Opinion

Pour des études gratuites en sciences infirmières


On n’arrête pas de nous rabâcher depuis des années qu’il y a un manque de personnel infirmier dans le système public de santé. Les gouvernements ne cessent de nous dire qu’ils vont remédier à la situation, sans succès probant. Ça veut donc dire que l’on doit changer la recette pour y arriver.

Pire, le gouvernement provincial a décidé de se rabattre sur les cliniques privées pour, semble-t-il, corriger en partie la situation. Une telle approche a pour conséquence négative de retirer du système public un certain nombre d’infirmières pour les transférer au secteur privé. Ce type de mesure ne règle rien, bien au contraire, car ça ne fait qu’empirer la situation dans les hôpitaux.

De plus, le gouvernement provincial a sorti comme par magie de son chapeau un nouveau programme de formation d’infirmières au Maine, à coup d’une subvention annuelle de 6 000 dollars pour chaque infirmière inscrite à ce programme. Plus de 100 personnes par année pourraient bénéficier de ce programme. Nous aurions préféré un programme canadien à ce programme américain. Souhaitons tout de même que ce programme rapporte à moyen terme des dividendes.

Mais comme notre gouvernement baigne dans des surplus budgétaires actuellement, nous aurions tendance à suggérer que l’on développe un programme de gratuité scolaire, au moins pour les infirmières et aides-infirmières. Un tel programme pourrait s’étaler sur dix ans. Ça prend une médecine de cheval pour corriger drastiquement cette pénurie de manque du personnel infirmier. Ça prend un blitz de formation gratuite pour les travailleurs et travailleuses en santé publique.

En prônant une telle gratuité des frais de scolarité pour les sciences infirmières dans les années à venir, ça pourrait inciter plus de jeunes à s’inscrire dans ce domaine. Mais, on est en droit de se questionner sur la volonté de nos jeunes d’aujourd’hui à opter pour des métiers de services, comme les sciences infirmières ou les sciences sociales. Ils ont plutôt tendance à se tourner vers les sciences administratives ou environnementales.

Quant à lever les frais de scolarité en sciences infirmières, il est à se demander si on ne devrait pas faire la même chose pour les autres métiers connexes aux sciences infirmières, telles que la psychologie, la physiothérapie, la radiologie et autres. L’approche en médecine est de plus en plus multidisciplinaire. On doit faire plus pour combler tous les postes essentiels dans le domaine public de la santé, et cela, en attendant que toutes les études postsecondaires soient gratuites.

On doit se réjouir en partie de l’entente du gouvernement du Nouveau-Brunswick avec le gouvernement du Québec qui permettra à nos futures infirmières de passer dans la « belle province » leurs examens d’accréditation. On sera pleinement satisfait quand celles-ci pourront passer ces examens chez nous en Acadie. Mais ce qu’on doit déplorer, c’est tout le temps que cela a pris pour en arriver à une telle entente. Dans ce dossier, on doit clairement blâmer l’Association des infirmières et infirmiers du Nouveau-Brunswick qui a été totalement inefficace et amorphe dans ce dossier. C’est même honteux!

Dernièrement, nous avons appris avec consternation que le peu d'infirmières praticiennes dont nous disposons n'ont pas accès aux cartes d'assurance-maladie. Pourtant, une telle pratique, existante dans d'autres provinces, permettrait à des milliers de patients sans médecin d'avoir accès à des services médicaux de qualité. Ça doit bouger aussi de ce côté-là!

Finalement, tout en tenant compte des surplus budgétaires que nous avons signalés ci-dessus, il serait peut-être temps que le gouvernement majore de façon substantielle les salaires et les conditions de travail dans les milieux de santé. On ne peut plus se permettre de perdre des infirmières au profit des provinces voisines, et même des États-Unis. À de grands maux, il faut appliquer de grands moyens. Objectivement, on devrait pouvoir se le permettre par les temps budgétaires qui courent. Mais, y-a-t-il la volonté politique de le faire? Telle est la grande question!