Communauté

Le jardin communautaire du Grand Shediac : un éden pour renouer avec la nature et nos origines


Manger sainement, lutter contre l’insécurité alimentaire et briser l’isolement : les bénéfices d’un jardin communautaire sont multiples. Les résidents de Shediac et des environs le disent : en s’adonnant au jardinage, ils renouent avec leurs racines et en plantent de nouvelles. Certains estiment que cultiver la terre en groupe leur a même sauvé la vie.

_______________________
Damien Dauphin
IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien


Infatigable et rayonnante présidente du Jardin, Odette Babineau réside à Pointe-du-Chêne. C’est avec passion que la native de Haute-Aboujagane s’occupe de l’organisme depuis une douzaine d’années. Elle raconte que tout a commencé en 2011 par un petit lopin de 60 pi2 sur la rue Breaux Bridge. Avec le temps, petit jardin est devenu grand et a pris de l’ampleur. Le diocèse, à qui le terrain appartenait, l’a vendu et il a fallu déménager.

Odette Small
Odette Babineau est la présidente du Jardin communautaire de Shediac et banlieues Inc. (Photo : Damien Dauphin)

Le District scolaire francophone Sud a entrevu le potentiel éducatif entre l’école, le district et la communauté. Renouvelable, un bail d’une dizaine d’années a mis à disposition du Jardin un terrain humide appartenant à la polyvalente Louis-J.-Robichaud, au centre-ville de Shediac.

«Deux ans passés, c’était un morceau de terre, plein de vase. Quand j’ai vu le terrain pour la première fois, je n’étais pas sûr de ce que cela allait donner. Dix-huit mois plus tard, grâce à la communauté et aux bénévoles, c’est une belle réussite», a dit le conseiller municipal Roland Cormier. Au nom de la municipalité, il a souligné la persévérance et l’énergie des organisateurs, au premier rang desquels Odette Babineau.

Ruban 2 Small
La traditionnelle coupe de ruban inaugural. À la une, le dévoilement de la plaque. (Photo : Damien Dauphin)

Le jardin compte environ 175 boîtes de jardinage et chacune est numérotée. Ces boîtes sont louées pour seulement 25$ par an. Les outils et la terre sont mis à la disposition des cultivateurs. Une serre provenant d’Europe va être prochainement installée. Le Jardin comprend une remise pour l’entreposage des outils, et d’un poste d’échange des légumes entre les jardiniers. Tout est biologique.

«Les pesticides et herbicides ne sont pas permis ici. Les gens partagent leurs connaissances et leurs astuces», précise Mme Babineau.

Bon pour le corps et l’âme

Elle mentionne à quel point les utilisateurs adorent jardiner, de prendre soin de leur petit lopin et de faire pousser leurs propres légumes. Ce besoin de vivre en concert avec la nature et ce retour à la terre ont des propriétés qui ne sont guère surprenantes. «Pour les plus âgés, ça les ramène à leur enfance», dit-elle.

Jardiniers Small
Les jardiniers étaient fiers de présenter de la nourriture cuisinée avec des aliments cultivés et récoltés par eux-mêmes. (Photo : Damien Dauphin)

«Quand la pandémie nous a frappés en 2020-2021 et que toutes les activités ont cessé à travers le monde, beaucoup de gens nous ont dit que le jardin communautaire leur avait sauvé la vie. Ils pouvaient aller dans un endroit où ils pouvaient côtoyer d’autres gens avec la distance de sécurité. Ça leur faisait du bien au moral», ajoute Mme Babineau.

Grâce au partenariat avec le système scolaire, le flambeau est transmis à la plus jeune génération. Non seulement douze boîtes sont consacrées au programme de cafétéria de l’école grâce auquel les élèves mangeront des légumes sains dès le mois de septembre, mais en outre, ils vont apprendre à cultiver et à récolter des légumes eux-mêmes.

