Chroniques
Fierté et militantisme acadiens
Jean-Marie Nadeau
jmlacadie1@gmail.com
Le 15 août arrive à grand pas. L’Acadie va encore une fois se lever debout afin d’exprimer fièrement son existence comme peuple à part entière. Cette journée de célébration et d’affirmation identitaire est essentielle pour nous abreuver de fierté nationale et pour nous nourrir d’une volonté indélébile de continuer à grandir comme peuple.
Beaucoup de forces négatives se pointent malheureusement à l’horizon, ce qui nous incitent plus que jamais à être vigilants et à être plus militants. Où sont nos Marguerite Michaud, Martin Légère, Blanche Bourgeois ou encore Gilbert Finn d'antan? Ils semblent que trop de nos dirigeants actuels se contentent du statu quo, ce statu quo qui nous tue à petit feu.
Pire, il semble que certains de ces dirigeants tentent subtilement d’effacer l’Acadie comme telle du décor. C’est comme si on en avait déjà fait assez, et qu’il faille arrêter de brasser la cage. Il est vrai que l’évolution de l’Acadie depuis 60 ans en a enrichi financièrement plus d’un, et a permis à plusieurs d’entre eux de monter dans l’échelle sociale de façon confortable. Mais l’épanouissement de l’Acadie ne peut se contenter du cumul de gains individuels pour accéder à sa pleine émancipation. Pourquoi faut-il que plus on devient riche, moins on reste patriote?
Les chiffres sont intraitables, ils ne mentent pas. La grande immigration nous fait tort. Les proportions anglophone-francophone ne sont pas respectées. Même si nous augmentons un peu en nombre, nous perdons beaucoup en termes de pourcentage. Nous sommes descendus autour de 30% de pourcentage, ce qui est une masse critique et alarmante.
Nous nous devons d’intégrer et d’acadianiser le plus possible au moins les nouveaux arrivants francophones qui s’établissent chez nous. Nous avons grandement réussi avec quelques-uns d’entre eux comme Kassim Doumbia, Phylomène Zangio, Olivier Hussein, Moncef Lacouas et même mon patron Damien Dauphin, et plein d’autres. C’est la voie à suivre!
Il faut plus que jamais retrouver du grand militantisme dans nos vies personnelles, et dans notre vie collective. Même nos organismes acadiens font montre de trop de complaisance face à nos gouvernements. Tous les secteurs sont affectés.
Personnellement, j’ai milité toute ma vie, et je compte le faire jusqu’à mon dernier souffle. Mais l’âge s’imposant, je dois ralentir un peu (j’aurai 76 ans le 15 août). J’ai démissionné de mon poste de co-porte-parole du Comité citoyen pour un nouveau nom pour deux raisons principales. Premièrement, comme chroniqueur au Moniteur acadien, je voulais retrouver ma pleine liberté d’expression, ce qui parfois était difficile à rendre compatible avec mon rôle de co-porte-parole. Cependant, je reste membre du Comité. D’une manière ou d’une autre, mon amie Lise Ouellette remplit très bien son rôle de porte-parole. Peut-être que le Comité nommera un autre co-porte-parole à l’automne. Par ailleurs, j’ai été malade dernièrement (côtes cassées, 12 jours d’hôpital), et le diabète Type 2 s’est installé. Ma santé m’oblige à faire des choix.
L’Acadie est belle, et nous sommes un beau peuple. Mais cette Acadie que nous aimons ne pourra se pérenniser et s’agrandir sans l’apport des Acadiens et Acadiennes comme tels, y compris les nouveaux immigrants qui s’y intègrent. Comme je le dis souvent, ça ne se fera pas seulement par une simple opération du Saint-Esprit. Ça exige du travail, du dévouement, de la vigilance, donc du militantisme de notre part.
Toutefois, il y a différentes formes de militantisme. En premier lieu, ça commence la maison: transmettre à ses enfants cette fierté nationale; écouter et visionner les médias en français, et s’abonner aux journaux acadiens; demander ses services en français; parler en français avant tout à la maison. À cela, on peut ajouter participer à au moins un organisme acadien, comme la SANB. Il est naturel et instinctif de fêter le 15 août, mais le plus important est d’assumer de façon ostentatoire son identité acadienne à tous les jours à l’année entière.
L’Acadie a été malmenée tout au long de son histoire, mais ”on est encore debout” comme le chante si bien Calixte Duguay. Restons debout et avançons! Bonne fête nationale à tout le monde!