Éditorial

Apprendre le français à la maison


Damien Dauphin
Rédacteur en chef
damien@moniteuracadien.ca



La controverse sur l’abolition de l’immersion française bat son plein au Nouveau-Brunswick. Jeudi 19 janvier, dans le cadre d’une consultation publique organisée à Moncton, des centaines de personnes ont fait part de leur crainte de voir leurs enfants être privés de la possibilité de devenir bilingues. Il y avait dans la salle une majorité d’anglophones, mais également des Acadiens qui vivent en anglais au sein de couples exogames.

Nous en connaissons tous. Dans leur foyer, la langue de Shakespeare règne sans partage. Pour quelle raison ? Tout simplement parce que l’élément francophone du couple, qu’il s’agisse du père ou de la mère, a abdiqué son droit – et je dirais même, son devoir – d’élever ses enfants dans sa propre langue.

Ces parents délèguent donc au système scolaire le soin d’enseigner à leurs rejetons les bases d’une langue qu’ils pourraient leur apprendre eux-mêmes et, lorsque le système est défaillant, ils l’accusent de faillir à sa tâche de former des Néo-brunswickois bilingues. Tout cela me semble bien ironique.

Lorsqu’un enfant va à l’école, sauf s’il souffre d’un trouble quelconque ayant des répercussions sur sa capacité à s’exprimer oralement, il sait déjà parler. Le système scolaire va donc perfectionner cette pratique apprise à la maison au contact des parents, puis développer le vocabulaire, l’orthographe et (espérons-le encore) la grammaire, et étendre les compétences orales de l’élève au registre écrit.

S’agissant du français, nous ne parlons pas ici de l’apprentissage d’une langue étrangère comme j’en fis moi-même l’expérience en France avec l’anglais puis l’espagnol lorsque j’étais au secondaire. Dans notre pays et notre province, il s’agit d’une langue nationale officielle. Lorsque cette langue est celle de l’un des parents, il n’y a aucune raison pour que celui-ci renonce, comme s’il était un citoyen de seconde classe, à l’utiliser dans sa communication avec ses enfants.

Les bébés et les bambins jusqu’à l’âge de trois ou quatre ans sont de véritables éponges qui assimilent, comprennent et retiennent tout. Lorsque l’un des parents leur parle en anglais et l’autre en français, ils sont parfaitement capables de faire la différence. Si le couple était assez fortuné pour avoir un ou une employée de maison parlant une langue étrangère, par exemple le mandarin, leurs enfants seraient trilingues au moment d’entrer dans le système scolaire.

Il est donc urgent que les Acadiennes et les Acadiens réalisent une bonne fois pour toutes que si leur partenaire de vie est unilingue anglophone, cela ne constitue pas une raison valable pour renoncer à vivre en français à la maison au contact de leurs enfants. Parlez-leur dans la langue de Molière dès qu’ils sont au berceau : ce faisant, vous maximiserez leurs chances de devenir parfaitement bilingues, et ce quel que soit le district scolaire dans lequel vous les inscrirez plus tard.

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