
Éditorial
22 Janvier 2025
LE 51E ÉTAT ET LA 11E PROVINCE, C’EST POSSIBLE !
- Partager
La superficie du Canada est de 9 984 670 km2. Les États-Unis en sont à 9,6 millions de km2, ce qui signifie qu’à lui seul, notre pays est un peu plus vaste que notre voisin du sud.
La Californie est l’État américain le plus peuplé. Il est celui qui, par capita, équivaut le plus au Canada. Le Canada, 51e membre des États-Unis, serait non seulement le plus vaste, mais celui qui aurait le plus grand poids démographique.
La blague récurrente lancée par Donald Trump, visant à faire du Canada le 51e État membre des États-Unis d’Amérique, n’est peut-être qu’une une plaisanterie bien lourde et lassante. Elle peut tout aussi bien être l’une des manifestations symptomatiques des délires expansionnistes de son auteur qui, de ce fait, la prend très au sérieux dans son imaginaire.
Au début, Ottawa s’est contentée d’en rire. Ce n’est que lorsque l’idée saugrenue s’est mise à tourner en boucle que nos dirigeants ont jugé opportun d’y répondre. Non, le Canada n’est pas à vendre. Le Canada restera le Canada, un État souverain et indépendant, avec ses propres institutions.
Si une guerre économique est possible, une annexion par la force est exclue: la dernière fois que le Canada et les États-Unis se sont affrontés militairement, la Maison-Blanche a brûlé. Il ne serait pas vain de le rappeler à nos interlocuteurs.
Certains se sont amusés à répliquer que le Canada pourrait annexer tout ou partie des États-Unis. Fi des USA, place au Grand Canada! En soi, l’idée est aussi farfelue et irréaliste que celle de Donald Trump. Toutefois, il ne faut pas oublier que, derrière la plupart des grandes inventions, se cachait au départ une théorie pouvant paraître loufoque.
Le Canada et les États-Unis partagent la plus longue frontière non gardée au monde. Une frontière que nos voisins n’ont eu de cesse de repousser au dix-huitième et au dix-neuvième siècles. Ils ne l’ont pas toujours fait par la force des armes. En 1803, Napoléon Bonaparte, alors Premier Consul et pas encore Empereur des Français, leur a vendu la Louisiane pour une somme qui, en monnaie courante, est dérisoire.
Permettez-moi d’ouvrir une parenthèse en vous disant que l’ancienne Louisiane française n’a rien à voir avec l’État actuel de Louisiane. La Louisiane historique que les jeunes États-Unis de Thomas Jefferson ont acheté à la France postrévolutionnaire du Consulat de Napoléon Bonaparte englobait un territoire plus grand que la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne et le Portugal réunis.
Ce territoire comprenait le sud de l’Alberta et le sud-ouest de la Saskatchewan. Il traversait le milieu des États-Unis actuels du nord au sud, englobant sur son flanc gauche le Montana, presque tout le Wyoming, la moitié du Colorado, une petite portion du Nouveau-Mexique et le nord du Texas. A droite, une bonne partie du Dakota du Nord, le Dakota du Sud, le Minnesota, le Nebraska, le Kansas, l’Iowa, le Missouri, l’Oklahoma, l’Arkansas et, bien sûr, la Louisiane. Bref, une bonne partie de ce qui a servi de décor aux westerns hollywoodiens et de tremplin à la conquête de l’ouest.
De la même manière, c’est à coup de dollars qu’en 1867 l’Oncle Sam a acquis, de la Russie des tsars, la portion de territoire qui compose l’Alaska. Je referme la parenthèse.
Or, à la différence des États qui formaient l’ancienne Louisiane française, l’Alaska ne fait pas partie des frontières naturelles de nos voisins américains. Non, l’Alaska est la frontière de notre territoire du Yukon. Il en est le prolongement géographique et physique, la frontière en tant que telle n’étant qu’une construction artificielle décidée par des bureaucrates.
De la même manière, on pourrait dire que la Colombie-Britannique est le prolongement de l’État de Washington, au-dessus de l’Oregon.
Laissez-moi de vous dire que les rectifications pacifiques de frontières existent et sont monnaie plus courante que vous ne pourriez le croire. Les échanges de territoires figuraient dans mon portefeuille lorsque je travaillais à la direction des accords et traités au ministère français des Affaires étrangères.
J’ai représenté le Quai d’Orsay lors de rencontres de commissions d’abornements, notamment avec la Suisse et l’Italie. Que ce soit avec ces deux pays ou avec l’Espagne, Andorre, l’Allemagne, le Luxembourg et la Belgique, il arrive assez fréquemment que la France modifie sa frontière en procédant à l’échange de quelques dizaines voire centaines de mètres carrés avec ses voisins susnommés.
Dans de telles procédures, il n’y a rien qui soit de nature à changer l’aspect général de la carte du pays, ni à modifier le quotidien de quelques citoyens. En règle générale, les terrains concernés sont inhabités.
Le Canada et les États-Unis pourraient s’inspirer de ce procédé afin d’en rehausser le niveau à plus grande échelle. Je suggère donc au gouvernement fédéral de répondre à l’idée de Donald Trump en lui proposant de faire de la Colombie-Britannique le 51e État dont il rêve, sous réserve qu’en juste contrepartie celui-ci nous cède l’Alaska. Trump est un homme d’affaires. Qui sait? Peut-être accepterait-il le troc si nous pouvions le convaincre qu’il y trouverait son compte.
La Colombie-Britannique a une superficie de 944 735 km2. Celle de l’Alaska est de 1 717 854 km2. Ne serait-ce que sur le plan de la superficie, nous y gagnerions au change.
