Actualités
Un premier débat démocratique des candidats à la présidence de la SANB
Un avocat, une comptable et un communicant. Au-delà de leurs parcours qui les différencie, les trois candidats à la présidence de la SANB ont chacun des atouts à faire valoir pour prendre les destinées de l’organisme pour les deux prochaines années. Ils ont débattu de leurs idées mardi 7 mai à Memramcook.
_______________________
Damien Dauphin
IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien
Jean-Marie Nadeau, qui fut par deux fois président de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB), a confié au Moniteur Acadien dont il est un chroniqueur régulier qu’il avait demandé l’organisation d’un tel exercice au début des années 2010. C’est enfin chose faite depuis huit jours. Tenu au Monument-Lefebvre à Memramcook, le débat entre les candidats a duré deux bonnes heures. Jules Chiasson, directeur général de la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse (FANE), en était le modérateur.
Comme pour un entretien d’embauche, Luc Desjardins, Nicole Arseneau-Sluyer et Éric Dow ont été invités à se présenter au public et à exposer leur motivation. Ils ont ensuite été interrogés sur leur connaissance de la SANB, l’actualité de la francophonie au Nouveau-Brunswick, leur vision en termes de relations publiques, et la gestion de la SANB avant de prononcer une conclusion.
Nicole Arseneau-Sluyter a pris la présidence par intérim de la SANB l’automne dernier suite à la démission d’Alexandre Cédric Doucet. Très appréciée par son équipe, elle souhaite poursuivre son travail et sollicite un mandat de plein exercice. Comptable de formation, elle a déclaré avoir trouvé un bilan financier déficitaire au moment d’entrer en fonctions. «Nous avons travaillé comme des malades pour éliminer ce déficit en date du 31 mars», a-t-elle fait valoir.
Loi 88 et Charte canadienne
«C’est le temps de se rassembler et de se serrer les coudes», a dit M. Desjardins en évoquant les nuages qui assombrissaient le ciel de l’Acadie du Nouveau-Brunswick depuis quelques temps. L’ancien président de l’Association francophone des municipalités de la province s’est défini comme «un enfant de la loi 88». Ce à quoi Éric Dow a répondu qu’il se voyait comme «un enfant de la Charte canadienne des droits et libertés».
Avec la fougue de sa jeunesse, celui qui fut directeur des communications de l’organisme pendant cinq ans entend «faire brasser et avancer des idées novatrices».
«Il faut qu’on soit constamment dans les médias. On ne peut pas se reposer sur nos lauriers. Il faut rester vigilant et voir la SANB dans sa capacité d’allumer des feux en étant plus proactive que réactive», professe-t-il. Éric Dow a présenté une plateforme en trois volets : défense de la langue française, gestion locale du territoire et relations avec les Premières Nations.
La faiblesse du poids démographique des francophones a retenu l’attention. Selon Luc Desdjardins, l’Acadie du Nouveau-Brunswick a atteint un point culminant en 1961 avec la «revanche des berceaux», mais elle ne cesse de reculer depuis. Dès lors, l’immigration devient «le nerf de la guerre», croit Eric Dow, mais les pourcentages ne respectent pas la proportion historique (le tiers de la population). «Il faut une dualité en immigration, nous avons besoin d’une cible de 50% de francophones pour ne plus reculer», estime Nicole Arseneau-Sluyter.
«Soyons fiers de notre langue, de nos accents et de notre culture. Accueillons de nouveaux arrivants. Faisons-les se sentir chez eux chez nous», proclame-t-elle en souhaitant que les générations futures puissent continuer à s’épanouir dans la langue de leurs ancêtres.
« La SANB a tous les mandats en même temps »
Bien qu’ayant a priori le cœur au centre-gauche, tous trois reconnaissent la nécessité d’entretenir de bonnes relations avec tout le monde, y compris des élus de sensibilité différente, afin de faire avancer les affaires qui importent à la communauté acadienne. M. Desjardins relève que l’actualité oblige l’organisme à «sauter dans des dossiers» et, pour en justifier le raisonnement, énonce que «la SANB n’a pas de mandat spécifique mais tous les mandats en même temps.»
«Si je peux laisser un legs de changements structurants, de choses qui vont durer dans le temps, ce serait par exemple un comité permanent sur les langues officielles à l’assemblée législative. Je pense aussi créer un mécanisme au sein de la SANB qui va suivre le gouvernement à la lettre pour s’assurer qu’il respecte la loi sur les langues officielles», a fait savoir l’homme de loi.
«Je n’ai pas toutes les réponses, mais je sais poser les bonnes questions et je pense que, dans bien des cas, c’est plus important que d’avoir les réponses», soutient Éric Dow qui a annoncé l’organisation d’une soirée interactive de questions-réponses avec le public. Il a invité Luc Desjardins et Nicole Arseneau-Sluyter à l’y retrouver.
L’événement aura lieu mardi 28 mai à 19h au Centre culturel Aberdeen et sera retransmis en ligne pour rejoindre ceux qui ne peuvent se déplacer ou habitent trop loin de Moncton.
C’est aujourd’hui le dernier jour pour devenir membre de la SANB afin de pouvoir exercer son droit de vote.