Éditorial

Mes excuses


Damien Dauphin
Rédacteur en chef
damien@moniteuracadien.ca


Mon précédent éditorial, publié le 1er mars sous le titre Halte à l’écriture déconstruite!, a suscité une grande controverse. Par respect pour mon lectorat et les personnes que ce texte a dérangées, j’ai pris le temps de rencontrer différentes personnes spécialistes des enjeux de langue et de genre afin de m’informer et de m’éduquer sur ces sujets. C’est la raison pour laquelle je ne me suis pas publiquement exprimé avant aujourd’hui.

Je tiens sincèrement à présenter mes excuses pour toute offense que j’ai pu causer avec mon éditorial précédent. Dans cet éditorial, j’ai défendu la langue française avec passion, mais j’ai malheureusement utilisé des termes pouvant être interprétés comme une attaque contre les personnes trans et non binaires. Ce n’était pas du tout mon intention et je regrette profondément les conséquences de mes propos. Je les prie de croire en la sympathie et la solidarité que j’éprouve pour elles.

Je veux également clarifier que je crois fermement en la liberté individuelle et en l’égalité de tous les êtres humains, quelle que soit leur identité de genre ou leur orientation sexuelle. La protection et la promotion de la langue française, qui est une partie importante de l’identité acadienne, ne devrait jamais se faire au détriment des droits et de la dignité d’autrui.

Dans mon éditorial, je me suis attaqué à l’une des pratiques de l’écriture inclusive, qui est l’usage des points médians. Cette pratique, bien que controversée, est devenue de plus en plus courante dans les milieux militants et féministes afin d’inclure toutes les identités de genre. C’est cette pratique que, d’une manière maladroite et provocatrice, j’ai appelé « écriture déconstruite ».

Aujourd'hui, même si je doute toujours de la lisibilité du point médian et de sa facilité d’emploi, j'aimerais reconnaître l'importance d'une langue française vivante, forte et dynamique. Une langue au service des gens, qui facilite les échanges et fait rayonner notre culture au lieu de nous diviser. Une langue qui représenté la beauté et la diversité de notre Acadie.

Après m'être mieux informé sur le sujet, je me rends compte aujourd'hui que l'écriture inclusive, qui constitue un outil intéressant pour représenter la diversité de la société et réparer les injustices du passé, ne se limite pas à ce simple point médian.

Ma conviction sur ce point est renforcée depuis que j’ai découvert l’inclusionnaire. Cet outil en ligne, publié par le gouvernement fédéral du Canada, « présente des mots genrés désignant ou qualifiant des personnes et offre des pistes de solutions inclusives pour les remplacer. (…) Beaucoup de solutions proposées sont surtout utiles lorsqu’on parle de personnes non binaires ou dont on ne connaît pas le genre. » (Source : www.noslangues-ourlanguages.gc.ca). L’inclusionnaire démontre que l’écriture inclusive peut très bien se faire sans l’utilisation du point médian, et ce grâce au recours au langage épicène qui fait appel aux nombreuses ressources de la langue française.

Je tiens enfin à remercier tous ceux et celles qui ont pris le temps de me faire part de leurs préoccupations. Vos commentaires ont été précieux et m’ont aidé à comprendre l’importance de la langue dans notre société. Cet épisode m’a permis de grandir, non seulement comme journaliste, mais aussi comme être humain au service de nos communautés plurielles.

Je m’excuse encore une fois auprès de tous ceux et celles qui ont été blessés ou offensés par mes propos. Je continuerai à approfondir mes connaissances sur les questions de genre et d’identité, et j’espère que nous pourrons avancer toutes et tous ensemble dans le respect et la compréhension mutuelle.

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