
Opinion
7 Mai 2025
Omer Léger : esquisse d’une conclusion et d’un souvenir
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Note : À la demande de l’auteur, nous vous présentons une version actualisée d’un texte paru le 10 octobre 2023.
«Il n'y a jamais de réponse facile à une question complexe», disait Omer Léger. En 1971, l'Acadien de 40 ans, plein de compassion pour ses concitoyens, s'était présenté comme candidat conservateur dans Kent, en craignant ne pas pouvoir gagner la circonscription du premier ministre libéral. C'était complexe! Il disait aux électeurs : «Vous pouvez rester libéral, mais votez pour moi!»
Louis-J. Robichaud venait de perdre les élections après dix ans de pouvoir. Il a démissionné. Il avait transformé le Nouveau-Brunswick avec le Programme de Chances égales pour tous, la centralisation de l'éducation, de la santé et de la justice, les grands développements des mines et des pâtes et papiers dans le nord, la fondation de l'Université de Moncton et de l'École des pêches à Caraquet, l'adoption de la loi sur les langues officielles, et j'en passe.
Mais Richard Hatfield venait de gagner. Il se trouvait avec seulement deux députés francophones : Jean-Maurice Simard à Edmundston et Jean-Paul LeBlanc à Moncton.
Louis-J. Robichaud jouissait encore d'une forte solidarité chez les Acadiens, les Brayons, les Francophones et les francophiles.
L'arrivée du Parti Acadien préoccupait le premier ministre Hatfield et aussi ses députés, surtout son important ministre Jean-Maurice Simard qui deviendra la clef du mouvement d’égalité linguistique ici, au Nouveau-Brunswick.
Richard Hatfield est venu faire son tour dans Kent et à Saint-Antoine pour rassurer les citoyens qu'il allait continuer ce que Louis Robichaud avait commencé. Et il l'a bien prouvé.
Il a modifié les élections par comté en circonscriptions à représentation unique. Il a adopté la dualité en éducation et en santé. Il s'est assuré que toutes les lois soient traduites en français avant 1977, date de la sanction royale de toute la loi sur les langues officielles qu'il a ensuite fait enchâsser dans la constitution en 1981. Il a fait adopter la loi sur l'égalité des deux communautés des langues officielles. Il a déclaré le 15 août jour de la fête nationale des Acadiens et fit adopter par la Chambre en 1984 que le drapeau acadien soit placé devant tous les édifices de la province là où c'est justifié, à commencer par l'Assemblée législative et le Palais de Justice à Fredericton.
Sur le plan économique, il a réalisé la centrale nucléaire de Pointe LePreau et s’est essayé avec les voitures Bricklin, à Saint-Jean, qui se sont englouties avec des millions d’investissement provincial.
Pour le nord du Nouveau-Brunswick, Jean Gauvin, ministre des Pêches et de l’Aquaculture, a renouvelé la flotte de bateaux et a ouvert plusieurs usines de poisson le long de la côte.
Enfin, nous avons vu le côté français de la province entrer dans la prospérité.
Des anglophones pensaient que le premier ministre Hatfield allait trop loin. Après l'adoption de la loi 88 sur l'égalité des communautés linguistiques, des anglais des régions de Miramichi, de Riverview, de Sussex, de Fredericton et de Saint-Jean ont formé le parti Confederation of Regions (CoR) qui a gagné huit sièges en 1991 pour dépasser les progressistes-conservateurs et former l'opposition officielle.
M. Léger ayant gagné l'élection partielle de 1971, le premier ministre Hatfield l'a nommé Secrétaire parlementaire et, en 1974, ministre des Pêches. Il a cependant perdu les élections en 1978 parce qu'un autre monsieur distingué de Kent venait de prendre la direction du parti libéral. Joseph Z. Daigle a presque gagné avec 28 des 58 sièges. Les problèmes internes dans ce parti ont fini par pousser M. Daigle à démissionner. Il est retourné pratiquer le droit pour devenir quelque temps plus tard Juge en Chef de la Cour d'Appel du Nouveau-Brunswick.
Mais M. Léger est revenu en 1982. Les libéraux menés par Doug Young n'ont pas réussi à gagner la confiance des citoyens. Les progressistes-conservateurs de Richard Hatfield ont gagné par une forte majorité de 39 sièges.
