Opinion

Être malade n'est pas un crime


Sans vouloir me répéter, de récents développements m'ont incité à me prononcer une fois de plus sur la nécessité d'un Tribunal de la santé mentale à travers le Nouveau-Brunswick.

Récemment, des représentants du gouvernement ont comparu devant un comité législatif afin de répondre aux questions des députés provinciaux. Interrogé sur la création d'un tribunal de la santé mentale à Moncton, le sous-ministre de la Santé a parlé des efforts entrepris pour améliorer les programmes de "déjudiciarisation" à Moncton, mais il a déclaré que ces mesures prises n'équivalaient pas à la création d'un tribunal de la santé mentale "comme on en voit à Saint-Jean". En fait, il a clairement indiqué qu'un tribunal de santé mentale comme celui de Saint-Jean n'était pas prévu.

Sa réponse m'a surpris pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, Saint-Jean bénéficie d'un tribunal de la santé mentale depuis près de 25 ans. L'initiative entreprise par le juge Alfred Brien, aujourd'hui à la retraite, a fait des merveilles, avec 85 % des cas sans récidive (d'après des sources du gouvernement provincial).

Deuxièmement, la Nouvelle-Écosse dispose d'un tel tribunal depuis 15 ans et l'a étendu dans plusieurs régions de la province, y compris dans la Première nation de Wagmatcook. On l'appelle désormais le "tribunal du mieux-être", car il permet non seulement de détourner les délinquants souffrant de troubles mentaux du système judiciaire, mais aussi de contribuer à éliminer la stigmatisation liée à la maladie mentale.

Troisièmement, les défenseurs respectés tel que Bernard Richard, ancien ombudsman, et Michael McKee, ancien juge, demandent depuis longtemps que d'autres sites soient établis au Nouveau-Brunswick. Ils ont constaté les avantages de l'approche du juge Brien et du travail de tribunaux similaires dans d'autres régions du pays.

Enfin, ma propre expérience en tant que défenseur de personnes atteintes de maladies mentales devant la cour provinciale m'a convaincu qu'il y a mieux. Bien sûr, un tribunal du mieux-être est une approche différente. Il nécessite la mise en place de mesures de soutien adéquates pour éviter que des personnes vulnérables ne se retrouvent incarcérées pour ensuite recommencer le même cycle dès leur libération. En outre, la réduction de la récidive profite à l'ensemble de la société, y compris aux propriétaires d'entreprises ainsi qu'aux contribuables.

Si cette approche alternative a connu du succès à Saint-Jean, les mêmes bénéfices peuvent être obtenus à Moncton et ailleurs dans la province. En d'autres termes, un Tribunal de la santé mentale est nécessaire parce qu'il fonctionne. Criminaliser les comportements résultant d'une maladie mentale ne fonctionne pas.

Depuis des années, les politiciens se sont engagés à mettre en place un tel tribunal. En effet, le ministre de la justice m'a confié directement de s'attendre à une annonce "bientôt". Cela fait plus de deux ans. Il est temps d'agir.



Paul Ouellet
Moncton