Le jardinage enseigné aux élèves

«Les enfants voient que les carottes et les pommes de terre ne viennent pas d’un sac acheté au magasin, mais de la terre. Apprendre à nos jeunes à cultiver et à récolter les aliments, ça aide à la sécurité alimentaire et au bien-être général», affirme le député Jacques LeBlanc.

Son collègue et voisin de circonscription, Robert Gauvin, se dit toujours interpellé par l’adjectif «communautaire». Très jeune, il a appris que les douze membres de la famille qui habitait à côté de chez lui cultivaient la terre ensemble. «On a besoin de reconnexion humaine avec la terre, avec nous-mêmes», croit le député de Baie-de-Shediac-Dieppe.

Serge Parent Small
Le 21 août à 19h, Serge Parent animera un atelier présentant divers mouvements holistiques avec méditation et immersion sonore pour détendre le corps et l’esprit. (Photo : Damien Dauphin)

Présent au nom des Premières Nations, Serge Parent abonde dans le même sens. «Une graine à la fois, on revitalise le jardin et on enseigne aux jeunes à cultiver la terre. C’est comme ça qu’on fera un futur harmonieux.» Il a lancé un appel aux politiciens présents pour donner davantage de visibilité aux Premières Nations et à leur sagesse holistique.

Le Jardin communautaire de Shediac et banlieues a été officiellement inauguré dimanche 11 août sous un soleil radieux.


Un jardin aux saveurs du monde

La diversité culturelle est présente au Jardin communautaire du Grand Shediac. «Différentes nationalités ont différentes cultures et différentes manières d’utiliser la nourriture. On retrouve ici des légumes que je ne connais pas et qui viennent de leurs pays pour qu’ils puissent cuisiner comme chez eux», révèle Mme Babineau.

May Small
May Cayabyab souriante derrière son petit potager dans lequel poussent des pommes de terre et des épinards aux saveurs philippines. (Photo : Damien Dauphin)

Les jardiniers amateurs, passionnés ou en herbe proviennent des quatre coins du monde : du Maroc, du Cameroun, de Chine, de Corée, des Philippines, d’Inde, de Pologne, et bien sûr de France. «D’où que vous veniez, vous êtes les bienvenus pour venir jardiner ici», lance Odette.

Parmi eux, May Cayabyab, d’origine philippine, fait partie du personnel du Jardin où elle cultive aussi son petit lopin de terre. La jeune femme souriante dit qu’arroser les plantes de bon matin est une expérience magnifique. Elle cultive des pommes de terre et une variété d’épinards.


40 ateliers gratuits cet été

Jean Bourgeois est apiculteur à Cap-Acadie depuis huit ans. Il a trente ruches à Petit-Cap, Shemogue et Trois-Ruisseaux. Celui qui est aussi le candidat du Parti vert dans la circonscription de Shediac-Cap-Acadie a fait une présentation au public il y a deux semaines, et une autre pour l’ouverture. Il témoigne de l’engouement du public.

Jean et Réjean Small
Jean et Réjean – Quand le bleu rencontre le vert : Réjean Savoie écoute avec attention les explications de Jean Bourgeois qui lui présente une de ses ruches. (Photo : Damien Dauphin)

«Il y a des gens qui viennent à la maison, j’ai même un Algérien qui vient car il s’ennuie de ses ruches en Algérie», confie le militant écologiste.
Jean Bourgeois a offert un pot du miel qu’il récolte au ministre responsable de la Société de développement régional, Réjean Savoie, dont le département subventionne le Jardin communautaire.

«Chez nous, il n’y a pas de monoculture et toutes les fleurs sont sauvages. Comme on est à Petit-Cap, les gens disent que le miel a un petit goût salé, un peu acide. Ils aiment bien.»

Le Jardin communautaire de Shediac offre 40 ateliers gratuits cet été. Le 20 août à 18h30, la naturothérapeute Rachelle Poirier apprendra au public quels sont les aliments alliés de la santé qui peuvent notamment aider à avoir de l’énergie, à bien dormir et à soutenir le bien-être.