Chroniques
Notre ami le Québec
Jean-Marie Nadeau
jmlacadie1@gmail.com
Nous devons nous réjouir des derniers rapprochements entre l’Acadie et le Québec lors des discussions encourues pour définir la nouvelle Loi fédérale sur les langues officielles. Cette nouvelle loi expose explicitement l’asymétrie linguistique au Canada.
Il était temps que l’on arrête d’établir des équivalences entre les situations linguistiques du Québec anglophone et du Canada français. Pendant longtemps et encore aujourd’hui, le Canada français a toujours aspiré à un statut linguistique semblable au Québec anglophone. Nous sommes encore loin de la coupe aux lèvres!
Le Québec anglophone est en fait une fausse minorité linguistique. Son poids politique et démographique est démesurément implanté en Amérique du nord, y compris au Canada. Pendant trop longtemps, cette fausse minorité linguistique régnait en roi et maître sur tous les aspects économiques, sociaux et politiques de la province de Québec.
Personne ne peut nier que le mouvement d’autonomie économique et de souveraineté politique des dernières soixante années a permis au Québec francophone de trouver toute sa place qui lui était due, soit d’être maître chez lui, comme le clamait Jean Lesage.
Le gouvernement provincial du Québec se classait déjà comme une vingt-et-unième économie en comparaison des pays de l’OCDE quant à son produit intérieur brut par habitant en 2017, bien avant Israël, l’Espagne, la Nouvelle-Zélande et autres, même si ce n’est pas un pays. C’est tout en son honneur. Et le Québec est l’entité économique qui a le plus d’échanges commerciaux avec l’Atlantique à coups de milliards de dollars.
Ça fait des années que je plaide pour un renforcement du lobby francophone canadien et québécois aux États-Unis. Pour ce faire, il faudrait qu’il y ait une volonté politique de toutes les parties. Il n’est pas normal que le lobby francophone aux États-Unis soit presque inexistant quand on le compare aux lobbys italiens, juifs ou polonais. Pourtant, le français est la cinquième langue originale la plus parlée à la maison aux États-Unis.
Bien sûr, le Canada y a une ambassade et d’autres bureaux, comme le Québec y a aussi des bureaux. Mais, nous sentons qu’il n’y a pas beaucoup de correspondances entre ces instances pour renforcer ce lobby francophone.
L’Acadie a besoin d’un Québec francophone fort à ses côtés afin de mieux assurer son propre épanouissement linguistique. Mais il y a encore en Acadie trop de représentants de l’establishment acadien qui sont bêtement anti-québécois. Une telle attitude est un sous-produit de l'ère Trudeau père, anti-souverainiste québécois acharné. Il serait peut-être temps que ces négationnistes se raisonnent favorablement.
Il ne faut pas oublier qu’il y a plusieurs millions de Québécois d’origine acadienne. Dénigrer les Québécois, c’est comme dénigrer une partie de nous-mêmes.
Il faut reconnaître que le Québec s’est nettement affranchi de son indifférence face à l’Acadie ces dernières années. La meilleure façon d’illustrer cette nouvelle réalité, c’est de reconnaître comment le Québec accueille de plus en plus avec enthousiasme et empathie notre communauté artistique. Il en est de même du côté du hockey junior majeur des Maritimes.
“La gang arrive” comme le chante si bien 1755. Une flopée de Québécois et de Québécoises s’en viennent nous “ouère”. Plus que jamais, soyons accueillants et solidaires avec eux. Plus que des vaches à lait, ce sont avant tout des alliés linguistiques. Profitons-en pour leur souhaiter une bonne fête nationale du 24 juin. Le peuple québécois est avant tout un peuple ami!