Communauté

Des Noëls blancs qui seront désormais verts?


Ceux et celles qui, l’année passée, rêvaient d’un Noël blanc ont été déçus. La neige n’était pas au rendez-vous et d’autant plus que les températures du mois de décembre étaient souvent au-dessus du point de congélation. Pour les semaines hivernales qui s’ensuivirent cette année dans le Sud-Est, les amateurs de motoneige, à titre d’exemple, devaient souvent garer leur véhicule motorisé adapté à l’hiver et attendre avec impatience d’importantes chutes de neige pour ainsi pratiquer ce sport récréatif en plein air. Idem pour les skieurs. Or, cette situation est devenue relativement commune au fil des dernières décennies, créant ainsi une tendance inquiétante et problématique. Il est fort probable que le réchauffement planétaire est en train de transformer notre climat et que les érosions, les inondations, les feux de forêt et les sécheresses pourraient s’intensifier. Cette semaine, le Moniteur Acadien s’est entretenu avec quelques lecteurs à propos des hivers du passé et des conséquences dévastatrices de l’effet de serre.


Evérard Maillet
Le Moniteur Acadien


«Je me souviens de ces hivers quand il y avait plusieurs grosses tempêtes de neige. Des fois il y avait vraiment trop de neige, quasiment jusqu’au toit des maisons et des granges. Ça faisait du ‘pelletage’ pour en sortir! Je me souviens aussi quand j’allais à l’école à pied, même dans des tempêtes de neige et des gros froids. Rien ne nous arrêtait! Des fois il y avait moins de neige mais les chemins étaient quand même glissants et j’attachais des pointes de métal sous mes bottes pour ne pas tomber ou glisser.
Je suis d’accord qu’aujourd’hui il y a moins de tempêtes de neige comme dans le passé et c’est probablement dû au changement climatique. Il faudra s’habituer mais en même temps ça cause des dommages, surtout des érosions le long de nos côtes.»
Emery Richard Small
Emery Richard
Dieppe (originaire de Saint-Ignace)

«Pour fin de comparaison, des années passées on avait des tempêtes de neige avec de la neige seulement tandis qu’aujourd’hui on a des tempêtes souvent mêlées de neige, de la pluie et parfois du verglas. Je me souviens qu’à cause de violentes tempêtes de neige nos chemins étaient bouchés pendant trois à quatre jours. De nos jours, les températures ne sont plus les mêmes. Chaque année, par ici à Baie-Sainte-Anne, l’érosion nous fait perdre plusieurs pieds de terre de nos côtes. C’est incroyable ce qu’on perd! Pour les chalets, plusieurs ont fait ‘haller’ des grosses roches sur la côte. Ça aide à combattre l’érosion mais dans le bout d’Escuminac, pas loin du quai, c’est rendu que les vagues passent par-dessus les roches pour ensuite ‘manger’ le sable. Un phare sur la terre ferme dans le bout d’Escuminac sera dans l’eau dans quelques années. Ça veut dire qu’à l’avenir ça pourrait devenir pire. C’est peut-être moins énervant pour notre génération mais pour les jeunes, la prochaine génération, le changement climatique pourrait être beaucoup plus grave.»
Ligouri et Paula Turbide Small
Ligouri (et Paula) Turbide
Baie-Sainte-Anne

«J’ai vécu les années alors que les bancs de neige, à Caraquet, étaient tellement hauts qu’on pouvait monter et toucher les fils des poteaux électriques (l’auteur de ces lignes a également vécu cette expérience à Saint-Édouard).

À l’heure actuelle, toutes les études démontrent qu’il y a des changements climatiques, que ce soit en rapport aux tempêtes fréquentes et plus intenses, aux inondations, aux sécheresses et autres. Et nous sommes responsables de ces changements climatiques. Quant à la nouvelle taxe sur le carbone au Canada, les Européens ont déjà adopté cette mesure qui sert à protéger notre environnement. C’est prouver que c’est une mesure très efficace. Et le pourcentage que cette taxe représente par rapport à l’inflation est minime. Quant à l’avenir, il faut qu’on change nos habitudes de consommation. On est même encouragés à trop consommer. Moi-même, j’ai changé mes habitudes. Comme exemple, je consomme moins d’essence, moins de linge et plus encore.»
Roger Doiron Small
Roger Doiron
Richibucto

«De nos jours, on entend parler de tempêtes de neige immenses à travers le monde. Pour nous qui avons passé notre jeunesse “sous la neige”, rien n’est nouveau. On se rappelle celle qui avait fermé nos routes dans le sud-est du N.-B. où l’on pouvait toucher les fils d’électricité, où de gros camions devaient “battre” la route pour permettre le passage de gros véhicules, où l’on pouvait monter sur des amoncellements de neige près des maisons pour y grimper et se faire des glissades vers les champs d’en arrière.

L’on devait avoir une porte de l’extérieur qui s’ouvrait vers l’intérieur pour se frayer un passage; nettoyer les entrées de cours à la pelle, faire des chemins pour se diriger vers la grange et les animaux; se rendre à l’église de Grande-Digue et à la Caisse Populaire au deuxième étage de l’école à pied ou en carriole; s’éclairer à la lampe à l’huile durant les pannes d’électricité, faire nos devoirs d’école à la lueur de la lampe, se rendre à pied au bureau de poste pour ramasser le courrier et l’hebdo l’Évangéline et faire les épiceries. Tous des “plaisirs d’hiver” qui nous ont formé à se “prendre en main” dans les moments difficiles.»
Bernard Poirier Small
Bernard (à Arthur) Poirier
Dieppe