Opinion
Changement de nom de l’Université : un repositionnement stratégique?
Deux textes récemment publiés dans l’Acadie Nouvelle (Pascale Paulin et David Hawkins) soutiennent que le changement de nom de l’Université constitue un important repositionnement stratégique. Nous ne sommes pas d’accord avec cette position.
Pour comprendre notre opposition à ce point de vue, il faut revenir sur ce concept. Dans un bref texte publié dans le magazine Forbes, Jim Heininger (12 avril 2023) explique deux situations fort différentes.
Il est vrai que certaines organisations possèdent une forte image de marque. Pensons à Nike et Adidas dans le secteur des équipements sportifs ou à la Sorbonne, McGill, Yale et Stanford dans le monde universitaire. Pour ces organisations, leur nom est une pièce centrale de leur image de marque. Elles seront prêtes à investir des sommes colossales pour promouvoir et protéger cet élément majeur de leur position stratégique.
La situation de l’Université de Moncton est différente. On peut affirmer que trois éléments définissent sa position stratégique. Le premier est son offre au niveau des différents programmes d’études et c’est sa diversité qui attire les étudiants à s’inscrire chez nous.
Le second élément clé du positionnement stratégique de l’Université se situe dans les marchés visés. On peut en identifier trois principaux : les communautés acadiennes des Maritimes, la Francophonie canadienne et l’Afrique francophone. Les tendances démographiques en Acadie ont amené l’Université à mettre davantage l’accent sur la population étudiante internationale. La hausse de l’immigration francophone au Nouveau-Brunswick pourrait modifier cette distribution entre les différents marchés dans le futur étant donné l’importance que les nouveaux arrivants attribuent à l’éducation de leurs enfants.
La troisième composante de sa position stratégique se situe du côté des efforts de recrutement sur les différents marchés et de sa capacité à offrir des conditions alléchantes en comparaison aux autres universités (conditions d’admission, bourses, accès au logement, appui à l’apprentissage, etc.).
Chacun de ces éléments est partie intégrante du plan stratégique adopté récemment par l’Université. Étant donné ce contexte, il n’est donc pas surprenant que la question du nom n’ait pas été abordé.
Selon nous, le changement de nom deviendra une exigence incontournable lorsque le Conseil de l’Université jugera qu’il est crucial d’aligner le nom de l’Université avec la spécificité qu’elle s’est donnée dans son plan stratégique et les valeurs des communautés qu’elle dessert.
Dans ce cas, l’année 2027 offrirait une belle occasion puisqu’elle marquera le cinquantième anniversaire de l’adoption de la loi qui a créé l’université réseau à trois constituantes. Cela donnerait le temps qu’il faut pour mener la campagne financière, choisir un nouveau nom et permettre aux différentes équipes concernées de préparer la transition.
André Leclerc
Michel Nadeau
Sylvio Boudreau
Pierre Cadieux