En 1984, le Nouveau-Brunswick fêtait son bicentenaire. Sur la route d’un voyage de douze jours qui l’a conduit d’un océan à l’autre, le pape Jean-Paul II s’est arrêté à Moncton le 13 septembre. Un site avait été spécialement aménagé sur la côte magnétique (Magnetic Hill) pour la célébration d’une messe en plein air. Samedi dernier, le Grand Moncton a commémoré ce quarantième anniversaire.
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Damien Dauphin
IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien
Jean-Paul II a présidé deux célébrations eucharistiques à Moncton : l’une à la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption, l’autre sur le site de Magnetic Hill. Posée par les Chevaliers de Colomb, une plaque rappelle cet événement qui a mis la région en lumière il y a quatre décennies.
Posée par les chevaliers de Colomb, cette plaque rappelle la première visite d’un pape au Canada, et à ce jour, la seule dans la région. Photo : Damien Dauphin)
Dans son homélie, le souverain pontife avait dit en substance : «Je sais que votre esprit communautaire vous a déjà permis de surmonter bien des difficultés du début en Acadie ; aujourd’hui encore, vous êtes connus pour votre sens de la fraternité, de l’hospitalité cordiale et du partage.»
«Le gros événement c’était ici à la Côte magnétique, malheureusement je n’avais pas pu m’y rendre, je travaillais», s’est souvenu Donald Hébert, chevalier de Colomb depuis le milieu des années 70. Avec sa famille, il a regardé passer le convoi papal, avec l’évêque de Rome dans sa célèbre «papamobile».
Des reliques ont été disposées sur cette table pour l’adoration des fidèles. De gauche à droite : Sainte Faustine Kowalska et Saint Maximilien Kolbe, religieux polonais; Sainte Thérèse de Lisieux, carmélite française; Saint Michal Sopoćko, prêtre polonais, et le pape Saint Jean-Paul II. (Photo : Damien Dauphin)
C’est aussi ce qu’a fait Tony Benoît, qui n’avait pas encore rejoint les chevaliers de Colomb à ce moment-là. En ce 14 septembre 2024, c’est désormais lui qui agit à titre de maître d’une cérémonie que l’archevêque de Moncton, Mgr Guy Desrochers, va concélébrer avec plusieurs prêtres.
Avant la messe, Mgr Guy Desrochers bénit des statuettes de la Vierge Marie que lui présentent un père et son fils. (Photo : Damien Dauphin)
La foi des jeunes
Parmi les quelques 200 personnes présentes, la plupart faisaient partie des dizaines de milliers de fidèles rassemblés il y a quarante ans pour écouter la parole de Jean-Paul II. Toutefois, on observe la naissance de plus jeunes. Jacob Melanson et Sivane Bradley n’étaient pas encore nés. Pour l’occasion, le couple s’est vêtu de ses plus beaux atours. Signe d’une piété largement tombée en désuétude mais que de plus en plus de jeunes retrouvent, Sivane a couvert sa tête d’un foulard immaculé.
Sivane Bradley et Jacob Melanson avait revêtu leurs « habits du dimanche » pour la cérémonie. (Photo : Damien Dauphin)
«Ma foi catholique est très importante pour moi et c’est pourquoi je suis ici aujourd’hui», a-t-elle confié en anglais au Moniteur acadien.
Il y a quarante ans, celui qui est assis sur le siège archiépiscopal de Moncton n’était lui-même qu’un jeune novice chez les Rédemptoristes. À Sainte-Anne-de-Beaupré, il a serré la main du pape décédé en 2005 et rapidement canonisé par son successeur. «C’est un beau souvenir», a-t-il relaté.
« Jean-Paul II n’était pas un homme comme les autres »
Esther Toner Gaudet, de la paroisse de Saint-Anselme à Dieppe, représentait les jeunes du Nouveau-Brunswick à la messe à la cathédrale. Elle se souvient de «l’homme extraordinaire» qu’était Jean-Paul II.
Des fidèles enlignés pour vénérer les reliques des saints. (Photo : Damien Dauphin)
«Ce n’était pas un homme comme les autres, a-t-elle souligné. Quand il est entré dans la cathédrale, on sentait une chaleur incroyable. Tout le monde voulait le toucher mais quand il est passé devant moi, je ne sentais pas le besoin de le toucher, cela me suffisait de le voir.»
Si Esther connaît encore par cœur des passages de son discours, c’est parce qu’elle l’avait appris sur le bout des doigts. Elle voulait pouvoir contempler le pape en s’adressant à lui, et ne pas passer son temps à lire ses notes.
Le seul site de la visite encore debout au Canada
Le site où se déroule la messe commémorative a été construit spécialement pour la visite papale. De tous ceux qui ont été édifiés au Canada pour ce voyage mémorable, il est le seul qui soit encore debout et en fonction. Les chevaliers de Colomb y font mémoire de la visite de Jean-Paul II chaque année en septembre.
«Il existe encore un autre site en Ontario mais il sert pour d’autres fonctions. La section où nous sommes est fermée au public quand il y a des concerts à la Côte magnétique. Cela protège la sacralité du lieu. Pour ceux qui étaient là il y quarante ans, c’est un souvenir qu’ils n’oublieront jamais», a dit fièrement Tony Benoît.
Un autre chevalier de Colomb, Leo McGraw, se souvient que le mauvais temps s’était invité à la célébration. Il pleuvait et la température était fraîche. «Il faisait moins beau qu’aujourd’hui. C’était tout à fait spécial.»
Monseigneur Desrochers a prononcé son homélie sur la croix, instrument de torture et de mort mais qui, lorsqu’il est regardé différemment, peut apaiser la colère. «Il y a une troisième façon de le voir : c’est avec les yeux du cœur, pas seulement en la regardant mais aussi en la contemplant. On y voit tout l’amour de Jésus pour l’humanité.»
Le prélat a rappelé que le pape Jean-Paul II, «l’athlète de Dieu», était un homme très sportif. Selon lui, «il a porté le plus de fruits au soir de sa vie lorsqu’il a offert les souffrances de son corps physique au Seigneur.»
Esther Toner Gaudet avec son amie la conseillère générale Corinne Godbout, qui représentait la Ville de Dieppe. (Photo : Damien Dauphin)
Les trois municipalités du Grand Moncton était représentées. Le conseiller du quartier 3 de Moncton, Bryan Butler; la conseillère générale de Dieppe, Corinne Godbout; et le conseiller de Riverview, John Coughlan, ont tous trois prononcé une courte allocution.
Également présente, la députée de Moncton-Riverview-Dieppe, Ginette Petitpas Taylor, s’est exprimée à l’issue de la cérémonie et avant la bénédiction finale. «Nous remercions le pape de nous avoir légué un bel héritage», a dit l’élue fédérale.