Culture

LA COMMUNAUTÉ ARTISTIQUE ACADIENNE EN DEUIL DE FAYO


Le chanteur acadien Mario LeBlanc, plus connu sous le nom de «Fayo», est décédé lundi matin à l'âge de 46 ans, emporté par un cancer.


Damien Dauphin
Le Moniteur Acadien


Sa mort prématurée a pris au dépourvu la communauté acadienne, en particulier le monde des arts et de la culture. Lundi soir, les hommages pleuvaient sur les réseaux sociaux.

«Tout s’est passé tellement vite, a écrit Serge Brideau, le chanteur des Hôtesses d’Hilaire qui se porte candidat aux élections provinciales pour le Parti vert dans la Péninsule acadienne. On ne se voyait pas souvent, mais je t’appréciais beaucoup. J’aimais ton approche à la chanson avec ta façon de dire les choses. Tu étais capable de faire quelque chose que j’ai toujours admiré : d’écrire un bon refrain accrocheur qui restait dans la tête.»

Le poète Gabriel Robichaud a partagé plusieurs souvenirs et la fascination qu’il éprouva pour le répertoire du chanteur lorsqu’il le découvrit au Théâtre Capitol de Moncton. Il a notamment évoqué une vitrine d’un spectacle qui venait de tourner en France. Fayo y avait interprété une chanson inspirée de l’œuvre du poète Guy Arsenault. Ce fut un choc, une révélation pour celui qui est aujourd’hui le directeur de la collection théâtre aux Éditions Perce-Neige.

«J’avais entendu parler de Guy, de ses textes, de son œuvre, mais tout à coup ça me convainc. Je capote. Je dois lire Acadie Rock. Quelques mois plus tard, je le demande pour Noël. Je ne l’ai pas, j’échange un cadeau, je le lis, je me mets à écrire. Compulsivement.»

Le chanteur Joseph Edgar admet qu’il a éprouvé une pointe de jalousie devant le talent de Fayo car «il chantait mieux, avait un meilleur sens de la mélodie et était beaucoup plus clair et précis dans ses textes.»

Carol Doucet, gérante du Grenier Musique, connaît par cœur toutes les chansons de Fayo, dont la musique a enveloppé sa première sortie romantique avec l’homme qui partage sa vie. Elle évoque un projet de collaboration qui n’a pas eu le temps de voir le jour.

«Fayo m’a demandé si je pouvais l’aider à sortir ses nouvelles chansons. Bien sûr que j’ai dit oui, je lui ai dit que ce serait un honneur de l’aider. Il ne me les a jamais envoyées, mais on les entendra sûrement un jour. La musique vivra!»

Pour le musicien Sébastien Michaud, c’est toute l’Acadie qui pleure Fayo. «T'étais tout un Acadien, t'étais tout un être humain, pis tu vas nous manquer», a écrit Marie-Renée Duguay.

«Allez écouter ses trois albums, c’est le meilleur hommage qu’on puisse lui rendre», a conclu Carol Doucet.

Visiblement bouleversé, Joseph Edgar attendra un peu pour faire tourner les disques. Lundi soir, il s’est recueilli dans la nature pour tenter de saisir dans la poésie de ses sons, de ses silences et de murmures, un fragment de son ami disparu. «À soir, j’essayerai de tendre l’oreille pour voir si j’entends pas ta voix dans les chuchotements de la rivière.»