Chroniques
Pour une SANB plus forte
Jean-Marie Nadeau
jmlacadie1@gmail.com
Nous avons assisté à une première historique mardi 7 mai. En effet, il y a eu un premier débat public entre trois candidats à la présidence de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB). Qu’il y ait trois candidatures de qualité à ce poste est déjà un signe de vitalité de l’organisme.
De plus, ça faisait depuis 2011 que j’attendais la tenue d’une telle activité. J’y avais pondu à l’époque un document majeur sur l’avenir de l’Acadie. J’y souhaitais justement l’élection de la présidence de la SANB au suffrage universel, et aussi la tenue de débat entre les aspirants à ce poste, tant en présentiel qu’en vidéoconférence: mission accomplie! Vous pouvez voir ce débat sur le site de la SANB.
Les trois années de présidence de la SANB du jeune Alexandre Cédric Doucet, suivi de l’intérim de Nicole Arseneau-Sluyter, ont permis à la SANB de se remettre sur les rails et de se revitaliser. Nonobstant ce travail bien fait, je crois que la SANB doit se revigorer encore plus, se renforcer.
Des journées sombres pointent à l’horizon de l’Acadie du Nouveau-Brunswick. Les hypothèses réalistes de ravoir Higgs au provincial et Poilièvre au fédéral sont du domaine plausible. Voir un tel tandem diabolique Higgs-Poilièvre opérer un jour donne des frissons.
Nous aurons besoin dans les circonstances d’une SANB très vigilante et proactive. La SANB reste notre principal outil politique pour défendre à la fois nos acquis, et promouvoir nos intérêts. Pour ce faire, elle est accompagnée par la Société nationale de l’Acadie (SNA) sur le plan Atlantique, et la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) sur le plan fédéral.
C’est bien beau d’avoir deux nouvelles lois sur les langues officielles, tant sur le plan provincial (faible) que sur le plan fédéral (presque parfaite), mais ça ne vaut pas chère la tonne si on ne les applique pas. De même que si, comme citoyens en situation minoritaire, nous ne les utilisons pas.
Nous ne pouvons qu’être favorable aux propositions du candidat Desjardins quand il reprend à son compte la proposition, déjà soutenue par la SANB, de créer un Comité permanent sur les langues officielles à l’Assemblée législative. Nous avons la chance d’avoir deux Acadiens qui président le Comité parlementaire sur les langues officielles (René Arseneault) et le Comité sénatorial sur les langues officielles (René Cormier). Leur travail a été névralgique pour faire adopter la nouvelle loi fédérale sur les langues officielles, de même que la loi C-35 sur le financement des garderies. Il est malheureux que les deux députés-ministres fédéraux les plus influents, soient Dominique LeBlanc et Ginette Petitpas Taylor, aient été muets sur ces dossiers. Plus que jamais, nous aurons besoin d’eux dans les dossiers à venir, pour autant que le Parti libéral fédéral reste au pouvoir.
Il va de soi que notre plus grand défi, à moyen terme, est celui de l’immigration. Soit l’immigration va nous faire nous épanouir, soit elle va nous faire nous enfouir. La candidate Arseneau-Sluyter a parlé d’un taux d’immigration nécessaire de 50% francophone pour rétablir l’équilibre. Je crois qu’elle a raison. Mais, combien d’efforts ça prendra avant d’atteindre un tel objectif?
Mais à court terme, la plus grande menace est la possible dissolution de nos trois districts scolaires francophones parce qu’ils ne veulent pas se plier à l’ordre du ministre de l’Éducation Hogan d’appliquer la politique 713. Hogan, probablement le plus grand disciple de Higgs, carbure à la même adresse que Higgs, soit le totalitarisme. Cette menace est donc réelle. Mais le ministre Hogan commence à retraiter sur cette question, sachant trop bien que la constitution canadienne nous protège sur cette question. Il faut rester vigilant malgré tout. Plus que jamais, la SANB devra agir dans ce dossier de concert avec le secteur francophone en éducation.
La communauté acadienne du Nouveau-Brunswick n’est plus suffisamment mobilisée et alerte pour faire face aux grands enjeux qui nous assaillent. C’est ici que rentre en jeu l’indispensable rôle de la SANB. La SANB doit mobiliser et sensibiliser les troupes. Sinon, nous nous dirigeons directement vers notre perte. Nous ne pouvons plus nous contenter de réagir aux événements dictés par les gouvernements, Nous devons de façon urgente définir notre propre projet de société. Les états généraux qu’organise la SANB pour 2025 deviennent cruciaux dans le suivi pour ce faire. Encore une fois je suis alarmiste, mais c’est malheureusement la réalité à laquelle nous faisons face aujourd’hui… et la SANB est notre principal outil politique pour resserrer les rangs!