C’est à Miramichi que l’éclipse totale du 8 avril a duré le plus longtemps, mais malgré quelques secondes de moins au compteur, le spectacle en valait la peine ailleurs. Des gens sont venus parfois de très loin pour l’admirer à Grand-Bouctouche.
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Damien Dauphin
IJL – Réseau.Presse – Le Moniteur Acadien
C’était comme un après-midi de congé par une belle journée d’été. Avec un public nombreux sur des chaises pliantes, on se serait cru un 1er juillet pour la fête du Canada. Cette fois la foule n’attendait pas un feu d’artifices, mais une éclipse solaire!
(Anastasia Volik et Eric Soderberg sont venus de Moncton avec leurs fils pour mieux profiter du spectacle. Photo : Damien Dauphin)
Sur le stationnement de l’hôtel de ville de Grand-Bouctouche, la municipalité prenait soin des yeux de ses citoyens et des visiteurs venus d’ailleurs. Des lunettes spéciales commémoratives, commandées par l’Université de Moncton et répondant rigoureusement à la norme ISO 12312-2, étaient distribuées gratuitement.
(Environ 300 personnes se sont rassemblées au Notre Centre à Grande-Digue où les Chevaliers de Colomb et l’Université de Moncton ont organisé une activité communautaire. Photo : Courtoisie Mathieu G. Caissie)
Dans la salle Guy-Richard du Centre J.K-Irving, une présentation a précédemment l’événement. Professeur au département de Physique et d’Astronomie de l’U de M, Viktor Khalak a expliqué au public de quelle façon se produit une éclipse solaire.
Des phases de la lune à son influence sur les marées, en passant par les rotations astrales, l’universitaire a résumé en 15 minutes l’équivalent d’un cours magistral.
Dans le ciel de Bouctouche, l’éclipse a débuté très exactement à 15h26 et 13 secondes et s’est achevée à 17h42 et 56 secondes. Il est difficile d’être plus précis.
(Ce n’était pas la nuit noire durant l’éclipse totale, mais plutôt une nuit de cinéma avec un coucher de soleil à 360 degrés. Photo : Damien Dauphin)
De la Dune de Bouctouche à la Place Châtellerault, nombreux sont ceux et celles qui attendaient l’événement avec fébrilité. Parmi eux, se trouvaient des astronomes amateurs.
D’aussi loin que remonte sa mémoire, Daniel Richard et passionné d’astronomie. Avec son épouse Sophie, le natif de Haute-Aboujagane, qui demeure actuellement à Halifax, est venu exprès de Nouvelle-Écosse pour ne rien manquer. Le couple est venu avec deux télescopes. Un pour chacun.
«J’ai mis un filtre solaire. Il y a de quoi qui bloque les rayons ultra-violets et les rayons infrarouges sur le miroir et la lentille. Celui-là, je l’ai fait moi-même», dit Daniel en montrant le carré collé à l’objectif tourné vers le ciel.
(Astronomes amateurs, Sophie et Daniel Richard ont observé et photographié l’éclipse avec leurs télescopes. Photo : Damien Dauphin)
Sylvie a pris une photo de l’éclipse totale pour le lectorat du Moniteur Acadien.
(Un spectacle à couper le souffle qui n’a duré que le temps d’une chanson. Courtoisie Sophie Richard)
À quelques dizaines de mètres de là, un couple est venu exprès de Moncton avec ses enfants pour mieux profiter de l’éclipse qui, chez eux, était hors de la zone de totalité.
Eric Soderberg a eu l’idée de fixer des lunettes spéciales à un carton afin de créer pour son plus jeune fils ce qui s’apparente à un casque de soudeur.
«Il trouvait que c’était un peu dangereux que Ben regarde avec les lunettes donc il a cherché à les stabiliser pour qu’elles tiennent bien. Il ne voulait pas prendre de risques», explique sa conjointe Anastasia Volik.
Celle-ci n’en est pas à sa première éclipse : elle a regardé celle du 21 août 2017 qui n’était que partielle au Canada.
(Le professeur Viktor Khalak a expliqué le phénomène des éclipses avant qu’elle ne débute. Photo : Damien Dauphin)
Dans le ciel de Grand-Bouctouche, l’éclipse fut totale de 16h35 et 27 secondes à 16h38 et 3 secondes. Ce fut, pour un peu plus de deux minutes, l’équivalent d’une nuit de cinéma car l’obscurité n’était pas totale. Sur les lignes d’horizon, à 360 degrés, on pouvait voir comme les derniers rayons d’un crépuscule estival.
Néanmoins, sous l’effet de ces ténèbres relatifs, les oiseaux se sont tus. Dès le retour de la lumière, ils ont fait retentir un chant semblable à celui qu’ils produisent quand vient l’aurore au petit matin.
La prochaine éclipse solaire visible au Canada atlantique se produire en 2079. Mais viendra un jour où il ne s’en produira plus. Des scientifiques ont calculé que la dernière éclipse solaire visible à Montréal durera une toute petite seconde et qu’elle se produira dans un futur très, très lointain… le 13 juin de l’an 6 302 492!