Opinion
19 Décembre 2025
L’ombre de Pierre Elliott Trudeau plane sur les nouveaux transfuges politiques
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Les ralliements de Chris d'Entremont, député d'Acadie—Annapolis en Nouvelle Écosse (17 novembre), et de Michael Ma, député de Markham—Unionville de Toronto en Ontario (11 décembre), du Parti conservateur vers le Parti libéral marquent une rupture profonde avec les allégeances traditionnelles. À travers le prisme de la pensée de Pierre Elliott Trudeau, premier ministre du Canada de 1968 à 1979 puis de 1980 à 1984, ces événements dessinent les contours d’un nouveau nationalisme canadien où l’État prime sur le parti.
La primauté de l'État sur la partisanerie
Les décisions récentes concernant ces transfuges ne sont pas anodines. Pour comprendre la portée symbolique de ces gestes, il faut convoquer la mémoire de Pierre Elliott Trudeau. Celui qui voyait l'État canadien dans ses trois niveaux de gouvernement, fédéral, provincial/territorial et municipal s'étendre « de Vancouver à Halifax » n'aurait pas perçu ces défections comme de vulgaires calculs de carrière. Il y aurait vu la preuve tangible que les vieilles loyautés s'effritent au profit d'une fidélité supérieure : celle due à l'État canadien, seul garant de l'unité nationale.
À cet égard, Pierre Elliott Trudeau a toujours insisté sur l'équilibre entre mémoire et modernité, aurait interprété ce passage du camp conservateur vers les libéraux comme une affirmation de la primauté du projet national sur les fidélités partisanes. Dans cette optique, l'identité politique ne se définit plus par la carte de membre, mais par l'appartenance à un Canada souverain et moderne.
L'énergie comme levier de souveraineté
Cette lecture souverainiste trouve un écho particulier dans l'actualité économique, marquée par un budget de 51 milliards de dollars canadiens pour les infrastructures énergétiques. L'ancien premier ministre, familier des tensions entre souveraineté économique et dépendance aux multinationales, aurait vu dans ce programme une tentative de bâtir une puissance énergétique nationale du XXIe siècle. Pour lui, l'énergie n'était pas seulement une ressource économique, mais un instrument de pouvoir et d'indépendance politique.
Dans ce contexte, Trudeau aurait sans doute identifié un nouveau péril : la montée des « techno-césars », ces entrepreneurs du numérique devenus souverains dans le secteur de l'énergie mondial. Il aurait dénoncé la dissolution des souverainetés traditionnelles dans l'empire des algorithmes et insisté pour que l'État demeure le gardien de l'équilibre entre mémoire collective et modernité technologique. Les transfuges, en rejoignant le gouvernement, seraient ainsi perçus comme des acteurs cherchant à préserver cet équilibre face à la mondialisation technico-industrielle.
Le péril de l'exclusion du Québec
Toutefois, l'analyse trudeauiste comporterait une mise en garde sévère. Le choix stratégique des décideurs libéraux du Grand Toronto de gouverner sans le Québec constituerait, à ses yeux, une fracture majeure.
Trudeau voyait dans la dualité Ontario-Québec le fondement même de la légitimité fédérale. Il aurait dénoncé une telle évolution comme une vassalisation heureuse, craignant qu'un Canada réduit à une logique majoritaire ontarienne ne dissolve la mémoire francophone dans une modernité pragmatique. Sa vision impliquait de réinscrire le Québec dans le projet national par principe de cohésion identitaire, et non par simple calcul électoral.
Vers une nouvelle dynamique fédérale
En définitive, Pierre Elliott Trudeau aurait vu en Chris d'Entremont et Michael Ma des révélateurs de la fragilité des loyautés partisanes dans un système fédéral fragmenté. Leur ralliement illustre une nouvelle dynamique où l'avenir collectif prime sur l'héritage partisan.
