Éditorial

Choisir l’alternance


Le 30 juillet, quelque 9.000 membres du parti libéral du Nouveau-Brunswick qui se sont inscrits pour le faire commenceront à voter pour désigner la personne qui conduira l’opposition officielle. Les résultats seront proclamés le 6 août prochain, à l’issue d’un congrès en présentiel à Fredericton.

Le choix qui sera fait n’est pas anodin. Quel que soit le vainqueur, il ou elle aura vocation à succéder à Blaine Higgs en 2024, si les électeurs décident d’envoyer une majorité libérale siéger à l’Assemblée législative lors des prochaines élections générales. C’est dire si le processus de désignation qui est sur le point de commencer engage l’avenir.

Les quatre prétendants à la fonction sont, dans l’ordre alphabétique, Donald Arsenault, Robert Gauvin, T.J. Harvey et Susan Holt. Ils ont parcouru la province pendant plusieurs mois, allant à la rencontre de leurs militants et sympathisants pour les convaincre. Ensemble, ils ont participé à plusieurs reprises à des forums publics pour présenter leur vision. Le Moniteur Acadien a assisté à celui qui s’est déroulé à Dieppe à la fin du mois dernier.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les sujets qui les rassemblent sont plus nombreux que ceux sur lesquels leur approche personnelle peut différer. C’est de bon augure car, peu importe la décision des militants, les trois qui n’auront pas été choisis auront pour mission d’appuyer celui ou celle qui terminera la course en tête, et de l’aider à rebâtir le parti afin d’incarner une alternance crédible. Mais qui choisir ?

Au Moniteur Acadien, nous sommes d’avis que tous réunissent les qualifications essentielles pour être le prochain chef de l’opposition officielle et, par voie de conséquence, premier ministre du Nouveau-Brunswick. Toutefois, une seule personne nous apparaît en mesure de symboliser un véritable renouveau et de personnifier une alternative crédible au parti progressiste-conservateur. Il s’agit de Susan Holt.

Nonobstant leurs qualités respectives, ses trois concurrents peineraient à convaincre la population, fatiguée par la pandémie et subissant les conséquences de la crise économique, qu’ils sont les mieux placés pour donner à la province un nouveau souffle. De plus, tout porte à croire que si Blaine Higgs ne conduit pas lui-même ses troupes lors des prochaines échéances électorales, la personne qui lui succédera sera un homme. Un tel scénario, digne de la vie politique du temps de grand-papa, donnerait l’impression désagréable que rien n’a changé sous le soleil du Nouveau-Brunswick.

Par ailleurs, il y aurait un avantage stratégique à choisir Susan Holt comme cheffe du parti libéral. Anglophone née à Miramichi, basée à Fredericton, elle a prouvé avec brio sa capacité à s’exprimer en français. C’est un atout non négligeable pour séduire l’électorat francophone, mais celui-ci est traditionnellement acquis au parti libéral.

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(Parfaitement bilingue, Susan Holt pourrait reconquérir l'électorat anglophone dont le Parti libéral a besoin pour espérer former un gouvernement.
Crédit : Damien Dauphin)


C’est parmi les anglophones que l’opposition officielle doit faire des gains significatifs pour espérer reprendre le pouvoir. Venue du secteur privé et relativement nouvelle en politique, Susan Holt peut incarner une province bilingue et réparer les blessures qui divisent les deux communautés de langue officielle. C’est une ressource élémentaire pour la mise en œuvre de ses idées sur la démocratie participative et engager l’électorat.

Actuellement, il y a neuf premières ministres dans l’Union européenne, notamment au Danemark, en France et en Suède. En Océanie, n’oublions pas Jacinda Ardern, qui dirige la Nouvelle-Zélande depuis près de cinq ans. Sur notre flanc sud, Kamala Harris, en sa qualité de vice-présidente des États-Unis, succéderait du jour au lendemain au président Biden s’il lui arrivait quelque chose. Des dix provinces canadiennes, seules le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse n’ont jamais eu de femme à la tête de leur gouvernement. Le temps est largement venu pour que change cette situation.

On dit que derrière chaque grand homme il y a une femme, mais aussi, pour paraphraser le poète Louis Aragon, que la femme est l’avenir de l’homme. Ce qui est sous-entendu, c’est l’avenir de l’humanité. Pour nous en tenir seulement à l’avenir du
Nouveau-Brunswick, choisir Susan Holt comme cheffe du parti libéral, c’est choisir l’avenir en la personne qui peut le mieux incarner une véritable alternance au parti actuellement au pouvoir.



Damien Dauphin
damien@moniteuracadien.ca

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