Chroniques

Repenser le système pour protéger nos enfants et nos aînés


Jean-Marie Nadeau
jmlacadie1@gmail.com


Il semble que la façon dont une société est jugée, positivement ou négativement, dépend de sa capacité et de sa manière de traiter ses enfants et ses aînés, qui représentent les deux extrêmes de la condition humaine. Cette question est d'autant plus pertinente pour une société relativement riche comme la nôtre. Cependant, nous ne semblons pas réussir ce test.

Il est rare de voir un haut fonctionnaire tel que Kelly Lamrock, Défenseur des enfants, de la jeunesse et des aînés, exprimer avec autant de force les lacunes du système en ce qui concerne les enfants et les aînés. Il vient de déposer deux rapports-chocs sur l'état des lieux, ne mâchant pas ses mots.

J'ai eu l'occasion de croiser Kelly à plusieurs reprises au cours de ma vie. Nous étions tous deux membres de l'exécutif provincial du Nouveau Parti Démocratique à l'époque de la chefferie d’Élizabeth Weir. Ensuite, nous nous sommes retrouvés lorsque Kelly était ministre de l'Éducation sous le gouvernement Gallant et que j'occupais le poste de président de la SANB. À ce moment-là, son gouvernement avait annoncé des coupes dans le domaine de l'éducation. Kelly Lamrock s'est montré très empathique envers la population qui s'était opposée à ces mesures d'austérité, et le gouvernement a finalement fait marche arrière. C'est indéniablement un homme au grand cœur, doté d'une sensibilité socio-démocrate. Il est remarquable de le voir occuper un tel poste sous un gouvernement Higgs.

Il pointe du doigt avec perspicacité certains aspects problématiques du système. Il met en lumière une centralisation excessive, notamment dans le domaine de la santé, ainsi qu'un cloisonnement excessif entre les différents services. Ce cloisonnement se traduit par un manque de communication entre les différentes entités, ce qui peut entraîner des inefficacités et des lacunes dans la prestation des services. En ce qui concerne la décentralisation, il propose la création de structures régionales chargées de coordonner les services sociaux, ce qui permettrait de rapprocher les citoyens de la gouvernance des services. Une telle approche semble indéniablement bénéfique et mérite d'être encouragée.

Il est préoccupant de constater que de nombreuses personnes âgées se retrouvent à l'hôpital, alors que les foyers de soins disposent de places vacantes. Il est surprenant que M. Lamrock n'ait pas évoqué la possibilité de rapatrier la gestion des foyers de soins au ministère de la Santé, une demande formulée par de nombreuses personnes depuis de nombreuses années.

Il critique le système actuel de gouvernance des services sociaux pour son orientation excessive vers une approche comptable, alors qu'il devrait se concentrer sur les résultats de ses interventions. En d'autres termes, l'accent devrait être mis sur les bénéfices de nos actions plutôt que sur les coûts associés.

Lamrock met fortement l'accent sur le principe selon lequel les droits des enfants doivent prévaloir avant toute chose. Il souligne même une phrase importante selon laquelle "les droits des enfants ayant des besoins spéciaux ne doivent pas être utilisés à la table de négociations pour acheter la paix dans les relations de travail". Un enfant ayant des besoins spéciaux requiert une continuité de services, et l'ancienneté ne devrait pas être un facteur dans de tels cas. En tant que syndicaliste, je soutiens cette approche.

En réalité, Lamrock est d'avis que l'ensemble du système de prise en charge des besoins de l'enfance et des personnes âgées est obsolète depuis près de trente ans. Il reconnaît que les fonctionnaires impliqués sont très compétents, mais il constate que le mode de fonctionnement chaotique compromet leur efficacité.

Il est rare et inhabituel qu'un haut fonctionnaire tel que le Défenseur actuel des enfants et des aînés exprime avec autant de vigueur son indignation face à un système politique aussi chaotique dans ses responsabilités en matière de politiques sociales. Je doute que le gouvernement conservateur actuel soit réceptif à ses appels au bon sens et à l'empathie.

Il est encourageant de constater que Madame Holt du Parti libéral, ainsi que le chef Coon du Parti vert, semblent réagir de manière positive à ces deux rapports. Nous espérons vivement l'élection prochaine d'un nouveau gouvernement, de préférence une coalition libérale et verte. Cela nous permettrait d'envisager la création d'une société plus juste et équitable, axée sur le bien-être de l'enfance et de la vieillesse.