Chroniques
Justin Trudeau doit partir
Jean-Marie Nadeau
jmlacadie1@gmail.com
Des signes avant-coureurs inquiétants pointent à l’horizon depuis plusieurs mois. Le Parti libéral fédéral de Justin Trudeau traîne systématiquement de la patte dans les sondages derrière le Parti conservateur du réactionnaire Pierre Poilièvre. Et cet écart se situe dans les 20%, ce qui n’est pas peu dire. Ça frise la catastrophe appréhendée. Le Canada ne peut pas se permettre un gouvernement conservateur de droite avec Poilièvre.
Il est par ailleurs démontré historiquement que très peu de gouvernements établis peuvent être reconduits au pouvoir pour un troisième mandat. Le Parti libéral, avec Justin Trudeau à sa tête, n’est définitivement pas en mesure d'accéder à un troisième mandat. Nous ne pouvons même plus miser sur une victoire par défaut du Parti libéral.
Justin Trudeau règne depuis 2015. Nous devons reconnaître brutalement que les citoyens sont tannés de sa personne. Il est un bon Premier ministre, à tout le moins dans la moyenne. La politique est un métier ingrat, et le jugement populaire est implacable : autant la population a pu l'aimer un jour en début de mandat, autant elle se met à le détester en fin de mandat.
Le Premier ministre Trudeau a largement contribué à sa propre descente aux enfers. Il a cumulé un certain nombre de mauvais gestes qui l’ont amené à se discréditer lui-même. La double nomination d’unilingues anglophones aux postes de Gouverneure générale du Canada et de Lieutenante-gouverneure du Nouveau-Brunswick en est une triste illustration. Pour ajouter à l’opprobre, il a même mis fin à une tradition bien ancrée d’avoir cinq sénateurs francophones et cinq sénateurs anglophones pour le Nouveau-Brunswick. Nous nous retrouvons aujourd’hui avec six sénateurs anglophones : quelle maladresse!
Là où l’étoile du Canada a le plus pâli sous Trudeau, c’est sur la scène internationale. Le Canada n’est plus l’ombre de lui-même sur ce plan. Ça ne se limite pas à l’incident loufoque de l’habillement indien en Inde. Les dossiers entre les deux pays se sont envenimés. Il en est de même avec la Chine. Pire, dans le dossier palestino-israélien, Trudeau a dérogé à l'envieux statut international du Canada comme faiseur de paix, en ne réclamant pas un cessez-le-feu immédiatement.
Mais là où le contentieux négatif blesse le plus, c’est dans le dossier environnemental et dans la lutte contre la désintégration climatique. Le Canada est un des pires élèves au monde pour ce qui est de respecter ses engagements internationaux en ce domaine.
Un autre des dossiers parmi les plus problématiques, c’est celui du logement. Nous sommes dans une crise aigüe. Avec beaucoup de retard, le gouvernement Trudeau vient de lancer un grand programme de logement. Il était temps, si ce n'est pas trop tard. Il reste à voir maintenant combien de ces nouveaux logements seront abordables. Ce programme a tout l'air d'être électoraliste, mais ça ne suffira pas pour renverser la vapeur.
Pour ajouter à cette problématique du logement, Trudeau augmente jusqu’à 500.000 nouveaux arrivants par année alors que l’on peut à peine loger la population actuelle. De plus, en limitant à 8% la part d’immigration francophone, alors qu’il en faudrait un minimum de 12%, la configuration linguistique de ce pays en sera totalement chamboulée au détriment du fait français!
C’est bien beau de demander le départ de Justin Trudeau, mais il faut nous assurer d’alternatives politiques viables. Premièrement, l’annonce de ce départ devrait se faire avant Noël, afin de permettre à la relève de se manifester… et de la relève, il y en a.
Nous serions tous et toutes honorés d’avoir un Dominic LeBlanc comme Premier ministre canadien d’origine acadienne. Ça fait partie du possible. Mais, nonobstant ce coup de cœur, je pense que la meilleure personne en ce moment pour succéder à Trudeau serait Michael Carney, grand économiste de moins de 60 ans, ancien Gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre. C’est un homme très intelligent avec le cœur à la bonne place. Comme autre alternative, il pourrait y avoir madame Freeland. Pour nous, et pour le Parti libéral fédéral, il faut que ce soit “anybody but Trudeau” afin de s’assurer qu’aux prochaines élections fédérales ce soit “anybody but Poilièvre”.