Chroniques

Heureusement qu’il y a des gouvernements minoritaires


Jean-Marie Nadeau
jmlacadie1@gmail.com


Le Nouveau Parti démocratique fédéral vient de mettre fin à son entente avec le Parti libéral de Trudeau qui assurait une certaine stabilité gouvernementale. Cette entente a duré au moins deux ans et demi jusqu’à maintenant. Ce fut un exploit.

Le Canada, comme les États-Unis, a un système politique qui a tendance à privilégier le bipartisme. Au Canada, c’est rouge ou bleu, et aux États-Unis, c’est bleu ou rouge. Le bipartisme a le désavantage de réduire la fourchette des opinions politiques au Parlement. En ce sens-là, nous ne pouvons pas vraiment dire que notre Colline parlementaire est représentative de la diversité de points de vue des Canadiennes et des Canadiens.

Et c’est là qu’entrent en jeu les tiers partis. Ils viennent combler le déficit démocratique généré par le bipartisme. Le gouvernement libéral au pouvoir a pu s’appuyer sur d’autres visées politiques, portées cette fois-ci par le Nouveau Parti démocratique. Cette situation a permis de faire qu’un gouvernement libéral a pu se comporter comme un gouvernement plus progressiste sur le plan social. Dans les faits, il a pleinement assumé la sociale démocratie. Ce gouvernement a en fait pu se comporter comme un gouvernement majoritaire social-démocrate.

Il est époustouflant de constater que, dans le cadre de cette coopération privilégiée, plus de quinze éléments sur vingt-quatre ont été réalisés jusqu’à maintenant. Contrairement à des gouvernements européens, cette entente n’a pas débouché sur la création d’un véritable gouvernement de cohabitation, dans lequel nous aurions retrouvé des députés néo-démocrates comme ministres. Cependant, si la tendance se maintient, il se pourrait qu’au Canada l’on assiste à ce genre de gouvernement, mais pas pour la prochaine élection.

Parmi les programmes votés par le gouvernement libéral sous les bienfaits de cette entente, mentionnons les programmes de soins dentaires, de création de fonds importants pour bâtir des logements entre autres abordables, de la création de services de garderies à 10 dollars par jour, d’une loi sur les anti-briseurs de grève sur le plan fédéral, de soutien financier majoré pour les Autochtones, de mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, et j’en passe. Le programme universel d’assurance médicaments pourrait être adopté cet automne. C’est tout de même un bilan législatif de la plus haute importance et pertinence. Ce qui me fait conclure que les gouvernements minoritaires sont bénéfiques et utiles.

Il serait étonnant que le Nouveau Parti Démocratique fasse tomber le gouvernement libéral avant la fin de son échéancier de l’automne 2025. Si le NPD met fin à son entente avec le Parti libéral de Trudeau maintenant, c’est que Trudeau et son parti sont devenus des petits amis gênants en voie de perdition. Les Néo-démocrates veulent éviter de couler politiquement avec les Libéraux.

Mais il y a un gros nuage conservateur à l’horizon. La venue de Poilièvre au pouvoir pourrait entraîner la destruction de certains de ces merveilleux programmes sociaux libéraux-néo-démocrates. C’est à ce niveau que le bât blesse et qu’il y a péril en la demeure. Que Trudeau s’en aille au plus sacrant, afin de sauver quelques meubles, mais il est probablement trop tard!

Si nous parlons du Nouveau-Brunswick maintenant, la présence de tiers partis au gouvernement est plus marginale et ténue. Actuellement, seul le Parti vert a des députés, soit trois. Il faudrait qu’ils se maintiennent comme élus, en souhaitant que deux ou trois autres viennent s’ajouter à eux. Comme hypothèses, nous pouvons penser à Simon Ouellette, Serge Brideau ou Jacques Giguère. Il serait fantastique que nous ayons un gouvernement libéral minoritaire, avec le Parti vert dans la balance. Quant au NPD provincial, il est mort.

Nous ne pouvons pas nous fier totalement au Parti libéral pour adopter seul plus de programmes sociaux, progressistes et linguistiques. Avec un Parti vert qui le pousserait sur sa gauche, nous pourrions respirer mieux.

Le Parlement canadien a donc fait ces dernières années la démonstration comme quoi les gouvernements minoritaires sont bénéfiques et productifs. Adoptons la même formule pour notre gouvernement provincial!