Il y a peu de chances pour que cela se produise, mais le but d’une telle suggestion est ailleurs. Pour ne pas se laisser marcher sur les pieds par un businessman aguerri, il est bon de lui montrer que nous avons-nous aussi le sens des affaires.
La Californie est l’État américain le plus peuplé. Il est celui qui, par capita, équivaut le plus au Canada. Le Canada, 51e membre des États-Unis, serait non seulement le plus vaste, mais celui qui aurait le plus grand poids démographique.
La blague récurrente lancée par Donald Trump, visant à faire du Canada le 51e État membre des États-Unis d’Amérique, n’est peut-être qu’une une plaisanterie bien lourde et lassante. Elle peut tout aussi bien être l’une des manifestations symptomatiques des délires expansionnistes de son auteur qui, de ce fait, la prend très au sérieux dans son imaginaire.
Au début, Ottawa s’est contentée d’en rire. Ce n’est que lorsque l’idée saugrenue s’est mise à tourner en boucle que nos dirigeants ont jugé opportun d’y répondre. Non, le Canada n’est pas à vendre. Le Canada restera le Canada, un État souverain et indépendant, avec ses propres institutions.
Si une guerre économique est possible, une annexion par la force est exclue: la dernière fois que le Canada et les États-Unis se sont affrontés militairement, la Maison-Blanche a brûlé. Il ne serait pas vain de le rappeler à nos interlocuteurs.
Certains se sont amusés à répliquer que le Canada pourrait annexer tout ou partie des États-Unis. Fi des USA, place au Grand Canada! En soi, l’idée est aussi farfelue et irréaliste que celle de Donald Trump. Toutefois, il ne faut pas oublier que, derrière la plupart des grandes inventions, se cachait au départ une théorie pouvant paraître loufoque.
Le Canada et les États-Unis partagent la plus longue frontière non gardée au monde. Une frontière que nos voisins n’ont eu de cesse de repousser au dix-huitième et au dix-neuvième siècles. Ils ne l’ont pas toujours fait par la force des armes. En 1803, Napoléon Bonaparte, alors Premier Consul et pas encore Empereur des Français, leur a vendu la Louisiane pour une somme qui, en monnaie courante, est dérisoire.
Permettez-moi d’ouvrir une parenthèse en vous disant que l’ancienne Louisiane française n’a rien à voir avec l’État actuel de Louisiane. La Louisiane historique que les jeunes États-Unis de Thomas Jefferson ont acheté à la France postrévolutionnaire du Consulat de Napoléon Bonaparte englobait un territoire plus grand que la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne et le Portugal réunis.
Ce territoire comprenait le sud de l’Alberta et le sud-ouest de la Saskatchewan. Il traversait le milieu des États-Unis actuels du nord au sud, englobant sur son flanc gauche le Montana, presque tout le Wyoming, la moitié du Colorado, une petite portion du Nouveau-Mexique et le nord du Texas. A droite, une bonne partie du Dakota du Nord, le Dakota du Sud, le Minnesota, le Nebraska, le Kansas, l’Iowa, le Missouri, l’Oklahoma, l’Arkansas et, bien sûr, la Louisiane. Bref, une bonne partie de ce qui a servi de décor aux westerns hollywoodiens et de tremplin à la conquête de l’ouest.
De la même manière, c’est à coup de dollars qu’en 1867 l’Oncle Sam a acquis, de la Russie des tsars, la portion de territoire qui compose l’Alaska. Je referme la parenthèse.
Or, à la différence des États qui formaient l’ancienne Louisiane française, l’Alaska ne fait pas partie des frontières naturelles de nos voisins américains. Non, l’Alaska est la frontière de notre territoire du Yukon. Il en est le prolongement géographique et physique, la frontière en tant que telle n’étant qu’une construction artificielle décidée par des bureaucrates.
De la même manière, on pourrait dire que la Colombie-Britannique est le prolongement de l’État de Washington, au-dessus de l’Oregon.
Laissez-moi de vous dire que les rectifications pacifiques de frontières existent et sont monnaie plus courante que vous ne pourriez le croire. Les échanges de territoires figuraient dans mon portefeuille lorsque je travaillais à la direction des accords et traités au ministère français des Affaires étrangères.
J’ai représenté le Quai d’Orsay lors de rencontres de commissions d’abornements, notamment avec la Suisse et l’Italie. Que ce soit avec ces deux pays ou avec l’Espagne, Andorre, l’Allemagne, le Luxembourg et la Belgique, il arrive assez fréquemment que la France modifie sa frontière en procédant à l’échange de quelques dizaines voire centaines de mètres carrés avec ses voisins susnommés.
Dans de telles procédures, il n’y a rien qui soit de nature à changer l’aspect général de la carte du pays, ni à modifier le quotidien de quelques citoyens. En règle générale, les terrains concernés sont inhabités.
Le Canada et les États-Unis pourraient s’inspirer de ce procédé afin d’en rehausser le niveau à plus grande échelle. Je suggère donc au gouvernement fédéral de répondre à l’idée de Donald Trump en lui proposant de faire de la Colombie-Britannique le 51e État dont il rêve, sous réserve qu’en juste contrepartie celui-ci nous cède l’Alaska. Trump est un homme d’affaires. Qui sait? Peut-être accepterait-il le troc si nous pouvions le convaincre qu’il y trouverait son compte.
La Colombie-Britannique a une superficie de 944 735 km2. Celle de l’Alaska est de 1 717 854 km2. Ne serait-ce que sur le plan de la superficie, nous y gagnerions au change.
Il y a peu de chances pour que cela se produise, mais le but d’une telle suggestion est ailleurs. Pour ne pas se laisser marcher sur les pieds par un businessman aguerri, il est bon de lui montrer que nous avons-nous aussi le sens des affaires.