Cette évolution rejoint la vision fondamentale de l'ancien chef libéral : l'État canadien doit être le lieu ultime de l'affirmation nationale, au-delà des divisions de partis. La loyauté politique, en 2025 comme lors des référendums sur la souveraineté politique du Québec de 1980 et de 1995, se définit par l'adhésion au projet fédéral.
Gilles Couture
Administrateur
Québec
La primauté de l'État sur la partisanerie
Les décisions récentes concernant ces transfuges ne sont pas anodines. Pour comprendre la portée symbolique de ces gestes, il faut convoquer la mémoire de Pierre Elliott Trudeau. Celui qui voyait l'État canadien dans ses trois niveaux de gouvernement, fédéral, provincial/territorial et municipal s'étendre « de Vancouver à Halifax » n'aurait pas perçu ces défections comme de vulgaires calculs de carrière. Il y aurait vu la preuve tangible que les vieilles loyautés s'effritent au profit d'une fidélité supérieure : celle due à l'État canadien, seul garant de l'unité nationale.
À cet égard, Pierre Elliott Trudeau a toujours insisté sur l'équilibre entre mémoire et modernité, aurait interprété ce passage du camp conservateur vers les libéraux comme une affirmation de la primauté du projet national sur les fidélités partisanes. Dans cette optique, l'identité politique ne se définit plus par la carte de membre, mais par l'appartenance à un Canada souverain et moderne.
L'énergie comme levier de souveraineté
Cette lecture souverainiste trouve un écho particulier dans l'actualité économique, marquée par un budget de 51 milliards de dollars canadiens pour les infrastructures énergétiques. L'ancien premier ministre, familier des tensions entre souveraineté économique et dépendance aux multinationales, aurait vu dans ce programme une tentative de bâtir une puissance énergétique nationale du XXIe siècle. Pour lui, l'énergie n'était pas seulement une ressource économique, mais un instrument de pouvoir et d'indépendance politique.
Dans ce contexte, Trudeau aurait sans doute identifié un nouveau péril : la montée des « techno-césars », ces entrepreneurs du numérique devenus souverains dans le secteur de l'énergie mondial. Il aurait dénoncé la dissolution des souverainetés traditionnelles dans l'empire des algorithmes et insisté pour que l'État demeure le gardien de l'équilibre entre mémoire collective et modernité technologique. Les transfuges, en rejoignant le gouvernement, seraient ainsi perçus comme des acteurs cherchant à préserver cet équilibre face à la mondialisation technico-industrielle.
Le péril de l'exclusion du Québec
Toutefois, l'analyse trudeauiste comporterait une mise en garde sévère. Le choix stratégique des décideurs libéraux du Grand Toronto de gouverner sans le Québec constituerait, à ses yeux, une fracture majeure.
Trudeau voyait dans la dualité Ontario-Québec le fondement même de la légitimité fédérale. Il aurait dénoncé une telle évolution comme une vassalisation heureuse, craignant qu'un Canada réduit à une logique majoritaire ontarienne ne dissolve la mémoire francophone dans une modernité pragmatique. Sa vision impliquait de réinscrire le Québec dans le projet national par principe de cohésion identitaire, et non par simple calcul électoral.
Vers une nouvelle dynamique fédérale
En définitive, Pierre Elliott Trudeau aurait vu en Chris d'Entremont et Michael Ma des révélateurs de la fragilité des loyautés partisanes dans un système fédéral fragmenté. Leur ralliement illustre une nouvelle dynamique où l'avenir collectif prime sur l'héritage partisan.
Cette évolution rejoint la vision fondamentale de l'ancien chef libéral : l'État canadien doit être le lieu ultime de l'affirmation nationale, au-delà des divisions de partis. La loyauté politique, en 2025 comme lors des référendums sur la souveraineté politique du Québec de 1980 et de 1995, se définit par l'adhésion au projet fédéral.
Gilles Couture
Administrateur
Québec
