
Opinion
10 Décembre 2024
L’inacceptable pauvreté chez nos enfants
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Jean-Marie Nadeau
jmlacadie1@gmail.com
Il est difficile pour moi de ne pas verser une larme quand je lis, vois et entends un reportage sur l’état de la pauvreté chez nos enfants, ici comme ailleurs. Ça me fait le même effet quand j'écoute Patrick Bruel quand il chante sa chanson “Qui a le droit de faire cela à des enfants à qui l’on ment?”. Le Conseil pour le développement humain vient de nous annoncer de façon brutale que plus de 31 000 petits enfants du Nouveau-Brunswick vivent dans la pauvreté. Et 25% des enfants vivent dans la pauvreté au Canada : c’est une honte!
Il va de soi qu’en amont de ces enfants pauvres, il y a des parents pauvres. Ceux-ci travaillent au salaire minimum ou encore survivent sur l’assistance sociale. Le salaire minimum et les taux d’assistance sociale au Nouveau-Brunswick sont parmi les plus bas au Canada.
Pourtant, en 1989, sous l’impulsion du chef néo-démocrate de l’époque, Ed Brodbent, le gouvernement Mulroney avait adopté unanimement une loi pour éradiquer la pauvreté chez les enfants au Canada en 10 ans. Sur le plan provincial, on créait le Front commun pour la justice sociale en 1997. Brenda Murphy, encore lieutenante-gouverneure, était même membre fondatrice de cette organisation avec moi-même et d’autres.
Depuis ce temps-là, le gouvernement Trudeau a pourtant été assez proactif pour abaisser le taux de pauvreté au Canada. Son programme de l’Allocation canadienne pour les enfants aurait sorti 300 000 familles de la pauvreté. C’est notable, mais la situation des enfants en pauvreté au Canada et au Nouveau-Brunswick reste encore largement scandaleuse.
Il faut dès lors que tous les niveaux de gouvernement – fédéral, provincial et municipal – révisent leur approche pour faire face à cette monstruosité et définissent d’autres stratégies pour venir à bout de cette situation. On doit conclure que tout ce qui a été fait de bonne foi pour régler ce douloureux problème de pauvreté jusqu’à maintenant n’a pas fonctionné.
Il y a des poches de pauvreté qui sont plus criantes que d’autres. Il y aurait 40% des enfants de la région de Campbellton et 30% de la région de Bathurst qui vivent dans l’extrême pauvreté. La situation est pire chez les petits enfants autochtones. Même à Saint-Jean, ville de nos milliardaires provinciaux Irving, plus de 30% des enfants vivent aussi dans la pauvreté: c’est insensé et révoltant! Combien de petits Mozart, Crosby, Céline Dion ou Antonine Maillet perdons-nous en cantonnant ces enfants dans la pauvreté?
Le taux de pauvreté en Finlande tourne autour de 10%. Nous ne pouvons peut-être pas totalement éradiquer la pauvreté, mais nous pouvons la réduire drastiquement.
La venue d’un nouveau gouvernement provincial permet d’entrevoir à l’horizon quelques perspectives positives face à cet enjeu. Ce gouvernement semble nettement plus compatissant face à la misère que le gouvernement antérieur. Si ce gouvernement permettait déjà de sortir notre province du dernier rang des provinces quant à la solidarité avec les classes pauvres, nos petits enfants seraient les premiers gagnants.
Mais des changements spectaculaires devront être mis en branle. Rien que sur le salaire minimum, les groupes sociaux réclament au moins 20 dollars de l’heure. Nous en sommes actuellement à 15,35 $ indexés au coût de la vie. La pente est abrupte à monter. Il serait surprenant que notre gouvernement fasse ce saut du jour au lendemain, mais doit y arriver d'ici quelques années.
Pour ce qui est des taux d’assistance sociale, on est encore là en fin de peloton. Un célibataire, avec handicap ou incapable de travailler, reçoit aujourd’hui près de 8 000 dollars par année, ce qui est 10 000 dollars en dessous du seuil de la pauvreté au pays. Et dans tout cela, ce sont les familles monoparentales les plus affectées.
