Chroniques
Un long séjour à l’hôpital
Jean-Marie Nadeau
jmlacadie1@gmail.com
On apprécie plus souvent d’être en santé quand justement on est malade, Je viens de passer plus de douze jours dans les hôpitaux de Moncton (Dumont/Vitalité et Moncton City/Horizon). En prenant tout simplement ma douche un bon matin, j’ai brutalement chuté sur le rebord de la toilette. Vous dire le mal que font deux côtes cassées relève de l’impossible et de l’intolérable à raconter.
Que faire? Aller à l’urgence, patienter pendant six heures pour se faire dire qu’il n’y a rien à faire et prescrire un antidouleur qui ne fonctionne pas, Pire, on te fait passer un Rayon X qui dit que tu n’as que des contusions et non des fractures.
Tu endures ton mal extrême de plus en plus avec impatience et tes filles te voient dépérir à vue d’œil. Un souffle court commence à s’installer dans les poumons. Puis vient une douleur thoracique. Une semaine plus tard, une de mes filles a le réflexe d’appeler le 811, qui nous recommande sur le champ d’appeler une ambulance, Sage décision! Nous nous rendons au CHU-Dumont.
Le plus difficile avec le système de santé, c’est de pouvoir y rentrer dedans. Le moyen le plus facile peut-être par l’ambulance, mais ce n’est plus garanti. Il y aussi des heures d’attente. Nous avons tous le sentiment qu’il n’y a qu’un seul médecin à l’urgence à la fois quand il y a un fort achalandage de clients à l’urgence. On devrait ajouter d’autres professionnels de la santé et des médecins afin d’éliminer la liste d’attente. Ça se fait dans d’autres services publics, comme pour les impôts, les passeports et les permis de conduire. C’est inhumain de faire attendre des gens pendant une vingtaine d’heures.
Rendu à Dumont, avec de gentils ambulanciers anglophones à 60%, on s’empresse de me faire un deuxième Rayon X qui démontre clairement des côtes cassées, et pire encore, que du sang s’est accumulé grandement sur la cage pulmonaire, ce qui me couple le souffle exagérément. On me fait donc une opération majeure d’urgence. Mais deux jours plus tard, un scan deux révèle qu’il y a toujours de l’écoulement sanguin sur la cage pulmonaire. Il faut recourir à une autre méthode et elle se trouve au Moncton City Hospital. J’y suis depuis vendredi dernier.
Si je vous raconte tout cela, c’est pour vous exprimer, malgré tout, les bienfaits de notre système de santé vu de l’intérieur. Je vous surprendrai beaucoup en vous disant que le monde politique et le monde médical se ressemblent, en ce sens qu’ils sont tous les deux remplis de promesses, de mensonges et d’attentes. On nous promet la venue d’un spécialiste sous peu mais qui ne vient jamais. Les opérations sont toujours reportées. Les soins prodigués par les antidouleurs ne sont pas toujours probants. Mais le monde médical tient mieux ses promesses que le monde politique, car il guérit plus souvent et trouve des solutions.
Même si on est toujours mieux à la maison, on reste fasciné par la gentillesse et l’expertise des professionnels des soins de santé sur le plancher des hôpitaux. On a beau dire qu’il s’agit de leur vocation et leur passion, mais beaucoup en donnent plus que ce que le patient est en droit de recevoir. À Vitalité, on semble avoir réussi à recruter du personnel infirmier tant au niveau local qu’au Maghreb et en Afrique subsaharienne francophone. Et c’est réussi en français.
Du côté d’Horizon, le personnel étranger semble surtout provenir des Philippines et de l’Amérique latine, avec une exclusivité à parler à l’anglaise. Les infirmières sont aussi gentilles et affables. Pour bien se faire soigner tout en s’assimilant, faudra-t-il que ça passe par la gentillesse et la bonne attitude à l’anglaise?