Opinion

Relevons le défi de Jean-Marie Nadeau


Changeons le nom de l’université de Moncton : une idée fantastique de Jean-Marie Nadeau. Le grand défi : est-ce que le peuple acadien est capable de relever ce défi? Ma foi n’est pas très grande à ce propos.

J’ai un souvenir encore très présent à l’esprit, celui du courage de mon directeur du journal l’Évangeline, Charles d’Amour. Né dans famille libérale, les deux mains attachées, il m’a manifesté son désappointement et sa honte envers le premier ministre Louis Robichaud d’avoir non seulement renié son Alma Mater de l’Université Sacré-Cœur de Bathurst, mais d’avoir choisi de doter Moncton de l’éducation supérieure francophone, et de lui donner (sans scrupule et avec pleine conscience) le nom de l’Université de Moncton en 1963. La suite n’a pas été heureuse pour Charles d’amour, La Patente lui a montré la porte. Dehors!

Le premier ministre Robichaud savait très bien que la Ville de Moncton a été nommée en l’honneur du lieutenant-Colonel Robert Monckton (1726-1782) qui captura le fort Beauséjour et participa à la déportation des Acadiens. Pour des motifs purement politiques, ce nom a été choisi avec l’aval du père Clément Cormier pour baptiser la nouvelle université. C’était un grand projet pour le sud, au détriment du nord, et ce avec la complicité des députés francophones, des patenteux et du silence des Acadiens.

Attention : Il y a eu tout de même à cette époque, un autre homme, un grand homme de La Patente de Caraquet, du nom de Martin Légère, qui lui aussi a osé protester et vouloir changer le nom de l’Université de Moncton. Quelqu’un m’a confirmé ce fait. Malheureusement, malgré le prestige et la grande renommée de Monsieur Légère au niveau de la province, sa démarche a fait long feu. Tu ne touches pas au parti libéral, sinon tu vas te faire brûler vif!

Voilà, c’est un peu l’histoire des Acadiens : la peur d’oser, la peur de briser la pensée unique. Qui osera relever le défi lancé par Jean-Marie Nadeau?


Isidore Dugas
Caraquet