L’Acadie dans l’histoire

Camille Lefebvre (1831-1885)


Fils de Louis de Lefebvre et de Véronique Bouthillier, Camille Lefebvre naquit à Saint-Philippe-de-La Prairie, près de Montréal. Il fit ses premières études à Saint-Jacques-le-Mineur, un village voisin, où il fréquenta l’école paroissiale.

En 1845, il retourna à Saint-Philippe puisqu’un collège venait d’y ouvrir ses portes. Le décès de son père en 1846 et la fermeture du collège quelque temps après firent que Lefebvre, qui n’avait plus les moyens de continuer ses études, se tourna vers l’enseignement. Il entreprit sa carrière d’instituteur en 1848 et se rendit de village en village comme instituteur ambulant.

En 1852, il fut admis chez les pères de Sainte-Croix, à Saint-Laurent, qui acceptaient gratuitement des candidats aspirant à la prêtrise. Il y enseigna le français tout en poursuivant son noviciat. Deux ans plus tard, la mort de sa mère le ramena temporairement à Saint-Philippe. Ordonné prêtre le 29 juillet 1855 à Montréal, il fut nommé vicaire à Saint-Eustache pendant cinq ans.

En 1860, il fut envoyé à Sainte-Rose pour venir en aide à un curé maladif, mais quelques mois plus tard, il fut rappelé au Collège Saint-Laurent où il enseigna le catéchisme. En juillet 1861, il fut nommé économe au collège commercial de Saint-Aimé, dans le diocèse de Saint-Hyacinthe, où il desservit également la paroisse.

Leader né, Lefebvre fut appelé à mettre sur pied le premier établissement d’études postsecondaires permanent en Acadie. Mgr Sweeney, évêque de Saint-Jean, était convaincu que les Acadiens devaient avoir accès aux études supérieures en leur langue et religion ; il souhaitait également un collège pour les Irlandais et les Écossais de cette confession. Il décida de charger Lefebvre de fonder cette institution, le Collège Saint-Joseph, qui ouvrit ses portes à Memramcook en 1864. L’abbé Lafrance avait tenté l’expérience en créant le Séminaire Saint-Thomas en 1854, mais celui-ci, qui connaissait des difficultés financières, ferma ses portes en 1862. Contrairement à ce dernier, le Collège Saint-Joseph connut un succès immédiat et, dès la fin de la première, accueillait déjà une soixantaine d’élèves.

Quatre ans plus tard, le gouvernement provincial commença à lui fournir une subvention annuelle de 400$ (la subvention fut cependant retirée dès l’adoption du Common Schools Act en 1871). Le père Lefebvre proposa la construction d’un nouvel édifice et travailla pendant des années à la collecte de fonds qui allait permettre de le réaliser. Un presbytère de pierre taillée fut érigé en 1867 pour loger les instituteurs du Collège.

Le père Lefebvre fonda également la Société Saint-Jean-Baptiste, qui présenta au public des pièces de Molière, et créa un corps musical. Une aile nouvelle fut ajoutée au collège en 1868 et le père Lefebvre continua à recruter du personnel pour son institution grandissante. Cet élan fut toutefois coupé net lorsqu’il fut nommé supérieur provincial par sa congrégation. Devant quitter pour le Collège Saint-Laurent en janvier 1871, il échangea quelques lettres avec le supérieur général des pères de Sainte-Croix, exposant son attachement à l’œuvre de Memramcook, et réussit à faire différer sa nomination.

Finalement, en 1873, il assuma malgré lui les responsabilités de supérieur au Collège Saint-Laurent, dont la situation financière était également précaire. Il n’oublia cependant pas le Collège Saint-Joseph, qu’il visita de temps à autre. Son prestige contribua à l’ouverture d’un couvent à Memramcook pour l’éducation des filles et à la construction d’un nouvel édifice de pierre au Collège en 1876. Au Québec, il fonda deux nouveaux collèges, ceux de Saint-Jérôme et de Farnham.

En 1880, il exprima sa préférence de ne pas faire renouveler sa nomination comme supérieur provincial et, la même année, participa au congrès de la Saint-Jean-Baptiste à Québec. On y proposa la première convention nationale acadienne qui eut lieu à Memramcook l’année suivante dans les édifices du Collège Saint-Joseph. Le père Lefebvre reprit alors ses fonctions à cette institution et occupa une place centrale dans toute l’organisation de la convention de 1881.

Cherchant toujours à le recruter, la congrégation le réclama en 1890 pour pourvoir le poste de supérieur provincial qu’il avait laissé quelques années auparavant ; il refusa pour des raisons de santé. Deux ans plus tard, affaibli par une santé précaire et en raison de différends avec le supérieur provincial, il quitta ses fonctions à Saint-Joseph. Il mourut à Memramcook en 1895.



Source : Les Conventions Nationales Acadiennes Tome I (1881-1890), édition critique établie par Denis Bourque et Chantal Richard avec la collaboration d’Amélie Giroux, Collection Bibliothèque acadienne, © Institut d’études acadiennes, 2013, Université de Moncton.
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