L’Acadie dans l’histoire

Marcel-François Richard (1847-1915)


Dernier d’une famille de dix enfants, Marcel-François Richard était le fils de Pierre-Luc Richard et de Marie-Tharsile Bariault. Né à Saint-Louis-de-Kent, il commença l’école à l’âge de sept ans. À 14 ans, il fut envoyé au collège anglophone de Saint-Dustan, à Charlottetown, ses parents n’ayant pas les moyens de l’envoyer au Québec et le Collège Saint-Joseph n’existant pas encore à l’époque.

En 1867, il fut admis au Grand Séminaire de Montréal où il fit trois ans de cours en théologie. Il revint en Acadie comme diacre, puisqu’il n’avait pas encore atteint l’âge canonique requis pour l’ordination sacerdotale. Toutefois, Mgr Rogers lui obtint une dispense d’âge et le fit ordonner à Charlottetown par Mgr McIntyre qui le nomma vicaire à Saint-Louis. Il desservit également les paroisses de Richibouctou, Saint-Charles, Sainte-Marguerite et Pointe-Sapin, ainsi que la mission amérindienne de Big Cove (aujourd’hui Elsipogtog).

Son premier grand projet fut de mener à terme la construction de l’église Saint-Louis-de-Gonzague à Richibouctou, entamée par son prédécesseur. Il procéda également au remplacement de l’ancienne église de Saint-Louis, devenue trop petite, par deux nouvelles églises, la première à Saint-Louis, la seconde à Saint-Ignace, ceci afin de satisfaire les besoins des paroissiens des deux côtés de la rivière. La pierre angulaire de l’église de Saint-Louis fut posée le premier septembre 1873 et celle de l’église de Saint-Ignace, le lendemain. Le père Richard encouragea simultanément la fondation d’une colonie à Acadieville. Il y célébra la première messe en 1871 et y fit construire une petite chapelle en 1874.

Préoccupé par l’absence de la langue française et de la religion catholique dans les systèmes d’éducation publics de l’époque, il acheta une terre en 1872 pour y fonder le couvent de Saint-Louis. Celui-ci fut occupé dès 1874 par les sœurs de la congrégation de Notre-Dame, venues de Montréal, où elles offraient des cours en anglais et en français. La même année, il fonda l’Académie de Saint-Louis (qui devint le Collège Saint-Louis) afin de pourvoir à l’éducation des garçons.

En juillet 1882, Mgr Rogers manifesta son mécontentement par rapport au Collège qui, selon lui, n’enseignait pas suffisamment l’anglais, précisant que les Acadiens n’avaient pas le même droit à leur langue que les Canadiens français qui, eux, avaient des traités à l’appui. Le Collège ferma ses portes en novembre 1882, ayant perdu son directeur à l’appui de l’évêque Rogers.

En 1885, Marcel-François Richard quitta Saint-Louis pour se rendre à Rogersville, autre village qu’il avait contribué à fonder et où il avait dit la première messe en 1871. Pendant les années qui suivirent, Richard se rendit à Rome trois fois pour demander la nomination d’un évêque acadien au Nouveau-Brunswick. En 1900, il proposa la création d’un nouveau diocèse qui ne vit le jour qu’après sa mort.

En 1905, le pape Pie X le nomma prélat domestique. Grand patriote, Mgr Richard participa à plusieurs conventions nationales, dont celle de 1881 à Memramcook au cours de laquelle il défendit avec succès l’adoption de l’Assomption comme fête nationale. Il contribua une fois de plus à l’adoption de symboles nationaux lors de la convention de 1884 à Miscouche, où il proposa le tricolore étoilé comme drapeau national en présentant un premier modèle qu’il avait fait préparer pour l’occasion par Marie Babineau, une enseignante de sa paroisse. Richard se démarqua en outre à plusieurs occasions par ses discours sur la colonisation et l’agriculture, ayant par conséquent un impact important sur l’idéologie nationaliste de l’époque.

Vers 1913, sa santé commença à s’affaiblir. Il mourut en 1915 à Rogersville.



Source : Les Conventions Nationales Acadiennes Tome I (1881-1890), édition critique établie par Denis Bourque et Chantal Richard avec la collaboration d’Amélie Giroux, Collection Bibliothèque acadienne, © Institut d’études acadiennes, 2013, Université de Moncton.
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