française de Moncton. Du chemin a été fait depuis le mandat de Leonard Jones jusqu’à celui de Brian Murphy qui fit de Moncton une ville officiellement bilingue. «Le consulat général de France a contribué à l’épanouissement du français dans la ville», a reconnu l’édile francophile.
Ministre responsable de la Francophonie pour la deuxième fois de sa carrière politique, Robert Gauvin a participé à une première rencontre bilatérale avec l’ambassadeur et le consul général de France. (Photo : Damien Dauphin)
«Il y a 60 ans, Lester B. Pearson était Premier ministre du Canada, Louis-J. Robichaud, premier ministre du Nouveau-Brunswick, et Yvon Lapierre, maire de Dieppe!», a plaisanté Robert Gauvin, dont c’était la première activité officielle à titre de ministre responsable de la Francophonie. Il occupait déjà ce poste il y a cinq ans lorsque la fermeture du consulat était planifiée depuis Paris.
L’ambassadeur de France au Canada, Michel Miraillet, a rejeté le blâme de ce projet sur les fonctionnaires du ministère de l’Économie et des Finances. Il a rendu hommage à Antonine Maillet, tête de pont d’une délégation d’Acadiens qui ont contribué à convaincre le président Macron de renverser la décision.
«Le président a pris la décision qui s’imposait, non seulement de maintenir mais aussi de renforcer le consulat», a dit l’ambassadeur.
M. Miraillet a salué une nouvelle dynamique qu’accompagne la nomination d’experts techniques internationaux dans les Provinces atlantiques. Il a évoqué des pistes de renforcement de la collaboration entre la France et le Nouveau-Brunswick. Il estime que l’usage du français est un atout extraordinaire qui désigne le Canada comme l’interlocuteur naturel de la France, en particulier à la lumière des élections américaines.
«Notre voisin a récemment choisi un président dont on ne sait qu’une seule chose, c’est qu’il est pour le moins imprévisible ou peut-être trop prévisible. On ne peut donc pas construire uniquement dans l’axe avec les Américains. A l’inverse, le Canada et la France partagent des valeurs qui vont bien au-delà de ces péripéties électorales.»
Fonctionnant autrefois comme l’équivalent de Service Canada et de Service Nouveau-Brunswick pour la communauté française expatriée, le consulat général de France a été déchargé de ses tâches administratives pour se concentrer sur d’autres missions. Les relations économiques y prennent davantage d’ampleur.
La Commission de services régionaux Sud-Est vient de signer une entente avec le Grand Châtellerault, dans le département de la Vienne (région Nouvelle-Aquitaine). De nouvelles ententes sont sur le point d’être signées avec les départements de la Charente-Maritime et de la Seine-Maritime. Opportunités Nouveau-Brunswick ira en mission à Paris et à Lyon en mars 2025.
«Je vous promets que dans les prochaines semaines, nous allons rencontrer tous les ministères et partenaires pour mettre à jour notre stratégie avec la France et prévoir les activités complètes pour les prochaines années», a indiqué Robert Gauvin qui avait participé, dans l’après-midi, à sa première rencontre bilatérale avec l’ambassadeur et le consul général de France.
