Après deux années blanches, la Première nation d’Elsipogtog a tenu son traditionnel pow-wow annuel, du 2 au 4 septembre.
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Damien Dauphin
IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien
« Les ancêtres ont longtemps attendu ce réveil de notre esprit ». C’est sous ce thème que la Première nation mi’kmaq d’Elsipogtog a renoué avec la tradition du pow-wow qui marque le début du mois de septembre.
Il régnait une ambiance particulière sur le terrain de Nogemag Healing Lodge Farm. Quiconque y posait le pied et se montrait attentif pouvait sentir qu’il se trouvait sur une terre sacrée. Il n’y a rien d’étonnant à cela puisque ce terrain, propice à la guérison du corps et de l’âme, avait bénéficié d’un rituel de purification. Sous un soleil de plomb, le camp tout entier était propice à la transpiration.
« Une loge de sudation est un lieu sacré, disent les anciens. Les gens les fréquentent pour de nombreuses raisons, comme la purification et le nettoyage de l'esprit, du corps et de l'âme, et/ou pour la guérison. On dit que pendant la cérémonie, la loge de sudation "répond" à ce dont les participants ont besoin. »
(Chris Sanipass, d’Indian Island dans le comté de Kent. Crédit : Damien Dauphin)
Samedi 3 septembre fut la journée phare ce pow-wow. Elle a débuté à 6h du matin avec la cérémonie du lever du soleil, elle aussi très symbolique. Le peuple mi’kmaq croit que le soleil est le créateur. Chaque matin, les anciens Mi'kmaqs remerciaient le soleil levant pour le début de la journée et, chaque soir, le soleil couchant pour les bienfaits reçus durant le jour. Ils considéraient ce moment de la journée comme parfait pour communiquer avec le Créateur, le monde des esprits et les ancêtres.
« Aujourd'hui, nous essayons de préserver cette pratique au lever du soleil lors d'occasions spéciales par une série de prières, de chants, de tambours et de purification. Nous rendons grâce à tous les aspects de la vie - notre esprit, notre corps et notre âme - et au monde dans lequel nous vivons. Nous profitons de l'occasion pour nous rappeler de toujours respecter les autres et de protéger l'environnement », dit Gordon Gideon.
Venu du Québec, M. Gideon raconte aussi que lorsqu’il pêche, après avoir pris un poisson il remercie la rivière en répandant quelques feuilles de sauge à la surface de l’eau. Il observe le même rituel lorsqu’il chasse l’original avec succès. Les peuples autochtones ont, dit-il, quatre plantes médicinales : la sauge, le tabac, le cèdre et le foin d’odeur, une herbe aromatique pourvue de longues feuilles satinées. Lorsque le Moniteur Acadien l’a rencontré, il en faisait brûler avec de la sauge dans des coquillages d’ormeaux, et la fumée diffusait un agréable et suave parfum.
Directrice générale et littéraire des éditions Bouton d’or Acadie, Marie Cadieux est venue samedi après-midi avec deux jeunes enfants pour les plonger dans la culture amérindienne. Bouton d’or Acadie a dans son catalogue plusieurs livres publiés en français et en langues autochtones : mi’kmaq et wolastoqiyik (malécite).
« C’est important d’honorer la communauté mi’kmaq. Chaque fois, je découvre une communauté et j’apprends quelque chose de nouveau, des nuances, des subtilités. Le maître des cérémonies, Trevor Gould, est très articulé. Il explique très bien les choses, c’est clair et lumineux. Je suis allée à un pow-wow au début de l’été et aujourd’hui c’est une une belle façon de clore la saison », a dit l’éditrice.
(Savvy Simon, d’Elsipogtog, et Tiffany McDougall. Crédit : Damien Dauphin)
Des participantes et participants avaient revêtu leurs plus beaux atours pour cette célébration. Certains venaient de très loin, comme Melissa D. Roberts, de Thunder Bay (Ontario), radieuse sous une peau d’ours. Chris Sanipass, de la Première nation mi’kmaq d’Indian Island, entre Richibouctou et Cap-Lumière, avait la prestance d’un roi. Il a expliqué l’importance des insignes et des ornements d’apparat (« regalia »). Les regalias sont des expressions très personnelles et artistiques de la vie des danseurs, de leurs sentiments, de leurs intérêts, de leurs quêtes familiales et spirituelles.
(Royale et rayonnante, Melissa D. Roberts est venue spécialement de Thunder Bay pour l’occasion. Crédit : Damien Dauphin)
« Bien que très décoratives, ces tenues ne sont pas qualifiées de "costumes". Souvent, les éléments des regalias sont des cadeaux des aînés ou de personnes chères dans la vie des danseurs, et nous les honorons en les portant avec fierté et responsabilité. Quand vous dansez, ces articles qui font partie de l'apparat vous apportent de l'éclat. Vous brillez vraiment, et vous vous sentez bien dans votre peau (traduit de l’anglais). »