Culture

À 91 ans, Gérard Léger n’a pas fini d’écrire


Éverard Maillet


Doté d’un talent inouï pour l’écriture, en bonne santé et surtout jeune de cœur, Gérard Léger est un écrivain doué. À 91 ans, il n’est pas à la veille de mettre sa plume de côté. Bien au contraire, il se propose plutôt de continuer à nourrir sa grande passion littéraire.

Issu d’une grande famille à Saint-Antoine, Gérard Léger nous parle d’abord de son cheminement. Il tient également à nous raconter quelques petites anecdotes inédites, de ses années d’enfance à celles d’adulte.

«Je me souviens qu’à l’âge d’environ 12 ans, on m’appelait le ‘ptit lawyer’ parce qu’en classe on me demandait si j’avais compris quelque chose et je répondais toujours ‘j’crois qu’oui’. Alors on disait de moi que c’était commode d’avoir un ‘p’tit lawyer’ à l’école», se souvient M. Léger en riant. Pourtant, une carrière juridique ne l’a jamais intéressé, même si ses camarades de classe lui ont collé à tout jamais le sobriquet de ‘p’tit lawyer’.

Après avoir terminé sa dixième année à Saint-Antoine, Gérard poursuivit ses études classiques au Juvénat de Bathurst. «Je n’ai pas aimé ça, au Juvénat, et je suis revenu à Saint-Antoine en 1949, où j’ai gradué», se souvient-il.

Prêt pour le marché du travail, Gérard soumit une demande d’emploi dans une banque à Québec. À l’époque, il était surpris de constater que même si cette ville était très majoritairement francophone, les grandes institutions bancaires étaient généralement situées sur la ‘Saint Peter Street’, et non pas la rue Saint-Pierre.

«Je me souviens qu’à la banque où j’ai travaillé il n’y avait pas de documents en français. Même que le gérant et le premier comptable provenaient de l’Angleterre. Tout était en anglais. Et à Québec!», de s’exclamer le nonagénaire.

En plus d’avoir occupé un poste de banquier pendant quelques années, Gérard Léger a par la suite choisi d’élargir ses compétences professionnelles dans d’autres domaines au profit de diverses entreprises québécoises. Il s’illustra notamment dans les domaines de la gestion, des ventes, de la comptabilité et des aménagements paysagers, et ce pendant une vingtaine d’années. À savoir si ce jeune Acadien réussissait à bien se faire comprendre avec un vocabulaire relativement ‘chiac’ lors de ses conversations avec les Québécois, Gérard affirme qu’il a pu se débrouiller.

«En dehors de la banque, je fréquentais une population presque entièrement francophone. Avec mon ‘chiac’ on me remarquait partout et j’ai donc essayé de m’adapter à eux autres, mais sans parler en grandeur », dit-il en éclatant de rire. En ce temps-là, un ‘chocolate bar’, une bouteille de ‘pop’ et un ‘cône d’ice cream’ faisaient partie de son vocabulaire dans la capitale québécoise. Gérard se souvient particulièrement de la fois où il a découvert qu’il était véritablement un Acadien au Québec.

«Une bonne fois, à la table à déjeuner, on m’a souhaité bonne fête mais j’ai répondu que ce n’était pas ma fête. Alors on m’a dit: ‘Mais n’est-ce pas la fête des Acadiens aujourd’hui, le 15 août?’ Et que ça m’a surpris! », admet M. Léger avec un brin d’humour. Somme toute, il se disait toujours très fier de s’identifier en tant qu’Acadien dans la Belle Province.

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(Très talentueux, Gérard Léger s’adonne également à la peinture dans ses temps libres. On peut voir quelques-unes de ses œuvres. Crédit : Évérard Maillet)


Retour dans son patelin

En 1972, Gérard Léger est de retour chez lui, en Acadie, pour finalement s’établir à Richibucto avec son épouse québécoise, Florence Larochelle, et leur petite famille de trois enfants. Doué pour les affaires, il a finalement ouvert le magasin Léger textiles, à Richibucto, où sa clientèle pouvait se procurer principalement des tissus et du matériel d’artisanat. Il a exploité ce commerce durant une vingtaine d’années. «Parallèlement, j’avais aussi une importante pépinière de plantes vivaces», ajoute le paysagiste.

Au fil des années, l’auteur Léger a produit des œuvres littéraires de toutes sortes, soit des romans, des petits récits, de la poésie et une pièce de théâtre. «J’écrivais et je déposais ces écrits dans des tiroirs», mentionne le romancier et poète.

En 2021, Gérard Léger a reçu une prestigieuse mention d’excellence littéraire des Écrivains francophones d’Amérique, dans la catégorie ‘roman’. Depuis cette année-là, il n’a pas perdu son temps car il a publié dix livres, dont ceux de la populaire série ‘Les enfants de la mer’.

« J’ai du pain sur la planche parce que je m’attends à produire d’autant plus deux livres cette année et au moins deux autres en 2024», annonce ce bon vivant.

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(L’auteur Gérard Léger nous montre un assemblage de photos de tous ses livres publiés chez Les Éditions de l’étoile de mer. Crédit : Évérard Maillet)