À Memramcook, l’école communautaire entrepreneuriale publique Abbey-Landry est à la fine pointe de la modernité. De la maternelle à la huitième année, tous les élèves de l’établissement ont reçu un iPad pour les accompagner dans leur cursus.
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Damien Dauphin
IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien
Vendredi 20 janvier était une journée bien spéciale à l’école Abbey-Landry (EAL) : l’établissement avait ouvert ses portes aux médias, le temps d’un après-midi, pour leur montrer ce qui fait sa singularité. Les 425 élèves et les 30 enseignants disposent tous d’une tablette numérique (iPad) qui leur fut gratuitement offerte par la Fondation de l’école. EAL est l’un des six centres d’innovation du mouvement S’entr’Apprendre, une communauté d’écoles branchées qui peuvent échanger entre elles leurs outils et leurs bonnes pratiques.
L’école est donc un laboratoire au sein duquel le futur se conjugue au présent. Cette approche centrée sur le développement des compétences aboutit, avec l’utilisation des tablettes, à une forme d’enseignement «à la carte». En effet, grâce aux iPads, les élèves à besoins spéciaux peuvent choisir sur leur tablette l’application qui leur conviendra le mieux pour parvenir au résultat escompté. La démarche a surmonté les doutes et les réticences de certains parents, mais il n’en a pas toujours été ainsi.
«En 2023 tout le monde est très ouvert, mais en 2018 je n’aurais peut-être pas répondu la même chose», d’expliquer Monique Bourque, chef de l’équipe du comité technologique et enseignante de 5e année. «On a les mêmes objectifs pédagogiques que les autres écoles, sauf que le chemin que prennent les élèves pour s’y rendre est différent.»
Il faut dire que la pandémie de Covid-19 est passée par là, et qu’avec les confinements à répétition, les tablettes ont permis au personnel enseignant de donner leurs cours à distance. Au moyen de cet outil moderne ils diffusaient les cours, envoyaient les devoirs et les corrigeaient. On peut dire que dans le même instant, les élèves ont fait l’expérience du télétravail qui pourrait bien être devenu la norme quand ils entreront sur le marché de l’emploi au terme de leurs études!
«Ça appartient à chaque enseignant de déterminer comment il veut utiliser l’iPad. Certains l’utilisent pour la période de jeux, d’autres pour les mathématiques, etc. Je trouve que c’est quand même spécial, on est choyés de vivre ça», témoigne Linda LeBlanc, enseignante de 1ère année qui a trente ans de carrière à son actif. Lorsqu’elle a débuté, il n’y avait même pas d’ordinateur.
Durant la visite médiatique, ses élèves travaillaient sur un projet spécial d’écriture de livre qui fut initié au début de la semaine. Chaque élève produira un livre, et les jeunes sont encadrés par des plus «grands», soit des élèves de 5e année.
Si la tablette fait désormais partie de l’ordinaire des élèves de Mme LeBlanc, son utilisation quotidienne ne dépasse pas 30 minutes. Dans sa salle de classe, on retrouve tous les éléments constitutifs d’une école traditionnelle. EAL vise l’équilibre entre les nouvelles technologies et les activités qui ne leur sont pas liées.
«Pour nous, il est important que le temps d’exposition aux écrans soit du temps pédagogique et bien adapté, affirme le directeur de l’établissement, Pierre Roy. Plutôt que d’aller vers la censure, on va vers l’éducation. On leur apprend la nétiquette et on les sensibilise aux dangers d’Internet. Évidemment, ce n’est pas ici que les élèves utilisent Snapchat ou les réseaux sociaux. Si on les utilise, c’est pour une bonne raison comme publier les choses qui se passent à l’école.»
L’iPad est vu comme un outil pour apprendre, mais aussi pour réfléchir à une utilisation intelligente de la technologie mise au service du savoir. Preuve que les nouvelles technologies n’interfèrent pas avec les connaissances fondamentales mais viennent les appuyer, EAL a même un projet pilote d’apprentissage de l’écriture cursive dès la première année, alors qu’habituellement cela commence en 2e.
À l’école Abbey-Landry, chaque enfant à son propre iPad et le conserve durant sa scolarité. Avec le concours de la Fondation de l’école, les plus anciennes tablettes, devenues obsolètes, sont en voie d’être remplacées.
(Linda LeBlanc avec deux de ses élèves, Audric Ruest et Isaac Gautreau-Brown. Crédit : Damien Dauphin)
La première école certifiée Apple au Canada atlantique
L’école Abbey-Landry de Memramcook a été reconnue en tant qu’école certifiée Apple pour la période 2022-2025. Une cérémonie a eu lieu dans le gymnase vendredi en fin d’après-midi. La certification Apple est réservée aux centres d’innovation, de leadership et d’excellence en éducation. Ce programme soutient les visionnaires du secteur de l’éducation qui se servent des technologies comme catalyseurs de changement, misent sur l’innovation et ont à cœur de concrétiser leurs idées les plus ambitieuses pour l’avenir de l’enseignement.
«Notre école désire développer le plein potentiel des élèves en ayant recours aux technologies pour éveiller leur curiosité et optimiser leur acquisition de connaissances et de compétences, déclare le directeur Pierre Roy. Cette certification Apple reconnaît que l’excellence en matière de connaissances technologiques est au cœur de notre approche.»
Grâce aux collectes de fonds annuelles de la Fondation de l’école, tous les élèves et membres du personnel enseignant et non enseignant de l’école Abbey-Landry disposent d’un iPad. L’intégration des technologies au sein de l’école ne s’arrête pas là : toutes les classes et tous les espaces communs sont munis d’Apple TV, sans compter les nombreux Apple Pencil et claviers qui sont aussi mis à la disposition des élèves et des membres du personnel. Enfin, 75 % des membres du personnel enseignant ont obtenu la mention Apple Teacher, ce qui fait d’eux des experts dans l’utilisation des produits Apple.
(Les dignitaires à l’issue de la cérémonie protocolaire. Gracieuseté)