Culture

Des femmes de sagesse sous l'objectif de la photographe Stella d'Entremont au Musée Acadien


Michel C. Belliveau
Le Moniteur Acadien


En ce moment, le public peut se rendre à une exposition des plus inspirantes qui met en vedette les œuvres de la photographe Stella d'Entremont à la galerie du Musée Acadien sur le campus de l'université de Moncton.

Trente-six femmes acadiennes sont mises en lumière dans cette imposante collection. On y trouve sept Acadiennes du Nouveau-Brunswick, cinq femmes de l'Île-du-Prince Édouard, 13 de la Nouvelle-Écosse et 11 Louisianaises.

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« L'idée était que je prenne des photos des femmes, de leurs visages et de leurs mains, afin de pouvoir raconter leurs histoires à travers ces clichés », explique Stella d'Entremont, originaire de Pubnico Ouest en Nouvelle-Écosse et résidant actuellement à Moncton.

En tant que chroniqueur culturel, parcourant les murs de cette galerie et célébrant la Journée internationale de la femme, j'ai le plaisir de vous présenter trois de ces femmes, originaires de notre coin de l'Acadie, et ayant vécu de longues vies. Leurs visages et leurs mains reflètent un parcours jalonné de joies, de peines, d'amour et de persévérance, tout au long de leur vie bien remplie.

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Premièrement, Maria LeBlanc est née à Sainte-Marie-de-Kent. Elle disait: "Ma mère était responsable de nous discipliner et de toutes les corvées de la maison. Elle a donné naissance à huit enfants : cinq filles et trois garçons. J'avais un mari fidèle et nous avons eu beaucoup de joies à élever nos enfants. Une fois les enfants partis de la maison, j'ai commencé à coudre des rideaux pour un monsieur de Memramcook. J'avais aménagé une pièce pour travailler. J'ai fait des rideaux pendant plusieurs années. Je suis certainement l'une des chanceuses », affirmait-elle. Elle a vécu jusqu'à l'âge de 86 ans et est décédée en 2021.

La deuxième, Maria Richard, est originaire d'Acadieville. Après avoir terminé ses études, son mari a trouvé un emploi à Saint-Jean, et la famille l'a suivi pour être avec lui. "Nous vivions alors dans une ville où tout le monde parlait anglais et où nous étions entourés de loyalistes. Je comprenais très peu la langue. Le simple fait d'aller au magasin était un défi pour moi. J'ai été à la maison pendant 10 ans pour élever nos enfants," affirma-t-elle.

Par la suite, elle est devenue enseignante de français langue seconde. "En 1984, mon mari a demandé le divorce. Depuis ce jour, je vis une vie de bonheur, car j'ai l'impression de vivre au paradis", a-t-elle déclaré.

La dernière est Lorette Cormier, née le 4 janvier 1935 à Shediac Bridge. Elle partageait : "Dans les années 50, lorsqu'une femme tombait enceinte, elle devait quitter son emploi. Ainsi, lorsque je suis tombée enceinte de mon premier enfant en 1957, j'ai quitté mon emploi chez Marven's et j'ai commencé ma famille. Le respect de la famille est une caractéristique marquante des membres de la génération silencieuse."

Lorette Cormier est une joueuse d'accordéon bien connue. Fièrement, elle témoigne : "Nous avons eu la chance d'avoir 14 petits-enfants et huit arrière-petits-enfants. J'ai le cœur lourd, car il y a deux ans, j'ai perdu un petit-fils qui n'avait que 22 ans. Je me console en sachant que mon mari et moi sommes toujours en bonne santé, et qu'avec le reste de ma famille nous sommes souvent ensemble à profiter de bons repas en famille ainsi que de la musique."

Voici une exposition authentique qui met en valeur de si belles femmes empreintes de sagesse et d'histoires de vie remarquables. Témoignage vivant à travers les années, ce sont une collection et une exposition à ne pas manquer, créées dans l'esprit de la photographe Stella d'Entremont.