Chroniques

Vers le CMA 2024 en Nouvelle-Écosse


Jean-Marie Nadeau
jmlacadie1@gmail.com


Nous n’arrêtons pas de dire que le temps passe vite, avec raison. Il y a déjà trente ans que se tenait le premier Congrès mondial acadien 1994 ici même dans le sud-est du Nouveau-Brunswick. Cette première édition fût un grand succès, et a constitué un modèle pour les autres CMA qui ont suivi. Qui ne se souvient pas de l’arrivée à Cap-Pelé des parachutistes avec de grands drapeaux acadiens? Ou encore du spectacle du 15 août à Shédiac?

L'édition 2024 du CMA se tiendra cette année du 10 au 18 août dans les régions acadiennes de Clare et Argyle dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Comme on le dit en France, c’est un “must”.

Un peu comme nos Olympiques, les CMA reviennent en grande pompe tous les cinq ans. Les CMA sont une occasion privilégiée de rassembler la grande famille acadienne du monde afin de réitérer de façon ostentatoire notre envie profonde de continuer à exister et à nous épanouir.

Comme idéateur des CMA, il y a selon moi deux points qui ont été négligés par rapport au concept original dans les cinq premières éditions des CMA. Premièrement, sauf pour ce qui est de la première édition 1994, peu de temps a été réservé à la réflexion par rapport au festif. Le festif l’a toujours emporté sur le réflexif. Deuxièmement, j’aspire toujours à la création d’un Fonds mondial acadien de développement économique et culturel. En Nouvelle-Écosse, il n’y aura que deux jours d’États généraux sous la houlette de la Société nationale de l’Acadie (SNA).

Nous sommes de ceux et celles qui déplorons fortement le peu d’attention et d’intérêt que porte la communauté acadienne du Nouveau-Brunswick envers les autres communautés acadiennes de l’Atlantique. Et pourtant, au Nouveau-Brunswick, nous reprochons au peuple québécois d’avoir aussi peu de considération pour nous au Nouveau-Brunswick. Il serait peut-être temps cette année de mettre fin à ce cercle vicieux. Une bonne façon de le faire sera de nous rendre en grand nombre au CMA 2024.

Il est malheureux qu’il ne semble pas y avoir eu de véritables études scientifiques pour bien mesurer les retombées positives des CMA dans les régions où nos Congrès mondiaux se sont tenus. Nous devons donc y aller au pif. Partout où il y a eu un CMA, nous avons assisté à la parution exponentielle de drapeaux acadiens sur le fronton des maisons. C’est véritablement un signe de renforcement identitaire.

De plus, plusieurs comités organisateurs régionaux des CMA se sont naturellement transformés en Forums régionaux des maires. Ça s’est vu dans la Péninsule acadienne et dans le sud-est du Nouveau-Brunswick. Dans la foulée des CMA, nous avons été témoins de la consolidation et de l’expansion de certains festivals locaux.

Par ailleurs, la première édition 2004 d’un CMA en Nouvelle-Écosse a permis de faire voter une première loi sur les services en français en Nouvelle-Écosse. Il est à souhaiter que le CMA 2024 de cette année vienne renforcer l’application et l’étendue de cette loi.

Une autre raison majeure pour aller au CMA 2024 en Nouvelle-Écosse, c’est la proximité de Grand-Pré de la Baie-Sainte-Marie où se tient le CMA. Faire un pélerinage patriotique à Grand-Pré est, pour tout Acadien, un passage obligé. C’est en Nouvelle-Écosse que tout a commencé pour l’Acadie. Mais c’est là aussi que tout s’y est effondré. Cependant, c’était sans compter sur la résilience du peuple acadien qui aujourd’hui n’a jamais été aussi épanoui. Se retrouver à Grand-Pré, c’est faire le plein d’émotions d’appartenance au peuple acadien pour les années à venir.

Plusieurs d'entre-nous ont eu le bonheur et la chance d’assister à tous les CMA depuis 1994, dont celui de la Louisiane en 2000. Mais plusieurs autres personnes questionnent la pertinence de continuer à tenir des CMA. Au risque de les décevoir, nous croyons que les CMA font partie maintenant des gènes de l’Acadie, de ses nouvelles mœurs indélébiles. L’édition 2024 du CMA en Nouvelle-Écosse sera un bon cru: allons-y en grand nombre, même si ce n’est que pour exprimer notre solidarité et notre amitié avec nos frères et sœurs acadiens et acadiennes de là-bas. Allons-y pour exprimer notre admiration face à la vitalité de la communauté acadienne de la Nouvelle-Écosse.