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16 Octobre 2025
Né avec un handicap, Éloi Richard a déjoué l’adversité
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Âgé de 86 ans, Éloi à Gérard à Maxime Richard est natif de la petite localité de La Prairie, dans la région de Richibouctou-Village. Dès sa naissance, force fut de constater avec étonnement qu’il était arrivé dans ce monde avec des anomalies physiques alarmantes, voire très rares.
Evérard Maillet
Le Moniteur Acadien
À l’époque, c’est une sage-femme qui avait assuré l’accompagnement de la mère durant son accouchement à domicile. Éloi allait ainsi devenir le premier des six enfants de la famille Richard.
«Mais quand elle a vu mon corps avec seulement une main et un pied, elle m’a embourrée vite dans une couverte, m’a déposé dans un panier à linge dans la cuisine jusqu’à ce qu’un docteur vienne à la maison parce qu’il n’y a rien d’autre qu’elle pouvait faire», explique Éloi Richard.

Éloi Richard, dans son atelier, nous montre sa toute première prothèse. (Photo : Evérard Maillet)
Évidemment, le médecin n’avait pu faire mieux. Devant cette situation précaire et insolite, tous s’attendaient à ce que le petit bébé perde bientôt la vie.
«En ce temps -à, un nouveau-né qui n’était pas baptisé ne pouvait pas être enterré dans le cimetière après son décès. C’est pour ça que mon père est allé chercher le prêtre qui m’a ensuite baptisé dans la maison», dit-il.
Qui plus est, un petit coffre fut fabriqué en prévision de l’enterrement imminent du petit Éloi car ses jours semblaient comptés. Heureusement, son grand-père eut la bonne idée de commencer à nourrir le bambin.
«Il est allé à la grange pour traire une vache et ensuite il me donna du lait à boire avec une petite cuillère», précise Éloi Richard.
Mais dans la nuit, parce que son cordon ombilical n’avait pas été coupé depuis sa naissance, on a constaté que la couverture du petit était trempée de sang.
«Ils sont allés chercher le médecin qui a arrangé tout ça et trois jours plus tard j’ai enfin commencé à kicker et à pleurer comme tous les autres bébés», explique Éloi avec un sourire en coin.
Au fil des années, en situation de handicap mais tout en continuant ses efforts de réadaptation pour optimiser le fonctionnement, le jeune Éloi ne se plaignait pas pour autant.
«J’ai commencé à marcher à l’âge de deux ans et je sautais au lieu de marcher, sur un pied bien sûr! Finalement, j’ai pu avoir une ‘brace’ (prothèse) pour ajouter à ma jambe», se rappelle l’octogénaire.
Cependant, sa première année sur les bancs de la petite école n’a pas été de tout repos. «J’étais trop souvent absent et j’ai pas gradé, même que les élèves se moquaient de moi, surtout que je n’avais qu’un seul pied et en plus qu’ils m’appelaient de différents noms moqueurs. À part de ça, j’entendais souvent des gens dire que j’allais faire un esclave et que je ne pourrai pas faire ma vie comme les autres, et même qu’ils disaient: ‘qui va marier ça’?».
Ces commentaires négatifs et intimidants à son endroit n’ont pourtant pas fauché ses aspirations futures. Finalement, grâce à son courage, sa persévérance et sa force de caractère, Éloi a pu compléter sa huitième année scolaire.
«Dans tout ça, j’ai appris que lorsque des jeunes riaient de moi, je riais plutôt avec eux autres et ça les arrêtait de s’moquer (psychologie inversée)», évoque M. Richard.
MÉCANICIEN DOUÉ
Doué pour le monde des affaires, Éloi Richard s’est particulièrement distingué dans le domaine mécanique. Sur ce, il nous raconte une anecdote.
«Quand j’avais seulement 14 ans, un homme âgé de par chez nous m’a demandé si je voulais faire un ‘tune up’ sur son auto. J’ai fait l’ouvrage mais il était avare. Comme paiement il m’a donné un sac de papier et m’a dit que c’était pour me payer. Par après, j’ai ouvert le sac et à l’intérieur il y avait dix bonbons ‘peppermint’. C’était ça ma paie et en ce temps-là ça se vendait deux pour un cenne au magasin!», dit-il en se pâmant de rire.
À 18 ans, Éloi a opéré une station-service à Sainte-Anne, pendant deux ans. «Par après je suis allé aux États et j’ai continué à faire ma vie, surtout dans la réparation des voitures», affirme le mécanicien chevronné qui avait d’ailleurs acquis des connaissances avancées en mécanique avant même ses années d’adolescence.
À Waltham, Éloi a géré une station-service pendant plusieurs années. En 1979, alors âgé de 39 ans, l’Acadien Richard est retourné dans son pays d’origine. Finalement, il a inventé et mis sur le marché un appareil unique pour la plantation de canneberges.
«C’est attaché derrière un tracteur mais c’est très lourd, 4000 livres. Avec cette machine, on peut planter un arpent de pommes de pré en une heure. Mais à la vieille façon, on aurait eu besoin de 40 hommes pour faire le même ouvrage», nous apprend l’inventeur Richard. Il note d’autant plus que des entrepreneurs d’autres provinces ont profité de son invention géniale.
Avant de compléter l’entrevue, ce mordu des sports ajoute qu’il a gagné plusieurs courses en motocyclette, sur la glace, alors qu’il résidait aux États-Unis.
Toujours vigoureux, encore passionné de la mécanique et à l’affût de l’actualité, l’homme d’affaires Richard est également un artiste sculpteur. À savoir s’il a l’intention de savourer une retraite pourtant bien méditée, ce bon vivant de 86 ans répond spontanément : «Je crois que j’ai encore quatorze ans à donner de mon temps avant de me retirer», a-t-il mentionné en se pâmant de rire.
