Opinion

Hommage à Léonard Forest


Cher ami Léonard,

Tu nous as quittés le 19 mars dernier à l’âge de 96 ans. Bien sûr, j’ai appris la nouvelle le lendemain.

Depuis ton décès, je pense à ce que tu as été pour mon mari, J. Paul, et moi : un ami sincère au fil des ans. À chaque fois que tu allais à ton chalet à Cocagne, situé à quelques kilomètres du nôtre, tu arrêtais toujours pour nous saluer, nous soupions ensemble suivi de belles conversations (parfois très arrosées) dans le solarium qui s’étalaient durant de longues soirées dans le solarium où nous avions vue sur la Baie de Northumberland. Tu finissais par rester dormir chez nous pour nous retrouver le matin tard pendant un bon déjeuner. Tu nous quittais en nous disant : « Merci, je suis recyclé » en affichant un beau sourire. Oui, tu étais un charmeur, plusieurs femmes s’en sont rendues compte, mais un charmeur respectueux.

Homme de grande culture, tu nous parlais de ta carrière en tant que cinéaste et des défis qui s’y rattachaient. Tu habitais à Montréal mais ton cœur était toujours en Acadie et tu y revenais souvent. Tu nous invitais à ton tour à ton chalet pour déguster tes succulents fricots au poulet acadiens.

Au début de ta carrière à l’ONF (Office national du film), tu es venu en Acadie pour réaliser tes films en Acadie. Tout d’abord, tu avais un bon œil pour trouver des comédiens originaux et colorés pour meubler ton scénario du film Les Aboiteaux de Roger Blais (1955) dans lequel jouaient feu Adolphe LeBlanc de La Hêtrière, et Noré (Honoré), barbier dans la région du Collège Saint-Joseph et autres gens de la région de Memramcook. Tu tenais à les rencontrer et les laisser parler « à leur façon » avant de les choisir. Ton talent, « c’était d’en trouver aux autres » comme le disait si bien le grand comédien français, Robert Hossein. Oui, Léonard, tu savais écouter les gens (et tu n’étais pas un chercheur de médailles) avant de les impliquer dans ton projet de film. Surtout dans Les Aboiteaux, tu nous parlais des difficultés de « faire de la pluie » quand il faisait beau soleil à l’extérieur. Finalement, tu as réussi à convaincre l’ONF à Montréal de créer un studio de productions françaises en Acadie.

Plus tard, quand tu as pris ta première retraite, tu es allé habiter à l’Oasis à Dieppe où nous pouvions te voir plus souvent mais, finalement, tu es retourné à Montréal pour être plus près de ta fille Violaine, qui est devenue comme toi une grande écrivaine et poétesse.

J’ai eu le bonheur, quand tu étais à l’Oasis - de recevoir de tes propres mains plusieurs copies de tes films… que j’ai finalement offertes à un jeune cinéaste acadien de la région.

Je rêve du jour où un festival de tes films devienne une réalité en Acadie avec l’aide financière du Conseil des Arts du Canada. Je lance l’idée, en te remerciant d’avoir pu vivre une belle amitié avec Paul, moi et la famille.



Jeannita Thériault