L’averse, qui avait commencé par une bruine pendant la parade des nations, n’a pas douché l’enthousiasme des participants au Festival multiculturel Mosaïq, tenu à Moncton en fin de semaine dernière.
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Damien Dauphin
IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien
En ce samedi gris, les couleurs vives des costumes traditionnels ont illuminé le bitume détrempé de la Rue Main. Le festival Mosaïq du Grand Moncton, rendez-vous annuel de la diversité culturelle, bat son plein.
Les parapluies étaient de rigueur pour participer aux célébrations. (Photo : Damien Dauphin)
C’est sous un arrêt d’autobus que Rocio Cheng attendait que débute la parade des nations. D’origine mexicaine, elle a également une ascendance asiatique par son père. À l’image de la candidate démocrate américaine Kamala Harris, elle réunit plusieurs cultures. Mme Cheng est semblable au Canada contemporain qui célèbre sa diversité en ce matin pluvieux. Elle est arrivée à Moncton il y a un an.
D’origine mexicaine, Rocio Cheng réunit en elle des origines hispaniques et asiatiques. (Photo : Damien Dauphin)
«C’est merveilleux de voir le mélange des différentes cultures», a dit la nouvelle arrivante qui compte applaudir plusieurs de ses amis qui vont défiler au sein de la délégation mexicaine. Lorsque le défilé a démarré, c’est la délégation ukrainienne qui a ouvert le bal. Dans les costumes typiques du pays que plusieurs d’entre elles ont fui à cause de la guerre, des petites filles ont virevolté en effectuant des pas de danse.
Les larmes du ciel, qui ont arrosé la ville tout au long de la journée, étaient des larmes de joie. En dépit du mauvais temps qu’accompagnait toutefois une température clémente, le public a répondu présent à ce rendez-vous annuel qui s’est poursuivi sur le Parc Riverain.
Lilianne Arsenault a participé aux célébrations avec émotion. «Ce festival me touche profondément, a-t-elle admis. Nous, les Acadiens, savons ce que c’est que de préserver notre culture en terre étrangère. Voir ces jeunes venir ici avec leurs traditions, c’est comme revoir un peu de notre propre histoire. Cela nous rappelle que la survie de notre identité passe par le partage et l’accueil.»
La pluie n’a pas douché l’enthousiasme des délégations, comme ici celle de la République dominicaine. (Photo : Damien Dauphin)
À la rencontre des autres traditions
Mélyssa Boudreau, conseillère générale de la Ville de Dieppe, représente sa municipalité au conseil d’administration du CAFi. Elle et tenait à aller à la rencontre des autre communautés culturelles du Grand Moncton. S’arrêtant au kiosque du Club de culture arabe, elle s’y est volontiers prêtée à un jeu de déguisement en revêtant un costume d’apparence berbère.
Mélyssa Boudreau, qui représente la Ville de Dieppe au conseil d’administration du CAFi, a revêtu un costume d’Afrique du nord au kiosque du Club de culture arabe. (Photo : Damien Dauphin)
«Je prends plaisir à découvrir les arts, la nourriture et les traditions de tous ces gens généreux qui offrent de leur temps pour nous partager une partie d’eux-mêmes et de leur histoire», a confié l’élue locale au Moniteur Acadien.
Originaire de Tanger, la ville la plus internationale du Maroc, Salim Gharroudi trouve que Moncton a des points communs avec sa ville natale. (Photo : Damien Dauphin)
Dans ce kiosque, nous avons également rencontré Salim Gharroudi, un expatrié Marocain arrivé dans la région il y a 10 mois. Des rives de l’Atlantique et de la Méditerranée jusqu’au croisement du Tigre et de l’Euphrate, on dénombre 22 nationalités différentes au Club de culture arabe dont il est membre.
«Chaque pays a sa propre richesse et ses traditions, a-t-il précisé. Ça donne une véritable mosaïque. Que ce soit au niveau de la langue ou des aspects vestimentaires, ou encore la musique, on travaille sur tout ce qui en relation de l’héritage arabe et de sa culture. Nous organisons des ateliers pour partager ce que nous avons de plus beau avec la communauté de Moncton.»
Boom démographique des nouveaux arrivants
Salim est originaire de Tanger, ville internationale qui borde la façade atlantique du royaume chérifien. «Tanger et Moncton partagent plusieurs points communs. Cette similarité entre villes maritimes m’a attiré ici», a-t-il révélé. Le jeune homme a loué le sens de l’accueil et la sympathie des gens d’ici. «Mosaïq est un festival dans lequel chacun vient pour partager sa culture avec amour et d’une manière paisible.»
La croissance démographique des immigrants provenant d’un peu partout est notable dans bien des kiosques. Membre de l’association libanaise, Charlotte Chelala a indiqué que celle-ci était en pleine croissance. Elle a connu un petit boom l’an dernier avec l’arrivée de plus d’une douzaine de familles, dont la sienne.
Lamia Chami, la présidente du Festival Mosaïq, a fait preuve de lyrisme en décrivant l’événement. «Imaginons l'humanité comme une grande mosaïque, où des pièces individuelles, pourtant distinctes, s'assemblent pour former un chef-d'œuvre à couper le souffle.»
Elle a déclaré que le Festival Mosaïq s'était transformé en une extraordinaire tapisserie de diversité, d'entrelacs de cultures et d'expériences qui forment la trame du paysage multiculturel du Nouveau-Brunswick.
«Ce festival transcende la simple célébration ; c'est un pont vivant qui nous relie, créant un sanctuaire d'acceptation et de compréhension. Il témoigne du pouvoir de l'unité et incarne notre force collective. Il nous rappelle que c'est en nous comprenant les uns les autres que nous devenons des alliés et des défenseurs qui font de notre communauté un foyer inclusif et accueillant pour tous.»
À la une : dans le kiosque du Bangladesh, de ravissantes bangladaises et leurs amies de pays limitrophes arborent des costumes traditionnels aux couleurs vibrantes et chatoyantes comme leurs sourires.