On nous rappelle souvent que la province du Nouveau-Brunswick est une des plus pauvres au Canada. Mais le Canada est un des pays parmi les plus riches au monde. Il y a donc une incompatibilité profonde entre ces richesses et la grande pauvreté qui caractérise notre pays et notre province. Comme en 1989, nous devons considérer à nouveau comme priorité l’éradication de la pauvreté au Canada et au Nouveau-Brunswick, surtout celle concernant les enfants. Nous en avons les moyens: il ne manque que la volonté politique ferme.
jmlacadie1@gmail.com
Il est difficile pour moi de ne pas verser une larme quand je lis, vois et entends un reportage sur l’état de la pauvreté chez nos enfants, ici comme ailleurs. Ça me fait le même effet quand j'écoute Patrick Bruel quand il chante sa chanson “Qui a le droit de faire cela à des enfants à qui l’on ment?”. Le Conseil pour le développement humain vient de nous annoncer de façon brutale que plus de 31 000 petits enfants du Nouveau-Brunswick vivent dans la pauvreté. Et 25% des enfants vivent dans la pauvreté au Canada : c’est une honte!
Il va de soi qu’en amont de ces enfants pauvres, il y a des parents pauvres. Ceux-ci travaillent au salaire minimum ou encore survivent sur l’assistance sociale. Le salaire minimum et les taux d’assistance sociale au Nouveau-Brunswick sont parmi les plus bas au Canada.
Pourtant, en 1989, sous l’impulsion du chef néo-démocrate de l’époque, Ed Brodbent, le gouvernement Mulroney avait adopté unanimement une loi pour éradiquer la pauvreté chez les enfants au Canada en 10 ans. Sur le plan provincial, on créait le Front commun pour la justice sociale en 1997. Brenda Murphy, encore lieutenante-gouverneure, était même membre fondatrice de cette organisation avec moi-même et d’autres.
Depuis ce temps-là, le gouvernement Trudeau a pourtant été assez proactif pour abaisser le taux de pauvreté au Canada. Son programme de l’Allocation canadienne pour les enfants aurait sorti 300 000 familles de la pauvreté. C’est notable, mais la situation des enfants en pauvreté au Canada et au Nouveau-Brunswick reste encore largement scandaleuse.
Il faut dès lors que tous les niveaux de gouvernement – fédéral, provincial et municipal – révisent leur approche pour faire face à cette monstruosité et définissent d’autres stratégies pour venir à bout de cette situation. On doit conclure que tout ce qui a été fait de bonne foi pour régler ce douloureux problème de pauvreté jusqu’à maintenant n’a pas fonctionné.
Il y a des poches de pauvreté qui sont plus criantes que d’autres. Il y aurait 40% des enfants de la région de Campbellton et 30% de la région de Bathurst qui vivent dans l’extrême pauvreté. La situation est pire chez les petits enfants autochtones. Même à Saint-Jean, ville de nos milliardaires provinciaux Irving, plus de 30% des enfants vivent aussi dans la pauvreté: c’est insensé et révoltant! Combien de petits Mozart, Crosby, Céline Dion ou Antonine Maillet perdons-nous en cantonnant ces enfants dans la pauvreté?
Le taux de pauvreté en Finlande tourne autour de 10%. Nous ne pouvons peut-être pas totalement éradiquer la pauvreté, mais nous pouvons la réduire drastiquement.
La venue d’un nouveau gouvernement provincial permet d’entrevoir à l’horizon quelques perspectives positives face à cet enjeu. Ce gouvernement semble nettement plus compatissant face à la misère que le gouvernement antérieur. Si ce gouvernement permettait déjà de sortir notre province du dernier rang des provinces quant à la solidarité avec les classes pauvres, nos petits enfants seraient les premiers gagnants.
Mais des changements spectaculaires devront être mis en branle. Rien que sur le salaire minimum, les groupes sociaux réclament au moins 20 dollars de l’heure. Nous en sommes actuellement à 15,35 $ indexés au coût de la vie. La pente est abrupte à monter. Il serait surprenant que notre gouvernement fasse ce saut du jour au lendemain, mais doit y arriver d'ici quelques années.
Pour ce qui est des taux d’assistance sociale, on est encore là en fin de peloton. Un célibataire, avec handicap ou incapable de travailler, reçoit aujourd’hui près de 8 000 dollars par année, ce qui est 10 000 dollars en dessous du seuil de la pauvreté au pays. Et dans tout cela, ce sont les familles monoparentales les plus affectées.
On nous rappelle souvent que la province du Nouveau-Brunswick est une des plus pauvres au Canada. Mais le Canada est un des pays parmi les plus riches au monde. Il y a donc une incompatibilité profonde entre ces richesses et la grande pauvreté qui caractérise notre pays et notre province. Comme en 1989, nous devons considérer à nouveau comme priorité l’éradication de la pauvreté au Canada et au Nouveau-Brunswick, surtout celle concernant les enfants. Nous en avons les moyens: il ne manque que la volonté politique ferme.