Opinion
La pertinence de la SANB
Jean-Marie Nadeau
jmlacadie1@gmail.com
La dernière fois, je vous ai relaté mon voyage au Québec pour me ressourcer en français et en nationalisme québécois. Cette fois, je suis allé me ressourcer en nationalisme acadien en fin de semaine dernière, dans la superbe ville acadienne de Caraquet, pour assister à l’Assemblée annuelle de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB). Nous sommes grandement privilégiés d’avoir cette organisation provinciale comme outil politique pour défendre nos droits et nos intérêts depuis 50 ans!
Lors de cette assemblée historique, plusieurs enjeux ont fait l’objet d’intenses discussions et de débats. Vous ne serez pas surpris que je mette en exergue l’importante décision, prise dans la joie et l’enthousiasme (presque à l’unanimité – trois votes contre seulement), que la SANB soutienne le changement de nom de notre seule université acadienne au Nouveau-Brunswick. Puisque nous nous définissons individuellement avec fierté comme Acadiens et Acadiennes, nos institutions méritent elles aussi d’être nommées et reconnues comme étant fièrement acadiennes. On appelle cela aussi du renforcement identitaire. C’est d’autant plus crucial que l’Université de Moncton, en étant en soi notre plus grande et importante institution acadienne, doive changer sa dénomination pour un nom clairement acadien qui l’honore et qui nous honore. Ce soutien de la SANB n’était pas seulement approprié et souhaitable, il était essentiel.
Avec un brin d’humour, je clame qu’avec le changement de nom, non seulement mon diplôme de 1969 du Collège de Bathurst, aujourd’hui disparu mais composante de l’Université de Moncton, est aussi valable aujourd’hui qu’à l’époque et pour les années à venir, mais que sa valeur sera même doublée. En effet, avec un nouveau nom, notre Université pourrait nous émettre une autre version de notre diplôme sous sa nouvelle appellation plus acadienne, et ainsi nous aurions deux diplômes pour le prix d’un.
Il y a un autre élément du dossier du changement de nom qui m’énerve. En effet, il semble que des financiers acadiens paradent dans le bureau du recteur pour le menacer, si nous changeons le nom, de ne plus contribuer financièrement à l’université. Je déplore ce comportement qui m’attriste. En fait, un tel chantage est de la bouillie pour les chats. Il n’y aura toujours qu’une seule université acadienne au Nouveau-Brunswick. Très rapidement, après avoir boudé financièrement l’université pendant un an ou deux, ces financiers, pourtant patriotes eux aussi, reviendront rapidement au bercail et recommenceront à financer leur université, notre unique université.
On n’a pas seulement discuté du changement de nom de l’université à l’AGA de la SANB. En effet, on y a beaucoup parlé du dossier de la santé, qui est considéré parmi les plus importants pour la communauté acadienne. Ceci illustre bien en quoi la SANB est une organisation proche des intérêts de la population acadienne. Tout en votant contre la privatisation galopante des services publics de la santé, des votes unanimes ont été pris pour appuyer moralement l’organisme acadien Égalité santé en français, et l’organisme bilingue qu’est le Conseil de la Santé du Nouveau-Brunswick. Ce faisant, la SANB reconnaît que ces deux organismes jouent un rôle prépondérant et indispensable dans l’important dossier de la santé publique.
Il y a un déclin du français au Canada, comme l’a enfin reconnu notre Premier ministre canadien Trudeau. Ce déclin est manifeste en Acadie et même au Québec. De plus, les attaques frontales anti-acadiennes du gouvernement Higgs fragilisent notre communauté. Face à ces situations, l’assemblée générale de la SANB a déclaré l’urgence de la tenue d’une grande rencontre provinciale pour que nous fassions à la fois faire un état des lieux de notre communauté, et définissions un projet de société pour notre avenir. Ça pourrait ressembler à des états généraux. On n’a pas eu une telle rencontre depuis l’année 2004. Sans sombrer dans un pessimisme aigu, on doit reconnaître qu’il y a un péril en la demeure. Il faut plus que jamais agir, et non pas se limiter à réagir.
Avec une telle assemblée annuelle, la SANB a plus que jamais démontré hautement sa pertinence comme notre principal outil politique d’épanouissement collectif. Ce rendez-vous annuel est devenu incontournable et indispensable. Permettez-moi de terminer sur un cri du cœur : vive le changement de nom de l’Université de Moncton!