Chroniques

Des élections perturbantes


Jean-Marie Nadeau
jmlacadie1@gmail.com


Il y a une vague de fond dans le monde qui fait que la droite et l’extrême-droite sont en train de s’installer politiquement avec entrain et sans réserve. C’est déjà fait en Italie, en Hongrie, aux Pays-Bas, en Autriche et ailleurs. Les planètes sont alignées à un point tel qu’il y a des élections dans l’air dans quatre pays importants, soient en France, en Grande-Bretagne, aux États-Unis et bientôt ici au Canada. Les résultats de ces élections auront un impact idéologique important sur la menée des affaires du monde à venir.

La France, ce pays par excellence de la liberté et de la démocratie, vient de flirter avec le camp politique d’extrême-droite avec le Rassemblement national. Heureusement, cette emprise du pouvoir ne s’est pas matérialisée. Toutefois, la droite a augmenté de 60% son nombre de sièges, et a obtenu le plus de votes. Finalement, c’est la gauche qui a obtenu le plus de sièges. Il y a eu un soupir de soulagement. La France a de fait élu un gouvernement un peu à la canadienne, mais plutôt à l’allemande. Macron ne choisira pas un nouveau gouvernement avant la fin des Jeux Olympiques, car choisir un nouveau gouvernement dans les circonstances actuelles, ça aussi c’est du sport!

Il est époustouflant de constater jusqu’à quel point le sauveur Macron est passé rapidement du statut de héros à zéro. Son arrivée spectaculaire au pouvoir en 2017, comme champion du centrisme, en unissant droite et gauche au sein de son parti, a été remarquable. Mais il a surtout gouverné à droite, ce qui a fait que son parti a baissé substantiellement cette fois-ci son nombre de sièges. Quelle dégringolade! Maintenant, il doit principalement cohabiter avec la gauche pour gouverner.

Aux États-Unis, le processus électoral prend de plus en plus l’allure d’un cirque, surtout depuis la contre-performance du président Biden lors du débat du 9 juin. Trop de politiciens ne savent pas quand partir. Joe Biden était de ceux-là. Par patriotisme et pour sauver la démocratie, il a su se retirer de la course à temps. Kamala Harris le remplacera (mon premier choix aurait été Michelle Obama). Elle saura peut-être sauver ce qui reste de démocratie aux États-Unis en battant Trump. Cependant, la tentative d’assassinat contre Trump va probablement jouer en sa faveur. En tant que Néo-Brunswickois et surtout Acadiens, nous ne pouvons pas nous permettre un trio Higgs-Poilièvre-Trump!

L’immigration est le thème qui anime le plus la fibre politique mondiale. Aucun pays ne semble avoir trouvé la recette pour traiter équitablement ce dossier. Nous faisons venir au Canada plein de monde nécessaire sans avoir au préalable préparé les conditions matérielles d’accueil et sans avoir éduqué la population à accueillir ces nouveaux arrivants. Les infrastructures scolaires sont inadéquates. Il y a un manque flagrant de logements. On n’a pas suffisamment précisé les règles pour reconnaître l’équivalence des diplômes. Ces situations génèrent de la xénophobie exécrable, et nourrissent justement ces réflexes de droite grandissants que l’on constate dans plusieurs pays.

Malgré tout, il y a un prix de consolation… la Grande-Bretagne. J’aime la Grande-Bretagne depuis toujours! Elle vient d’élire massivement un gouvernement de gauche avec le Parti travailliste. C’est comme si nous élisions un gouvernement néo-démocrate au Canada. Que j’aime ce pays qui laisse savoir à la face du monde qu’il n'y a pas seulement une seule façon de faire de la politique, soit celle de la droite. Eh oui, nous pouvons faire de la politique autrement, comme le démontre la Grande-Bretagne. C’est rafraichissant, et ça donne confiance en l’humanité!

Quant au Canada, nous sommes aussi dans un bourbier politique. La droite pointe à l’horizon avec Poilièvre. Nous avons aussi un Premier ministre et chef du Parti libéral qui ne sait pas quand partir. Justin, tu dois partir comme je te le demandais six mois passés dans une chronique antérieure. Et par ailleurs, de plus en plus de tes disciples te le demandent aussi, même ouvertement comme Wayne Long de Saint-Jean.

Le plus grand défi sera de trouver un remplaçant ou une remplaçante à Trudeau. Parce que ce sera un grand défi. Il faut que la machine pour le remplacer se mette en branle le plus rapidement possible. Freeland, Champagne, Carney, Dominic LeBlanc ont du talent de qualité pour ce faire!

Le monde est en mode de changements importants. Il y a toutes les raisons pour être inquiet. Mais il ne faut pas désespérer pour autant. La démocratie reste une valeur qui saura transcender les turbulences politiques passagères.