Cette année-là, nous avions perdu l'Évangéline, et deux ans plus tard on s'est retrouvé avec le quotidien provincial Le Matin à Moncton, qui finira par céder la place à l'Acadie-Nouvelle de Caraquet.
M. Omer Léger fut nommé Ministre du Tourisme. Richard Hatfield était entouré d'un cabinet prestigieux avec des ministres comme Jean-Maurice Simard, Fernand Dubé, Jean-Pierre Ouellette, Yvon Poitras, Percy Mockler, Jean Gauvin et bien d'autres. Hatfield avait gagné la confiance des Acadiens et des francophones.
Vous savez, Antonine Maillet fut la première à l'extérieur de la France à recevoir le prix Goncourt pour son roman “Pélagie-la-Charrette”. Le Prix Goncourt est la plus haute distinction que l'Académie Goncourt offre aux plus grands auteurs français. Mme Maillet, cette grande écrivaine de Bouctouche, avait voulu que le Théâtre du Rideau Vert à Montréal mît en scène sa pièce “La Sagouine” qu'on entendait à la radio de Radio-Canada au début des années 1970. Viola Léger était fabuleuse dans ce rôle. Ce fut un grand succès.
Le député et ministre de Kent-Sud en était émerveillé. Il a proposé de faire de l'Île-aux-Puces “Le Pays de la Sagouine”. Antonine en fut ravie et les premiers ministres Richard Hatfield et Brian Mulroney ont appuyé ce projet avec les subventions nécessaires.
Les libéraux sont revenus reprendre leur place sous Frank McKenna et, fait sans précédent, ont raflé tous les sièges. Cela prendra 12 ans pour revoir les progressistes-conservateurs reprendre le pouvoir avec Bernard Lord, en 1999, l'année du Sommet de la Francophonie à Moncton.
En Acadie, il y a plusieurs grandes personnes honorables, peu importe le parti politique, que nous n'oublierons jamais parce qu'elles ont contribué de façon très importante au maintien de notre langue, de notre culture, de notre histoire et de notre prospérité.
Notre union fait la force de ce qui nous reste de l’Acadie, et ce qu’a réalisé l’honorable Omer Léger est une nouvelle étoile de notre fierté acadienne.
Eldred Savoie, ONB
Récipiendaire de la Médaille Léger Comeau
«Il n'y a jamais de réponse facile à une question complexe», disait Omer Léger. En 1971, l'Acadien de 40 ans, plein de compassion pour ses concitoyens, s'était présenté comme candidat conservateur dans Kent, en craignant ne pas pouvoir gagner la circonscription du premier ministre libéral. C'était complexe! Il disait aux électeurs : «Vous pouvez rester libéral, mais votez pour moi!»
Louis-J. Robichaud venait de perdre les élections après dix ans de pouvoir. Il a démissionné. Il avait transformé le Nouveau-Brunswick avec le Programme de Chances égales pour tous, la centralisation de l'éducation, de la santé et de la justice, les grands développements des mines et des pâtes et papiers dans le nord, la fondation de l'Université de Moncton et de l'École des pêches à Caraquet, l'adoption de la loi sur les langues officielles, et j'en passe.
Mais Richard Hatfield venait de gagner. Il se trouvait avec seulement deux députés francophones : Jean-Maurice Simard à Edmundston et Jean-Paul LeBlanc à Moncton.
Louis-J. Robichaud jouissait encore d'une forte solidarité chez les Acadiens, les Brayons, les Francophones et les francophiles.
L'arrivée du Parti Acadien préoccupait le premier ministre Hatfield et aussi ses députés, surtout son important ministre Jean-Maurice Simard qui deviendra la clef du mouvement d’égalité linguistique ici, au Nouveau-Brunswick.
Richard Hatfield est venu faire son tour dans Kent et à Saint-Antoine pour rassurer les citoyens qu'il allait continuer ce que Louis Robichaud avait commencé. Et il l'a bien prouvé.
Il a modifié les élections par comté en circonscriptions à représentation unique. Il a adopté la dualité en éducation et en santé. Il s'est assuré que toutes les lois soient traduites en français avant 1977, date de la sanction royale de toute la loi sur les langues officielles qu'il a ensuite fait enchâsser dans la constitution en 1981. Il a fait adopter la loi sur l'égalité des deux communautés des langues officielles. Il a déclaré le 15 août jour de la fête nationale des Acadiens et fit adopter par la Chambre en 1984 que le drapeau acadien soit placé devant tous les édifices de la province là où c'est justifié, à commencer par l'Assemblée législative et le Palais de Justice à Fredericton.