Père de six enfants, Éloi Richard, demeure sur le chemin Richard, à la hauteur de Galloway, entre Rexton et Sainte-Anne-de-Kent.
Evérard Maillet
Le Moniteur Acadien
À l’époque, c’est une sage-femme qui avait assuré l’accompagnement de la mère durant son accouchement à domicile. Éloi allait ainsi devenir le premier des six enfants de la famille Richard.
«Mais quand elle a vu mon corps avec seulement une main et un pied, elle m’a embourrée vite dans une couverte, m’a déposé dans un panier à linge dans la cuisine jusqu’à ce qu’un docteur vienne à la maison parce qu’il n’y a rien d’autre qu’elle pouvait faire», explique Éloi Richard.

Éloi Richard, dans son atelier, nous montre sa toute première prothèse. (Photo : Evérard Maillet)
Évidemment, le médecin n’avait pu faire mieux. Devant cette situation précaire et insolite, tous s’attendaient à ce que le petit bébé perde bientôt la vie.
«En ce temps -à, un nouveau-né qui n’était pas baptisé ne pouvait pas être enterré dans le cimetière après son décès. C’est pour ça que mon père est allé chercher le prêtre qui m’a ensuite baptisé dans la maison», dit-il.
Qui plus est, un petit coffre fut fabriqué en prévision de l’enterrement imminent du petit Éloi car ses jours semblaient comptés. Heureusement, son grand-père eut la bonne idée de commencer à nourrir le bambin.
«Il est allé à la grange pour traire une vache et ensuite il me donna du lait à boire avec une petite cuillère», précise Éloi Richard.
Mais dans la nuit, parce que son cordon ombilical n’avait pas été coupé depuis sa naissance, on a constaté que la couverture du petit était trempée de sang.
«Ils sont allés chercher le médecin qui a arrangé tout ça et trois jours plus tard j’ai enfin commencé à kicker et à pleurer comme tous les autres bébés», explique Éloi avec un sourire en coin.
Au fil des années, en situation de handicap mais tout en continuant ses efforts de réadaptation pour optimiser le fonctionnement, le jeune Éloi ne se plaignait pas pour autant.
«J’ai commencé à marcher à l’âge de deux ans et je sautais au lieu de marcher, sur un pied bien sûr! Finalement, j’ai pu avoir une ‘brace’ (prothèse) pour ajouter à ma jambe», se rappelle l’octogénaire.
Cependant, sa première année sur les bancs de la petite école n’a pas été de tout repos. «J’étais trop souvent absent et j’ai pas gradé, même que les élèves se moquaient de moi, surtout que je n’avais qu’un seul pied et en plus qu’ils m’appelaient de différents noms moqueurs. À part de ça, j’entendais souvent des gens dire que j’allais faire un esclave et que je ne pourrai pas faire ma vie comme les autres, et même qu’ils disaient: ‘qui va marier ça’?».
Ces commentaires négatifs et intimidants à son endroit n’ont pourtant pas fauché ses aspirations futures. Finalement, grâce à son courage, sa persévérance et sa force de caractère, Éloi a pu compléter sa huitième année scolaire.
«Dans tout ça, j’ai appris que lorsque des jeunes riaient de moi, je riais plutôt avec eux autres et ça les arrêtait de s’moquer (psychologie inversée)», évoque M. Richard.
MÉCANICIEN DOUÉ
Doué pour le monde des affaires, Éloi Richard s’est particulièrement distingué dans le domaine mécanique. Sur ce, il nous raconte une anecdote.
«Quand j’avais seulement 14 ans, un homme âgé de par chez nous m’a demandé si je voulais faire un ‘tune up’ sur son auto. J’ai fait l’ouvrage mais il était avare. Comme paiement il m’a donné un sac de papier et m’a dit que c’était pour me payer. Par après, j’ai ouvert le sac et à l’intérieur il y avait dix bonbons ‘peppermint’. C’était ça ma paie et en ce temps-là ça se vendait deux pour un cenne au magasin!», dit-il en se pâmant de rire.
À 18 ans, Éloi a opéré une station-service à Sainte-Anne, pendant deux ans. «Par après je suis allé aux États et j’ai continué à faire ma vie, surtout dans la réparation des voitures», affirme le mécanicien chevronné qui avait d’ailleurs acquis des connaissances avancées en mécanique avant même ses années d’adolescence.
À Waltham, Éloi a géré une station-service pendant plusieurs années. En 1979, alors âgé de 39 ans, l’Acadien Richard est retourné dans son pays d’origine. Finalement, il a inventé et mis sur le marché un appareil unique pour la plantation de canneberges.
«C’est attaché derrière un tracteur mais c’est très lourd, 4000 livres. Avec cette machine, on peut planter un arpent de pommes de pré en une heure. Mais à la vieille façon, on aurait eu besoin de 40 hommes pour faire le même ouvrage», nous apprend l’inventeur Richard. Il note d’autant plus que des entrepreneurs d’autres provinces ont profité de son invention géniale.
Avant de compléter l’entrevue, ce mordu des sports ajoute qu’il a gagné plusieurs courses en motocyclette, sur la glace, alors qu’il résidait aux États-Unis.
Toujours vigoureux, encore passionné de la mécanique et à l’affût de l’actualité, l’homme d’affaires Richard est également un artiste sculpteur. À savoir s’il a l’intention de savourer une retraite pourtant bien méditée, ce bon vivant de 86 ans répond spontanément : «Je crois que j’ai encore quatorze ans à donner de mon temps avant de me retirer», a-t-il mentionné en se pâmant de rire.
Père de six enfants, Éloi Richard, demeure sur le chemin Richard, à la hauteur de Galloway, entre Rexton et Sainte-Anne-de-Kent.