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La belle collaboration des sociétés historiques de Beausoleil


Dimanche dernier, au musée des pionniers, la traditionnelle fête communautaire de Grande-Digue a souligné la bonne entente de deux sociétés historiques locales. L’hôtesse des cérémonies a restitué à son homologue de Cocagne un morceau de sa propre histoire dont elle avait la garde depuis quinze ans.

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Damien Dauphin
IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien


Au début des années 1970, les autorités de Cocagne ont condamné l’église Saint-Pierre à périr sous le pic des démolisseurs. Cette décision a-t-elle été prise dans la foulée de la révolution liturgique découlant du Concile Vatican II et de la promulgation, en 1969, du novus ordo missae par le pape Paul VI pour faire place à l’édifice moderne que nous connaissons? Quoi qu’il en fût, un couple de catholiques pratiquants, Georges et Agnès LaBelle, l’ont vécue comme un drame personnel. Ils n’étaient pas les seuls à le ressentir de cette manière.

«Ce fut déchirant dans la communauté, cela a même divisé des familles, a rappelé Edmond Bourgeois. Georges et Agnès faisaient partie du groupe qui voulait absolument sauver l’église. Au moment de la démolition, ils ont récupéré beaucoup d’objets. Celui-ci était le plus important», dit-il en désignant une pierre datée de la fin des années 1880.

Il s’agit de la pierre angulaire de la vieille église Saint-Pierre. Située, comme son nom l’indique, à l’angle de deux murs d’un bâtiment, cette pierre est essentielle à la solidité de l’édifice. La métaphore désignant une personne comme pierre angulaire se trouve dans la Bible, Jésus étant considéré comme élément fondamental de la fondation de l’Église chrétienne. Le 22 novembre 2009, le couple, qui l’avait conservée pendant 37 ans, l’a finalement confiée à la garde de la Société historique de Grande-Digue.

Remisé dans la grange parmi tant d’autres, l’objet pouvait sembler insignifiant de prime abord. La pierre fut enregistrée sous le numéro 2021.350 et répertoriée dans le catalogue de la banque de données CollectiveAccess. Le Village des Pionniers de Grande-Digue compte environ 4000 artefacts, dont certains viennent d’ailleurs.

«Nous n’avons jamais caché aux gens de Cocagne que nous acceptions de garder, pour les sauver, des objets qui nous viennent d’autres communautés», a-t-il mentionné.

Or, la pierre angulaire de l’ancienne église Saint-Pierre de Cocagne va rentrer à la maison. La Société historique de Grande-Digue l’a redonnée à la Société historique de Cocagne dimanche après-midi.

La pierre ayant quelque peu souffert au moment de la démolition, elle en porte encore les stigmates à travers l’adjonction d’un peu de ciment par endroits. Qu’importe, l’engravure de 1888 n’a pas été touchée.

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Arthur Gauvin et Donald Hébert signent l’acte de transfert de la pierre angulaire de l’ancienne église Saint-Pierre de Cocagne. (Photo : Damien Dauphin)

Donald Hébert, président de la Société historique de Cocagne, a salué le geste désintéressé des gens de Grande-Digue. «Vous nous prouvez une fois de plus que vous êtes nos amis», a-t-il dit aux personnes présentes en prenant possession du «morceau d’histoire» de sa propre paroisse. «Nous sommes tous quasiment comme une famille. On se ressemble, on parle pareil. Je vous dis un grand merci.»

L’avenir de la pierre angulaire est actuellement à l’étude et plusieurs hypothèses ont été évoquées. L’une d’elles concernerait un sentier près du monument de la croix de la deuxième église de Cocagne, mais rien n’a été déterminé pour le moment.

«Nos sociétés cheminent dans deux quartiers différents de Beausoleil, a dit Arthur Gauvin, qui préside celle de Grande-Digue. C’est une première activité conjointe qui nous rassemble aujourd’hui, et ce ne sera pas la dernière.» Le passionné d’histoire envisage déjà de réunir les sociétés historiques du sud-est, de discuter de leur raison d’être et de la meilleure façon d’évoluer ensemble.