Sur le plan économique, il a réalisé la centrale nucléaire de Pointe LePreau et s’est essayé avec les voitures Bricklin, à Saint-Jean, qui se sont englouties avec des millions d’investissement provincial.
Pour le nord du Nouveau-Brunswick, Jean Gauvin, ministre des Pêches et de l’Aquaculture, a renouvelé la flotte de bateaux et a ouvert plusieurs usines de poisson le long de la côte.
Enfin, nous avons vu le côté français de la province entrer dans la prospérité.
Des anglophones pensaient que le premier ministre Hatfield allait trop loin. Après l'adoption de la loi 88 sur l'égalité des communautés linguistiques, des anglais des régions de Miramichi, de Riverview, de Sussex, de Fredericton et de Saint-Jean ont formé le parti Confederation of Regions (CoR) qui a gagné huit sièges en 1991 pour dépasser les progressistes-conservateurs et former l'opposition officielle.
M. Léger ayant gagné l'élection partielle de 1971, le premier ministre Hatfield l'a nommé Secrétaire parlementaire et, en 1974, ministre des Pêches. Il a cependant perdu les élections en 1978 parce qu'un autre monsieur distingué de Kent venait de prendre la direction du parti libéral. Joseph Z. Daigle a presque gagné avec 28 des 58 sièges. Les problèmes internes dans ce parti ont fini par pousser M. Daigle à démissionner. Il est retourné pratiquer le droit pour devenir quelque temps plus tard Juge en Chef de la Cour d'Appel du Nouveau-Brunswick.
Mais M. Léger est revenu en 1982. Les libéraux menés par Doug Young n'ont pas réussi à gagner la confiance des citoyens. Les progressistes-conservateurs de Richard Hatfield ont gagné par une forte majorité de 39 sièges.
Cette année-là, nous avions perdu l'Évangéline, et deux ans plus tard on s'est retrouvé avec le quotidien provincial Le Matin à Moncton, qui finira par céder la place à l'Acadie-Nouvelle de Caraquet.
M. Omer Léger fut nommé Ministre du Tourisme. Richard Hatfield était entouré d'un cabinet prestigieux avec des ministres comme Jean-Maurice Simard, Fernand Dubé, Jean-Pierre Ouellette, Yvon Poitras, Percy Mockler, Jean Gauvin et bien d'autres. Hatfield avait gagné la confiance des Acadiens et des francophones.
Vous savez, Antonine Maillet fut la première à l'extérieur de la France à recevoir le prix Goncourt pour son roman “Pélagie-la-Charrette”. Le Prix Goncourt est la plus haute distinction que l'Académie Goncourt offre aux plus grands auteurs français. Mme Maillet, cette grande écrivaine de Bouctouche, avait voulu que le Théâtre du Rideau Vert à Montréal mît en scène sa pièce “La Sagouine” qu'on entendait à la radio de Radio-Canada au début des années 1970. Viola Léger était fabuleuse dans ce rôle. Ce fut un grand succès.
Le député et ministre de Kent-Sud en était émerveillé. Il a proposé de faire de l'Île-aux-Puces “Le Pays de la Sagouine”. Antonine en fut ravie et les premiers ministres Richard Hatfield et Brian Mulroney ont appuyé ce projet avec les subventions nécessaires.
Les libéraux sont revenus reprendre leur place sous Frank McKenna et, fait sans précédent, ont raflé tous les sièges. Cela prendra 12 ans pour revoir les progressistes-conservateurs reprendre le pouvoir avec Bernard Lord, en 1999, l'année du Sommet de la Francophonie à Moncton.
En Acadie, il y a plusieurs grandes personnes honorables, peu importe le parti politique, que nous n'oublierons jamais parce qu'elles ont contribué de façon très importante au maintien de notre langue, de notre culture, de notre histoire et de notre prospérité.
Notre union fait la force de ce qui nous reste de l’Acadie, et ce qu’a réalisé l’honorable Omer Léger est une nouvelle étoile de notre fierté acadienne.
Eldred Savoie, ONB
Récipiendaire de la Médaille Léger Comeau