Opinion
Mise au point sur le recours au personnel d’agence par le Réseau de santé
Alors que le dossier du personnel d’agence continue de faire les manchettes, il faut remonter dans le temps, en 2022, pour bien le comprendre. Rappeler le contexte est important.
En juillet, j’entreprenais mon mandat de fiduciaire du Réseau de santé Vitalité. Le système de santé était alors en crise, comme l’a décrit le premier ministre de la province lors de ma nomination.
Le rôle du fiduciaire était d’assurer le respect de la Loi sur les régies régionales de la santé en matière de prestation des soins et des services de santé, en l’absence du conseil d’administration. Le mandat était d’agir comme facilitateur, d’enlever les obstacles, d’assurer une agilité et d’établir des processus plus efficaces pour stabiliser la situation rapidement et relever les défis pressants.
Parmi ceux-ci, les départs et les retraites anticipées qui étaient plus nombreux que les embauches de travailleurs de la santé, une conséquence de la pandémie. La régie de santé francophone faisait alors face à des fermetures d’établissements et à l’arrêt de services essentiels, ce qui aurait mis la santé et même la vie de nombreux patients à risque.
Il fallait donner un répit au système. Lorsque le feu est pris, on ne peut pas se permettre d’économiser l’eau.
C’est dans ce contexte que le Réseau de santé Vitalité a fait appel à du personnel d’agence, une mesure temporaire, le temps de mettre en œuvre des stratégies de maintien en poste et de recrutement de travailleurs de la santé. Des efforts qui ont été déployés et qui se maintiennent, si bien que les embauches dépassent maintenant largement les départs.
Aujourd’hui, je me désole face au débat public entourant le recours au personnel d’agence et le procès d’intention fait au Réseau de santé Vitalité, qui n’avait pas d’autre choix et qui était au pied du mur, comme l’a mentionné la PDG du Réseau. Comme fiduciaire, j’ai appuyé cette décision, tout comme l’a fait le ministère de la Santé; j’en suis témoin. Une décision que je continue de défendre parce qu’elle a été prise dans l’intérêt supérieur des patients et du personnel.
Je me réjouis d’ailleurs du soutien de la province, faute de quoi des centaines de vies auraient été touchées, autant parmi les patients ayant besoin de soins que parmi les travailleurs de la santé déjà affectés par l’épuisement, et ce, particulièrement au sein de notre Réseau en situation linguistique minoritaire.
Par ailleurs, j’accueille favorablement l’annonce d’une enquête du vérificateur général pour faire la lumière dans ce dossier. Je suis aussi prêt à collaborer pleinement pour clarifier l’état des choses. Le recours au personnel d’agence est une pratique née d’une situation de crise, qui n’est pas régie par la loi et qui mérite effectivement un examen approfondi. Les recommandations du vérificateur général permettront sans doute d’améliorer les processus, mais aussi de protéger les régies de santé dans ce genre de situation. Ici, par exemple, la rareté des ressources francophones au sein des agences a mis le Réseau de santé Vitalité en désavantage.
Si le débat public me désole, je dois dire tout le contraire au sujet de mon court séjour au Réseau de santé Vitalité en tant que fiduciaire. Cette expérience riche m’a permis de découvrir une grande équipe dévouée pour les patients et pour nos communautés francophones et acadiennes, et résolument engagée dans l’amélioration continue du système de santé, malgré les défis qui se présentent. Les événements récents en témoignent.
Je tiens donc à tirer mon chapeau aux travailleurs de la santé du Réseau de santé Vitalité, sous la direction de la Dre Desrosiers. Ils méritent toute notre admiration!
Gérald Richard
Ancien fiduciaire du Réseau de santé Vitalité