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8 Octobre 2024
EN MÉMOIRE DES VICTIMES DES PENSIONNATS AUTOCHTONES
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De passage à Whitehorse (Yukon) pour le Congrès national de Réseau.Presse, Le Moniteur Acadien s’est rendu au Centre culturel de Haines Junction. Nous y avons été accueillis en français par John Fingland, membre de la Première Nation de Champagne et d’Aishihik. Avec un talent de conteur, il nous a dévoilé la géographie impressionnante de son territoire du nord-ouest canadien qui borde l’Alaska, et exposé des éléments de l’histoire des peuples autochtones du Yukon.
La visite s’est achevée sur une présentation d’un monument érigé en mémoire des filles autochtones qui n’ont pas survécu au système des pensionnats. Le texte figurant sur le monument est le suivant :
« Je suis une enfant qui est devenue une femme. En tant que femme, je sais que je suis l'enfant d'une survivante des pensionnats autochtones. Enfant, je ne comprenais pas pourquoi ma famille et moi étions si maltraitées. J'ai connu la faim, la peur, la douleur, les abus, la honte et ce que cela signifiait de ne pas avoir les « bonnes » choses. En tant que femme, je comprends que ma famille, aussi brisée soit-elle, est toujours bonne.
Nous ne sommes pas seulement des survivants, nous sommes les marcheurs de rêve vivants qui ont mis les pieds dans les deux mondes. Nous avons emprunté de nombreux chemins et nous continuons d'ouvrir la voie pour que notre histoire soit laissée derrière nous, mais jamais oubliée. Aux petites filles qui n'ont jamais pu mettre les chaussures d'une femme, ni danser une danse de femme, ni courir une course de femme, je laisse mes souliers. Tandis que je marche, je porte les rêves de nos ancêtres ; des rêves qui ne se sont jamais réalisés pour vous. Vous n'avez pas eu la chance de revenir chez vous et de marcher sur les sentiers. Vous n'avez pas eu la chance de suivre les traces de vos aînés.
Comme vous êtes passés de ce monde au monde des esprits, ces chaussures ne vous suivront pas, mais mes pieds fouleront toujours cette terre et je continuerai à marcher sur les traces de mes rêves. Nous, les marcheurs de rêves, continuerons à ouvrir la voie et à porter avec nous le pouvoir de nous souvenir de notre passé et de surmonter les traumatismes. Nous n'oublierons pas, mais nous continuerons à marcher et à ouvrir la voie à la prochaine génération de marcheurs de rêve, afin qu'elle n'ait pas à porter ce traumatisme. Nous sommes plus que des survivants des pensionnats autochtones. (Auteure anonyme – traduction : Damien Dauphin)
Le Moniteur Acadien tient à remercier Maryne Dumaine, directrice de L’aurore boréale, pour son accueil et sa guidance sur le chemin de la vérité et de la réconciliation.
