Opinion

Francophone et polyglotte en situation d’insécurité linguistique


J’aborde un sujet qui me tient de plus en plus à cœur : l’insécurité linguistique.

Je commence par la définition si vous me le permettez. Insécurité linguistique : sentiment lié à l’usage d’une langue ou d’une forme de langue qui n’est pas maîtrisée par la personne qui ressent alors un malaise, qui se sent menacée.

J’ai été initiée environ deux ans passés à ce terme, et au fil des jours je note une multitude de situations vécues par certaines personnes et par moi-même.

Québécoise d’origine, je suis arrivée au Nouveau-Brunswick en août 1991, ne parlant aucunement la langue de Shakespeare. Mon français était trop bon et je me faisais remarquer lors de conversations comme étant l’étrangère.

Puis, je me suis dit, je vais apprendre le chiac afin de mieux m’assimiler auprès de mes collègues de travail. Vint par la suite, l’anglais, qui s’est infiltré petit à petit dans mes propos quotidiens. Mon mariage avec un « pur chiac » ayant des enfants anglophones ont manié tout cet apprentissage sans même de façon inconsciente. Une chose est certaine, j’étais en terrain étranger, j’étais intéressée d’apprendre et je devais m’acclimater.

Après trente-deux ans au Nouveau-Brunswick, je réalise combien apprendre d’autres langues est essentiel mais cause aussi certaines difficultés orthophoniques. Lors de conversations courantes j’ai tendance à mélanger les langues. J’ai oublié comment bien parler le français et je ne parlerai jamais un parfait anglais. Comble de tout ceci, j’ai un accent francophone qui me suivra jusqu’à la fin de mes jours. Je suis donc un imposteur.
Malgré cette insécurité linguistique je me compte chanceuse de parler deux langues et bientôt une troisième, l’espagnol.

Mais cette insécurité me suit désormais comme mon ombre.

Ma question est donc ceci : est-ce que je ne suis plus considérée francophone si je mêle les langues? Devrais-je être inquiète de ma situation linguistique? Les nouveaux arrivants subissent le même sort. Ils arrivent avec leur langue maternelle et apprenne, je l’espère, le français et vivent la même insécurité.

Peu importe comment on l’approche, en m’entendant parler, on sait que je ne suis plus québécoise, je suis une image parfaite d’assimilation et d’insécurité linguistique.

En conclusion, je suis fière d’être bilingue et bientôt trilingue et je devrai apprendre à vivre avec mon insécurité linguistique.



Cathy Verreault
Fredericton